Pendant la Guerre mondiale de 1914–1918, un homme d'État britannique, inaugurant l'Office national de ravitaillement, dit que dans ce domaine, un seul organisateur eût été capable de satisfaire tout le monde: l'homme qui avec cinq pains et deux petits poissons, avait nourri cinq mille personnes, en laissant un surplus considérable. A une époque où dans toutes les régions l'approvisionnement, la répartition des vivres et des produits industriels préoccupent les administrateurs, il est intéressant et profitable d'étudier non pas les procédés humains, mais les méthodes de Jésus, si différentes de celles qu'adopte généralement le monde.
Connaissant la loi spirituelle des ressources et de la demande, Jésus, le grand Modèle, faisait face à toutes les situations. S'il s'agissait d'acquitter l'impôt, de nourrir la foule, il pouvait fournir les choses nécessaires. Aux malades, il rendait la santé; il rappelait à la vie des personnes qu'on disait mortes. Il offrait au pécheur la voie de la rédemption; il savait où trouver une chambre pour célébrer la Pâque, et ses réponses étaient si sages qu'elles réduisaient au silence les critiques ou les adversaires.
Comprendre que l'abondance est vraiment une réalité toujours présente, c'est la voir se manifester toutes les fois qu'on en a besoin, et dans les domaines les plus divers. Ainsi l'essence de la loi divine est accessible aux hommes. A mesure que l'on comprendra davantage l'intégralité spirituelle et la maîtrise positive, constante, sur toutes les formes du manque, on cessera soit de thésauriser, soit d'attacher aux possessions matérielles une importance exagérée.
Avant de nourrir une foule nombreuse, Jésus, pour voir jusqu'à quel point les disciples avaient compris ses enseignements, dit à Philippe: « Où achèterons-nous des pains, afin que ces gens aient à manger? » Sa réponse et celle d'André son frère, qui mentionna « cinq pains d'orge et deux poissons, » montraient la pauvreté de leur compréhension. Plein de patience, le Maître prit la chose en main et rendit possible une solution qui satisfit entièrement toutes les personnes en cause.
Sur ce sujet, Mary Baker Eddy s'exprime de la manière suivante, dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (pp. 89, 90): « S'il faut de la graine pour produire le blé, et du blé pour produire la farine, ou si un animal peut en engendrer un autre, comment donc pourrons-nous expliquer leur origine première? Comment les pains et les poissons furent-ils multipliés sur les rives de la mer de Galilée, — et cela, sans farine ni monade d'où pouvaient venir le pain ou le poisson? » Elle-même a donné la réponse à cette question lorsqu'elle a déclaré (ibid., p. 206): « Dans la relation scientifique de Dieu à l'homme, nous trouvons que tout ce qui bénit l'un bénit tous, ainsi que Jésus le montra avec les pains et les poissons, — l'Esprit, non la matière, étant la source de toute subsistance. »
Jésus, qui voulait transformer en abondance les limitations, se fit d'abord apporter le peu de vivres dont disposait un des assistants. Puis, grâce à sa conscience intime, riche, infinie du royaume céleste, qu'il démontra progressivement à tous les stades de sa carrière, il donna des aliments et des bénédictions spirituelles à la foule qui l'avait suivi dans un lieu désert et qui, même aux approches de la nuit, ne voulait pas s'en aller.
Voyant la tendre sollicitude du grand Maître pour ceux qui s'attachaient à lui, plusieurs sans doute discernèrent quelque peu le divin Principe qui guidait infailliblement les actes de Jésus; dans ce cas, ils trouvèrent un trésor surpassant de beaucoup l'assurance que Dieu avait pourvu à leurs besoins immédiats.
Qu'est-ce qui donnait à Jésus cette incomparable maîtrise sur les difficultés humaines? Qu'est-ce qui lui permettait toujours de substituer aux croyances discordantes et limitées la grâce de l'abondance et de l'harmonie spirituelles? Comment apprendrons-nous à suivre son exemple pour venir en aide à l'humanité dont la détresse est si grande?
Dans son message du 10 juin 1906, jour où fut inaugurée l'Annexe de L'Église Mère, Mrs. Eddy écrivait: « Entièrement séparée de ce songe mortel, de cette illusion et déception des sens, la Science Chrétienne vient révéler l'homme en tant qu'image de Dieu, Son idée, qui coexiste avec Lui — Dieu donnant tout, et l'homme ayant tout ce que Dieu donne » (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 5). Nous trouvons là le vrai statut de l'homme, le rapport l'unissant à la totalité qui exprime Dieu; ainsi son origine et sa filialité divines deviennent des réalités démontrables, et il est pourvu à tous les besoins.
L'auteur du présent article se rappelle deux cas où, pendant la Guerre mondiale, sa conscience fut éclairée par une réalisation du rapport scientifique unissant l'homme à Dieu. Elle vit que l'idée divine peut être reflétée à la fois individuellement et d'une manière infinie; que tous peuvent y avoir part sans restriction, sans perte ni division, car dans le royaume des idées spirituelles, il n'existe pas de croyance aux possessions personnelles — donc rien qui ressemble aux limites, aux murs, aux barrières, aux verrous, aux monopoles. Dans l'un et l'autre cas, les ressources se présentèrent d'une façon imprévue mais instantanée. La première fois, il s'agissait d'une chose nécessaire à l'harmonie et au bon fonctionnement d'une œuvre de guerre Scientiste Chrétienne; la seconde fois, c'étaient des fonds pour une personne qui se trouvait temporairement dans la gêne. La croyance au manque fut bannie lorsqu'on reconnut que « l'Esprit, non la matière, » est « la source de toute subsistance. »
La solitude, le désert, le danger, la jalousie des croyances orthodoxes ou ritualistes, la haine — aucune de ces choses ne peut nous séparer de la maîtrise spirituelle annoncée dans l'Ancien Testament et prouvée progressivement par Jésus au cours de son incomparable ministère, dont la durée fut de trois ans. Cette connaissance, que Mrs. Eddy perçut, mit en pratique, puis révéla dans ses ouvrages, nous est maintenant accessible. Elle répond aux besoins de l'humanité, elle peut subvenir à tout. En se l'assimilant, on trouve et démontre ce que Mrs. Eddy nomme « la relation scientifique de Dieu à l'homme, » dont l'inévitable corollaire est le rapport scientifique unissant les hommes. Ainsi l'on hâte le jour où se dissiperont les conflits individuels ou nationaux. Les luttes seront remplacées par la compréhension de l'abondance spirituelle, par la joie et la certitude croissante que les bénédictions ne sont nullement personnelles, limitées; qu'elles ne dépendent pas des conditions, du milieu, des circonstances, mais qu'elles indiquent ce fait: l'homme est éternellement conscient de la présence divine.