Un auteur habitant l'Afrique tropicale a décrit la beauté remarquable des nuits. Dans ces régions, c'est de nuit qu'on voyage, à la lumière de la lune ou des étoiles étincelantes; on se familiarise donc avec les constellations, leur place au firmament, et la magnificence du paysage nocturne. La splendeur des nuits africaines est un spectacle inoubliable. En Palestine, les conditions ne sont pas très différentes; les voyageurs connaissent le cours des astres, auxquels la Bible fait souvent allusion. Pour les habitants des tropiques, le symbole de l'étoile conductrice est tout naturel; ils savent par expérience que les constellations peuvent leur servir de guides.
Marchant vers le ciel, nous sommes comparables à des voyageurs qui pendant la nuit scrutent la voûte céleste pour y trouver l'étoile conductrice, celle qui les guidera jusqu'à leur destination. Ceci nous fait penser aux mages, suivant jusqu'à Bethléhem l'étoile qu'ils avaient vue en Orient.
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy fait cette déclaration qui peut-être nous surprend au premier abord (pp. 238, 239): « La croix est l'emblème central de l'histoire. C'est l'étoile polaire dans la démonstration de la guérison chrétienne — démonstration par laquelle le péché et la maladie sont détruits. »
Qu'est-ce que cette croix qui doit être notre « étoile polaire » dans le voyage conduisant des sens à l'Ame? Mrs. Eddy déclare (ibid., p. 50): « La vraie croix, que portait Jésus en gravissant la colline de la douleur, était la haine du monde contre la Vérité et l'Amour. » D'aucuns se demanderont comment « la haine du monde » peut être notre étoile polaire. N'avons-nous pas pris l'engagement de ne suivre que l'Amour? La réponse, c'est que la croix marque l'apogée de la grande démonstration accomplie par Jésus, qui prouva le pouvoir de l'Amour sur la haine.
La plupart d'entre nous ont entrepris l'étude de la Science Chrétienne parce qu'ils étaient soit malades, soit pécheurs ou malheureux — peut-être les trois à la fois. Les uns sont malheureux pour des raisons personnelles, d'autres sont oppressés par les peines dont souffre le monde. Mais quel que soit notre fardeau, la Science Chrétienne nous offre la certitude de la délivrance. Ils le savent bien ceux qui étudient la Science Chrétienne et la mettent en pratique, car ils en ont recueilli les bénédictions. Tels ont été guéris de maladies prétendues incurables, ils ont échappé à ce qui semblait une mort imminente; d'autres ont été sauvés du péché, et beaucoup ont senti leur chagrin s'apaiser, l'impression d'une perte cruelle s'étant dissipée.
Au début, tout à la joie de la guérison, nous avons cru peut-être que le but était atteint, qu'il ne restait plus grand-chose à souhaiter. Les fardeaux étaient tombés, semblait-il, presque sans effort de notre part: nous avions entrevu « un ciel nouveau et une terre nouvelle, » vision glorieuse que la Science Chrétienne apporte à la pensée qui s'éveille. Mais au cours des années se présentent de nouveaux devoirs, des responsabilités accrues; l'étude de la Science Chrétienne montre de plus en plus la nécessité de ressembler au Christ, et notre point de vue se modifie quelque peu.
Jean nous dit: « La Parole a été faite chair; elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire telle que celle du Fils unique venu d'auprès du Père. » Bien que ce passage se rapporte sans nul doute au Christ Jésus, l'incarnation de « la Parole » est également applicable à chacun de nous. D'une manière individuelle, nous devons tous rendre témoignage, dans notre penser et notre corps, à « la Parole... faite chair, » car la pensée gouverne le corps. Lorsque le traitement de la Science Chrétienne guérit ceux qu'accablait la maladie, que tourmentaient les conséquences du péché, qu'affaiblissait la souffrance, ce résultat montre que, selon les paroles de notre Leader, ils commencent à « devenir adultes dans le domaine du christianisme » (Miscellaneous Writings, p. 16); il vient donc un jour où ces disciples ne se contentent plus de dire, comme au début, que « cette proportion de ciel sur la terre leur suffit. » Notre voyage semble commencer dans le temps, mais il aboutit à l'éternité, et nous avons pour nous conduire l'étoile de la démonstration qui brille au firmament.
N'est-ce pas un bonheur de comprendre que la croix redoutée ne peut réellement nous nuire mais qu'elle nous guidera jusqu'à la guérison finale, jusqu'à la victoire sur toutes les prétentions de la chair? En effet, la seule chose qui puisse jamais être sacrifiée ou détruite, c'est la croyance au mal, à la matière. Il est impossible d'anéantir la moindre parcelle du bien. L'une après l'autre, les prétentions de l'erreur seront prouvées irréelles; à mesure que nous accomplissons cette œuvre, les souffrances mentales prennent fin et nous comprenons davantage le pouvoir de Dieu, du bien omniprésent. Le Maître disait: « Heureux serez-vous quand on vous outragera, quand on vous persécutera et que l'on dira faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi. Réjouissez-vous et tressaillez de joie, parce que votre récompense sera grande dans les cieux. » Réjouissons-nous de ce que, par le Christ, la Vérité, nous pouvons prouver que la persécution, la haine, la cruauté ne sont point réelles; qu'elle n'existent pas et ne sauraient nuire à l'homme parfait, créé par Dieu.
Nous identifier avec ce que nous savons être le droit ne devrait pas nous faire souffrir: dans ces moments-là, elle est particulièrement brillante l'étoile qui nous guide jusqu'au sacrifice de toute matérialité. Nos regards s'élèvent vers le firmament — la compréhension spirituelle que nous avons démontrée; et malgré les ténèbres apparentes du matérialisme, nous voyons bien haut dans les cieux l'étoile qui prédit la résurrection. Cette même lumière guidait Jésus lorsque, portant sa lourde croix, il gravissait lentement la colline proche de Jérusalem. Il est probable que ses regards se portèrent maintes fois vers le ciel. L'aube de la démonstration l'attendait, mais peut-être par instants semblait-elle éloignée. Mrs. Eddy déclare (Science et Santé, p. 50): « Le fardeau de cette heure était terrible au-delà de toute conception humaine. La méfiance des entendements mortels, qui ne croyaient pas au but de sa mission, lui causait des souffrances mille fois plus aiguës que les épines qui lui perçaient la chair. » De toutes ces choses, il triompha glorieusement et d'une manière définitive. Jusqu'à ce que son œuvre fût accomplie, la tombe devint pour Jésus un paisible sanctuaire; et sa résurrection força la porte du sépulcre non seulement pour lui mais, comme exemple, pour le monde entier.
Ceci doit s'appliquer à nous. Sans doute, ni nos épreuves ni notre gloire ne peuvent se comparer aux siennes. Nous sommes encore loin de sa grande victoire. Mais un jour ou l'autre nous suivrons le sentier de la résurrection, et nous partagerons l'indicible joie du Maître. En attendant, nous pouvons faire face aux afflictions relativement légères qui sont notre lot, et en comprendre toujours davantage le néant. Car la leçon primordiale que Jésus enseigna, la leçon que la Science Chrétienne inculque et répète, c'est que le mal est sans pouvoir, que la haine n'existe pas. L'Amour est suprême.
A l'instar du Maître, notre Leader prouva ces faits par la guérison des malades et des pécheurs; et nous devons nous aussi en donner la preuve. Si minime qu'elle soit, chaque démonstration du bien fait prévoir les démonstrations plus grandes que nous serons tous appelés à faire. La destruction du mal dans un cas particulier montre que loin d'être invincible, le mal en réalité n'existe pas. Quand nous prenons notre croix, quand nous levons les yeux vers notre étoile conductrice, nous commençons à prouver que « la haine du monde contre la Vérité et l'Amour » peut seulement hâter nos progrès vers la lumière, vers l'aube de la résurrection.
Aujourd'hui le monde reconnaît, à bien des signes, que les puissances du mal sont déchaînées. Que ferons-nous devant cette situation alarmante? La Science Chrétienne ne nous indique-t-elle pas le chemin, ne nous instruitelle pas à prendre notre croix pour suivre le Christ? Ce faisant, nous chassons de notre conscience les pensées de convoitise, de haine, de vengeance, de jalousie, de confiance dans la matérialité, qui sont les principaux facteurs de guerre; nous y substituons les qualités spirituelles qui sont la douceur, l'amour universel, la véracité, le courage. Nous faisons plus encore: nous comptons sur ces qualités, dont Dieu est la source, pour vaincre les manifestations du mal et les détruire entièrement dans notre conscience. Nous identifions ces qualités évangéliques avec le pouvoir de Dieu, et nous en démontrons l'empire sur les arrogantes prétentions du mal.
Qui d'entre nous est prêt à faire cela? Nous ne saurions rester oisifs et voir vendre pour un plat de lentilles notre apanage de liberté, de biens véritables. Nous ne voulons pas échanger contre trente pièces d'argent notre compréhension du Christ. Il nous faut faire un bon choix, puis y rester fidèles. Alors, chaque fois que nous gravirons la montagne du danger ou des difficultés, nous verrons briller au ciel l'étoile qui nous conduit. La croix ne sera plus un accablant fardeau; elle deviendra légère, facile à porter. « Mon joug est doux, et mon fardeau léger, » disait le Christ Jésus, qui connaissait le chemin et le suivait avec un courage toujours égal.
Voilà le chemin de la Science Chrétienne, celui du Christ. Pour la chair, ce n'est pas un sentier facile; mais tout acte d'abnégation nous apporte sa récompense et nous donne une vision plus nette. Enfin viendra le grand jour où nous verrons clairement ce que représentaient notre mission, notre travail; et nous contemplerons dans toute sa beauté l'aurore de la résurrection.
 
    
