Heureux l'homme qui s'en tient à la vision spirituelle lorsque apparaissent les sombres nuages du malheur! Paul écrit: « A l'avénement de la perfection, ce qui est imparfait disparaîtra... Maintenant, nous voyons comme dans un miroir, confusément; alors, nous verrons face à face. »
Plus que toute autre chose, il importe de voir la vérité, même si nous n'y parvenons que confusément au début. Celui qui voit la vérité, qui la discerne, qui prend conscience — fût-ce dans une faible mesure — de la réalité spirituelle, recueille des bénédictions indicibles. S'il s'attache à cette vision, sa vue spirituelle se développera jusqu'à ce qu'il parvienne à la réalisation de la vérité.
Nous savons par la Bible qu'autrefois Noé bâtit une arche où sa famille et lui-même trouvèrent un refuge contre les dangers extérieurs. Aujourd'hui, il faut, par des moyens provisoires, assurer aux humains une protection suffisante pendant qu'ils acquièrent une meilleure compréhension de la Vérité et de l'Amour, qui tôt ou tard unira tous les hommes dans une harmonieuse fraternité. Le Scientiste Chrétien appuie les mesures prévues pour la sécurité des humains; toutefois il apprend à bâtir une arche non pas avec des fonds matériels ou à l'aide d'inventions humaines, mais avec les vérités spirituelles qui prennent possession de sa conscience dont elles excluent la crainte et l'incertitude; car la réalité divine est entièrement, éternellement exempte de croyances telles que la haine, la malice, la convoitise, la vengeance, l'envie. Grâce aux enseignements de la Science Chrétienne, nous parvenons graduellement à cette vraie conscience, et notre penser cesse d'entretenir les erreurs; non seulement nous ne nous abandonnons plus à d'anciens défauts, mais quand ils apparaissent chez notre prochain, la croyance à leur réalité s'oblitère; il ne reste donc dans notre conscience que les faits de l'être réel, que Mrs. Eddy expose dans le livre de texte Scientiste Chrétien, Science et Santé avec la Clef des Écritures, où elle dit (p. 468): « Tout est Entendement infini et sa manifestation infinie, car Dieu est Tout-en-tout. »
Dans le Glossaire de Science et Santé, Mrs. Eddy, définissant le terme « arche, » écrit notamment (p. 581): « La Science montrant que les réalités spirituelles de toutes choses sont créées par Lui et qu'elles existent à jamais. L'arche signifie la tentation surmontée et suivie d'exaltation. » Y eut-il jamais une époque où la vision spirituelle de la réalité était plus nécessaire qu'aujourd'hui? N'est-il pas indispensable que tous ceux qui, grâce à la Science Chrétienne, ont entrevu la réalité spirituelle, s'attachent fermement à cette vision? Au cours des siècles, les lecteurs de la Bible ont trouvé dans ses pages le réconfort et le soutien; ils ont pu lire cette parole pleine de sagesse: « Lorsqu'il n'y a point de vision, le peuple est abandonné. » Les Écritures ne nous convient pas seulement à saisir le réconfort, la paix, la sécurité qu'apporte la vision spirituelle; elle nous donnent aussi l'assurance qu'on verra finalement disparaître la croyance mortelle, les ténèbres opposées à la lumière spirituelle.
S'il était possible que les mauvaises croyances, s'exprimant sous forme de haine, de vengeance, de convoitise, aient un pouvoir inhérent, soient capables de se perpétuer et puissent détruire le bien, nous devrions admettre que les enseignements de la Bible sont faux et que la Vérité n'est pas vraie. Mais la Vérité peut-elle être fausse? La haine ou la malice des mortels égarés aurait-elle un pouvoir irrésistible? Ces états de pensée pourraient-ils réduire à néant l'amour envers Dieu et l'homme — cet amour qui, comme le prouva Jésus le Christ, exprime la seule puissance réelle, éternelle? Sous la rubrique marginale « Annihilation de l'erreur, » Mrs. Eddy écrit (ibid., p. 243): « La Vérité, la Vie et l'Amour agissent en tant que loi d'annihilation contre tout ce qui leur est dissemblable, parce qu'ils ne proclament rien hormis Dieu. »
Posons-nous ces questions: « Y a-t-il dans mon cœur une crainte ou un doute concernant le pouvoir du bien? Est-ce que malgré les enseignements de la Bible, les prophéties, les preuves multiples, je ne suis pas sûr que le bien puisse maîtriser tout ce qui lui est dissemblable? » Nous devrions rechercher davantage la vision spirituelle qui, sans s'arrêter au déploiement temporaire des passions humaines, perçoit les réalités spirituelles de l'être, existant à jamais. Alors la tentation de croire que l'erreur est réelle sera surmontée et suivie d'élévation.
Lorsque, grâce à la vision spirituelle, nous saurons que l'individualité véritable n'est jamais soumise à la mortalité et à ses déplaisantes caractéristiques; lorsque régneront dans notre pensée et dans notre vie l'amour, la générosité, la paix, la pureté, la bienveillance, la charité — nous aurons déjà parcouru une bonne partie du chemin conduisant à la réalisation de cette vérité: « Tout est Entendement infini et sa manifestation infinie. » Alors nous mettrons le poids de notre penser du côté du bien; et dans cette proportion même, ils s'avéreront impuissants les efforts de ceux qui voudraient subjuguer leurs semblables et leur ravir le droit à « la vie, la liberté et la poursuite du bonheur. »
Paul écrivait: « Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. » « L'Esprit du Seigneur » est présent partout, même aux heures qui paraissent les plus sombres. Si notre penser se conforme à la réalité spirituelle, si nous nous attachons inébranlablement à la vision spirituelle, le droit prévaudra et les ténèbres de la tentation qui représente le mal comme un pouvoir feront place à l'élévation — non point à l'émotion extatique, mais à l'assurance, à la joie qu'on ressent lorsque la croyance au mal est abattue tandis que se démontre l'éternelle Vérité.
Si nous restons fidèles à la vision spirituelle, notre compréhension de cette grande vérité se développera; nous saisirons toujours mieux sa vitalité, sa réalité, son pouvoir, et l'humanité en récoltera les bienfaits.