L'existence des dettes semble être une condition universellement acceptée; pourtant les chrétiens ont reçu de Paul cet ordre: « Ne devez rien à personne, si ce n'est de vous aimer les uns les autres. » Il s'agit donc d'une condition qui n'est pas bonne, car elle ne vient pas de Dieu, l'unique cause et créateur; aussi la croyance à sa réalité peut-elle être détruite par la compréhension que Dieu, le bien, est la seule présence, l'unique réalité.
Jésus enseigna et démontra l'omnipotence du bien; des siècles plus tard, Mary Baker Eddy, ayant par inspiration discerné la Science Chrétienne, devait présenter la Science du Christ comme un système que tous peuvent employer avec la certitude du succès si leur vie se conforme aux règles données. Cette Science nous enseigne que le péché et la maladie peuvent être guéris par des moyens spirituels. Quant au pouvoir guérisseur de la vérité, Mrs. Eddy déclare, dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 233): « Ce qu'il faut pour guérir une maladie quelconque, c'est précisément le fait opposé. La déclaration de la vérité est destinée à réprouver et à détruire l'erreur. »
La Science Chrétienne se fonde sur un fait enseigné par les Écritures, savoir, que Dieu, l'Esprit, est Tout, et qu'il « n'y en a point d'autre que lui. » Cet exposé nie la réalité de la matière et révèle la base solide sur laquelle on peut construire. Il est démontrable; il donne l'explication logique et complète de toutes les énigmes apparentes concernant l'homme ou l'univers. Dans sa carrière sublime, le Christ Jésus prouva sous tous les rapports l'irréalité de la matière et la totalité de l'Esprit; il nous laissa son exemple que chacun doit suivre. C'est pourquoi nous reconnaissons en lui le Conducteur.
Puisque l'Esprit est l'unique créateur et qu'il est infini, toute la création est spirituelle. Rien de matériel n'est réel, car la matière ne saurait exister dans l'infinitude de l'Esprit. L'homme réel est spirituel, il ne comporte aucun élément de matérialité, il existe seulement comme réflexion de l'Esprit. Dieu S'exprime par l'homme, qui Le reflète parfaitement; et dans l'être réel rien n'entrave cette réflexion, ne la trouble ou ne la détruit.
Ce qu'on nomme l'existence matérielle n'est donc qu'une fausse image mentale de scènes et de situations contrefaisant la réalité. Ces tableaux erronés ne font jamais partie de notre existence réelle, quoique l'humain qui n'est pas instruit spirituellement les accepte et s'imagine souvent être une pauvre victime, en proie à la pénurie, aux limitations, aux dettes. Même si l'on croit fermement que ces faux concepts sont vrais, cela ne peut ni les rendre réels, ni altérer en quoi que ce soit les divins faits de la création. Sous l'influence de suggestions hypnotiques, une personne assise dans un fauteuil au coin du feu peut croire qu'elle croire qu'elle est péril sur un banc de glace où le froid l'envahit; mais cette fausse peinture mentale due à la suggestion ne transforme aucunement les faits, ne change ni la place ni l'état réel du dormeur. Lorsqu'on le fait sortir de son sommeil hypnotique, la sensation de froid et de solitude disparaît de sa conscience, où elle est remplacée par la perception normale du confort qui l'entoure; et comme il s'aperçoit que sa prétendue épreuve n'avait aucune réalité, il n'en ressent point de mauvais effets. Ainsi la Science Chrétienne réveille la conscience humaine, l'arrache au songe mesmérique de la matière, du manque et des dettes pour lui faire comprendre la totalité de l'Esprit, son pouvoir, sa liberté, son abondance.
L'homme réel ne peut donc jamais être séparé de la Vie, de Dieu, de l'Esprit; mais il faut que la conscience humaine se réveille et se consacre à la Vérité. Consacrer notre vie à la Vérité, c'est la consacrer à l'Amour; c'est vivre selon l'esprit du Christ, qui s'exprime dans la mesure où nous sommes aimables, bienveillants, attentifs, dévoués. Pour en arriver là, il faut faire ce que notre Leader nous recommande instamment, c'est-à-dire prier chaque jour pour nous-mêmes, « non pas verbalement ni à genoux, mais mentalement, humblement, d'une manière pressante » (Miscellaneous Writings, p. 127). Nous devons prier pour avoir en abondance la grâce par laquelle nous pourrons aimer les autres, leur faire du bien, obéir à cet ordre: « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, nettoyez les lépreux, chassez les démons. » Chaque jour il faut examiner notre conscience et en extirper les erreurs qui voudraient s'y loger — l'amour-propre, la volonté personnelle, le pharisaïsme; ce sont là des choses à détruire par la compréhension de notre moi véritable. Ainsi nous verrons toujours mieux l'abondance de l'Amour, les richesses de l'Esprit et ses ressources intarissables; le fardeau des dettes disparaîtra, le sentiment de manque et de limitations fera place à la connaissance de Dieu.
Tout ceci peut également s'appliquer aux églises, car elles se composent de membres qui sont autant d'individus. Un temple Scientiste Chrétien ne peut être consacré tant qu'il n'est pas exempt de dettes, et les membres désirent sincèrement prouver que la loi divine opère et résout tous leurs problèmes. Les Scientistes qui s'efforcent d'éteindre la dette de leur église consacrent à nouveau leur vie. Ils s'examinent pour voir s'ils ont souffert que l'apathie supplante leur enthousiasme du début; si la critique, le contentement de soi, l'exclusivisme se sont implantés dans leur conscience. Ils résolvent d'avoir plus d'amour les uns pour les autres, d'être plus humbles dans leur travail, de prier et d'étudier avec une consécration accrue, de se montrer actifs et joyeux; de cette manière, chacun hâte le jour où l'église sera consacrée.
Dans l'Apocalypse, le message que reçoit l'église d'Éphèse renferme une précieuse exhortation et nous montre comment remédier à la fausse croyance de pauvreté spirituelle: « Ce que j'ai contre toi, c'est que tu as abandonné ton premier amour. Souviens-toi donc d'où tu es tombé, repens-toi, et fais de nouveau tes premières œuvres. » Le noble désir d'aider le genre humain nous conduit sur la bonne voie; comme le déclare Mrs. Eddy dans The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany (p. 232): «Le droit de passage est assuré à qui suit la voie juste — la voie de l'Amour et de la Vérité par laquelle toutes nos dettes se règlent, les humains sont bénis et Dieu glorifié. »
