A La page 35, le livre de texte Scientiste Chrétien, Science at Santé avec la Clef des Écritures, par Mary Baker Eddy, contient la remarque suivante: « Cette rencontre spirituelle avec notre Seigneur à l'aurore d'un jour nouveau est le repas du matin que commémorent les Scientistes Chrétiens. » La pêche miraculeuse qui précéda la rencontre des disciples avec leur Seigneur ressuscité, près de la mer de Tibériade, a parfois fait négliger un événement qui se produisit tout de suite après et dont la portée est beaucoup plus profonde. Ce fut le réveil spirituel de ces hommes qui, ayant suivi Jésus au cours de son ministère, semblaient ensuite avoir momentanément oublié ses précieuses instructions. Ils avaient été témoins de bien des miracles tout aussi frappants que celui de la pêche miraculeuse; le Maître leur avait dit que ces résultats étaient la récompense de la prière jointe à la fidélité. Mais il ne paraît guère qu'ils aient pensé à ces choses en attendant que leurs filets se remplissent.
Lorsque Jésus était avec eux, ils l'avaient accepté comme étant le Christ; ils l'avaient suivi, ils lui avaient obéi, ils avaient cru à sa parole; pourtant cela ne les avait pas empêchés de retourner à leurs filets — de travailler en vain toute la nuit. Pourquoi? Parce qu'ils pensaient encore au Jésus humain, qui après avoir été avec eux, leur avait été enlevé; ils pensaient à lui, et par conséquent à eux-mêmes, en fonction de rapports humains et de témoignage matériel, plutôt qu'à la lumière de l'Esprit.
Mais ce repas du matin devait être en quelque sorte leur résurrection. A la page 593 du livre de texte, Mrs. Eddy définit « résurrection » en ces termes: « Spiritualisation de la pensée; une idée nouvelle et plus élevée de l'immortalité, ou existence spirituelle; croyance matérielle cédant à l'intelligence spirituelle. » Voilà ce qui est pour le Scientiste Chrétien l'aube de Pâques, la communion, la commémoration véritable. Dans la même mesure il reconnaît, à l'instar des disciples, que la pierre fermant l'entrée du tombeau a été enlevée et que le Christ est vivant.
Jean, le disciple bien-aimé, fut parmi les occupants du bateau le premier qui fît preuve de vision spirituelle. « C'est le Seigneur, » dit-il à Pierre. Et l'Évangile rapporte que lorsque Pierre entendit cela,— lui-même n'ayant pas encore reconnu son Maître,— impulsif et plein de zèle comme il l'avait toujours été, il se jeta dans l'eau pour parvenir le plus vite possible au rivage. La Bible nous montre qu'après sa résurrection, Jésus ne fut jamais immédiatement reconnu par ceux qui l'aimaient et le connaissaient intimement. Quand Marie l'avait vu tout d'abord près du sépulcre, elle l'avait pris pour le jardinier. De même dans ce cas, « aucun des disciples n'osait lui demander: “Qui es-tu? ...”— car ils savaient bien que c'était le Seigneur. »
Cependant la croyance matérielle était en voie de céder à la compréhension spirituelle. Dans cette connaissance spirituelle, qui pouvait discerner le Christ sans s'appuyer sur les indices humains, la résurrection s'accomplissait. La pêche miraculeuse avait sans doute surpris les disciples et les avait rendus plus humbles; mais ensuite vint la naissance de la vision subjective, dont il est impossible d'exagérer l'importance. A chacun de nous doit venir, comme aux disciples, cet instant sacré, « cette rencontre spirituelle avec notre Seigneur à l'aurore d'un jour nouveau. » Elle leur apportait l'accomplissement de ce que leur avait promis le Maître en disant qu'ils deviendraient « pêcheurs d'hommes » — prophétie qui, quelques heures auparavant, avait dû sembler lointaine, invraisemblable. A coup sûr, la même prophétie doit s'accomplir pour tous ceux qui ont part à cette rencontre spirituelle.
Un miracle remplaçant le manque par l'abondance, voilà ce qui fit d'abord connaître aux disciples la présence du Christ Jésus. Mais si l'on a discerné le sens de la résurrection, l'on n'aura pas besoin d'attendre un signe, de recevoir quelque assurance venant du dehors. On saura que chaque jour, à chaque heure, on commémore le repas matinal — la communion divine. Sans doute les arguments mortels avaient-ils souvent assailli ces hommes, appelés à fournir la preuve suprême de leur foi en leur Maître; mais il y avait maintenant un nouveau pas à faire: il fallait reconnaître le Maître spirituellement, savoir et agir là où le sens personnel est incapable de suivre, où il ne peut ni voir ni se garantir.
Les choses que, du point de vue humain, nous avons tenues pour précieuses ou essentielles, ne nous sont d'aucune aide lorsqu'il s'agit de prendre part à ce repas du matin. Les croyances, les affections, les ambitions, les désirs matériels, avec les plaisirs ou les douleurs qu'ils comportent; les faux appuis, l'attente craintive ou jubilante — toutes ces choses, à la lumière de la vraie connaissance spirituelle, se trouvent n'avoir ni place, ni consequence, ni autorité. Au repas du matin, en présence du Christ, il faut sacrifier bien des erreurs et mettre à leur place la réalité; la peur, l'indécision, le manque de confiance doivent prendre fin. En toute humilité, mais avec confiance et d'une manière permanente, nous devons remplacer par la connaissance du pouvoir spirituel l'hésitation manifestée jadis par les disciples.
Ceux qui ont vu la nouvelle lumière proclamant l'aurore de la compréhension spirituelle ne se laisseront pas ravir leur divin héritage. C'est avec gratitude qu'ils s'empresseront de répondre à cette invitation de notre Leader (Miscellaneous Writings, p. 180): « Faisons notre travail; ainsi nous aurons part à la résurrection du Maître. » Ils participeront avec une joie profonde au repas du matin.