On se représente difficilement aujourd'hui les conditions auxquelles Mrs. Eddy devait faire face en 1883, et qui l'engagèrent à publier le Journal of Christian Science: cet organe lui permettrait de répondre aux nombreuses question posées par des étudiants zélés, de communiquer avec le Champ et avec le monde. Son courrier était devenu si volumineux qu'elle ne pouvait suffire à la tâche. La plupart des questions qu'on lui adressait étaient d'un intérêt général; dans bien des cas, les termes de la réponse devaient être métaphysiques; il fallait absolument qu'elle fût scientifique, sans toutefois dépasser la portée mentale des chercheurs.
Concernant cette situation, Mrs. Eddy a fait une remarque bien claire; en effet, dans l'article « Une Publication qui vient à son heure, » publié dans le premier numéro du Journal, en avril 1883, et reproduit à la page 4 de Miscellaneous Writings, elle écrit: « Maintes questions qu'il importe de trancher parviennent au Collège et aux praticiens; toutefois, l'on n'a encore consacré que peu de temps à y répondre. » Puis elle ajoute: « La guérison métaphysique est un sujet qui, nous l'entendons souvent dire, éveille beaucoup d'intérêt; mais bien des gens la confondent avec des théories sans fondement ou même avec l'infidélité, de sorte que son caractère religieux et son immense valeur ne sont pas compris. »
Ces paroles expriment avec force et conviction l'urgente nécessité d'un organe qui, étant donné les demandes toujours plus nombreuses auxquelles devait satisfaire notre Leader, permît de présenter au public des exposés exacts concernant la Science Chrétienne et son application aux problèmes humains. Il fallait conduire les étudiants dans la voie scientifique; en outre — et c'était là une chose urgente — il fallait corriger les fausses impressions au sujet de la métaphysique chrétienne, les opinions erronées qu'émettaient souvent des journalistes ou des prédicateurs. L'époque était fertile en théories de tous genres, quelques-unes ayant leur source dans des notions très superficielles de la Science Chrétienne; beaucoup d'autres exposaient ouvertement les méthodes de l'hypnotisme et du mesmérisme, alors très en vogue.
A part la première et la dernière question, le chapitre « Questions et Réponses, » tel qu'il figure dans Miscellaneous Writings, reproduit une série de textes empruntés au neuf premiers numéros du Journal. Les réponses données ont chacune leur valeur distincte, permanente, et pour les Scientistes Chrétiens leur importance est aussi grande aujourd'hui qu'à l'époque où leur auteur les formula.
Probablement parce que Mrs. Eddy les regardait comme très importantes, trois de ces questions furent une seconde fois imprimées dans le Journal. Ainsi, en réponse à la demande suivante (Miscellaneous Writings, p. 33): « Quels avantages offre votre système de guérison, comparé aux méthodes couramment employées pour guérir la maladie? »— nous avons un exposé net et lucide que tous les Scientistes Chrétiens peuvent méditer avec profit. Les faits relatifs à la guérison scientifique n'ont jamais été énoncés plus clairement, sinon dans les pages de Science et Santé. Aux yeux de Mrs. Eddy, cette réponse était si importante qu'elle la répéta, avec quelques légères modifications dans les termes, aux pages 255 et 256 de Miscellaneous Writings, puis une fois encore à la page 34 de Rétrospection et Introspection.
Examinons maintenant une autre question (Miscellaneous Writings, p. 42): « Après le changement qu'on nomme la mort, rencontrons-nous ceux qui nous ont précédés?— ou bien la vie continue-t-elle en pensée seulement comme dans un songe? » Elle traite d'un sujet qui préoccupe beaucoup les mortels. La réponse de Mrs. Eddy est si pénétrante, si satisfaisante, que tous auront avantage à la méditer.
A la page 45, on trouve une question qui se rapporte à un problème auquel de tout temps les mortels ont réfléchi: « Si Dieu a créé toutes choses et que Sa création soit bonne, d'où est venu le mal?» La réponse de Mrs. Eddy est concluante et va droit au but. Les Scientistes Chrétiens sont convaincus que c'est la seule réponse logique à une question très débattue. Dans quelques brefs paragraphes, nous avons l'explication pratique du phénomène qu'on appelle le mal; cet exposé peut mettre fin aux doutes du philosophe et donner satisfaction aux chrétiens sincères. Il est précis, définitif. L'examen de ces réponses nous fait comprendre les raisons pour lesquelles Mrs. Eddy par la suite les publia de nouveau dans le Journal et dans ses autres ouvrages.
Miscellaneous Writings ne reproduit pas toutes les questions parues dans le Journal, et la Préface du volume en indique clairement la raison. « En préparant cet ouvrage, » écrit Mrs. Eddy (pp. xi, xii), « j'ai tâché de faire disparaître les marques du travail de pionnier, les enseignes guerrières, pour retenir à cette date les armements réduits des temps de paix. » Elle ne fit pas figurer dans Miscellaneous Writings les questions provoquées par un problème immédiat et purement temporaire. Quant à celles qui gardaient leur valeur et leur à-propos, elle les publia à l'intention des futurs étudiants. La première et la dernière question furent ajoutées après coup, sans doute pour répondre à un besoin spécial et pour éclairer les chercheurs.
Pour tout Scientiste Chrétien, l'étude attentive des « Questions et Réponses » publiées dans Miscellaneous Writings est d'un très grand profit, car ces textes élucident des problèmes métaphysiques qui se posent tôt ou tard à chacun sur la route des sens à l'Ame.