Un jour de printemps, alors qu'une grande rivière, enflée par la fonte des neiges et les fortes pluies, menaçait de déborder, de nombreuses personnes s'étaient assemblées sur un large pont, au-dessus du fleuve en crue. L'auteur se tenait lui aussi sur cette massive construction de béton armé; tandis qu'il regardait les eaux qui coulaient rapidement à ses pieds, il lui sembla voir et sentir que le pont et tous les spectateurs se déplaçaient. Mais lorsqu'il regarda, à gauche et à droite, la terre ferme sur laquelle reposait la solide construction enjambant le fleuve, il vit bien que le pont était immobile: son mouvement était tout à fait illusoire.
A vues humaines, nous paraissons être sur un pont du sens matériel, entraînés par le courant de la matérialité où le péché, la maladie, la crainte, le manque, l'affliction, le malheur et la mort abondent. Avons-nous regardé le fleuve pendant si longtemps que nous croyons être emportés par les eaux? Si c'est le cas, élevons nos pensées vers Dieu, car la Science Chrétienne appelle chacun de nous à se détourner des illusions pour voir l'homme et l'univers spirituels qui reposent sur le divin Principe — base absolument sûre.
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 492), Mrs. Eddy écrit: « Pour bien raisonner on ne devrait envisager qu'un seul fait, savoir, l'existence, spirituelle; » puis elle ajoute: « En réalité il n'y a pas d'autre existence, puisque la Vie ne saurait être unie à sa dissemblance, la mortalité. » Quelle glorieuse perspective! L'existence spirituelle constitue le seul fait. En d'autres termes, tout ce qui existe vraiment c'est l'Esprit sans limites et sa réflexion infinie, l'homme et l'univers, manifestant la santé, l'harmonie, la perfection, l'immortalité, la liberté, l'abondance, la félicité.
Dans son intégralité ininterrompue, l'être spirituel constitue tout ce qui existe; et quelle reconnaissance ceci devrait nous inspirer! Dans le royaume de la réalité, où Dieu est Tout-en-tout, l'Amour divin est le seul pouvoir, l'Entendement divin la seule intelligence, la Vie divine la seule activité, la Vérité divine l'unique réalité. Le Psalmiste comprenait la présence constante de Dieu, car il s'écriait: « Où irais-je loin de ton Esprit, où fuirais-je loin de ta face? Si je monte aux cieux, tu y es; si je me couche dans le sépulcre, t'y voilà! Si je prenais les ailes de l'aurore, et si j'allais demeurer à l'extrémité de la mer, là même ta main me conduirait, ta main droite me saisirait! »
Ce fut cette réalisation de la présence divine qui délivra les trois jeunes Hébreux jetés dans une fournaise ardente; elle protégea Daniel dans la fosse aux lions; elle permit à Pierre de guérir un homme impotent dès sa naissance, à Paul et Silas de voir s'ouvrir les portes de la prison.
Dieu est toujours présent: la conscience de ce fait est une source de grandes bénédictions. Elle nous guérit, nous libère, nous protège contre la croyance à ce qui est mauvais ou nuisible. Elle nous révèle que nous ne pouvons être séparés du bien infini, qui s'exprime à jamais. Maintenir la certitude que Dieu, le bien, renferme tout, c'est prier selon la justice.
Puisqu'il n'y a qu'une seule création, nous devrions cesser de croire qu'il en existe une bonne et une mauvaise, ou que contraires se mélangent. Rien n'existe sinon Dieu et Sa création parfaite. Mrs. Eddy déclare, aux pages 105 et 106 de Miscellaneous Writings: « Dieu est la somme totale de l'univers. Dans ce cas, que sont le péché, la maladie et la mort, et où se trouvent-ils? »
Puisque nous étudions la Science Chrétienne, nous ferons bien de nous demander: Qu'est-ce qu'on a coutume d'appeller « ma difficulté, » « mon problème »? Où sont ces choses qu'on nomme péché, maladie, manque, découragement, malheur, et toutes les autres phases de la prétendue existence matérielle? L'une comme l'autre sont des illusions du sens matériel comparables à la méprise qui faisait croire au mouvement du pont et de ceux qu'il portait. Maintes fois dans ses ouvrages, notre Leader qualifie d'illusion le péché, la maladie, la mort, l'existence matérielle. Or à quoi servirait-il de diagnostiquer une illusion, et pour l'éliminer de se demander d'où elle vient, pourquoi nous l'avons? Ne vaut-il pas mieux, par la consécration, la prière, la spiritualisation de la pensée, saisir de mieux en mieux l'existence spirituelle toujours présente où Dieu, le bien, est le seul pouvoir, maintenant dans une immuable perfection tout ce qui constitue la réalité?
A part la création de Dieu, spirituelle, parfaite, où l'homme est compris, rien n'existe réellement; cela fut admirablement mis en lumière dans le cas d'un jeune Scientiste Chrétien que l'on pria de traiter un ami, gravement atteint d'un mal prétendu incurable. A la surprise et à la grande joie de l'ami, la guérison fut instantanée. Lorsqu'il demanda au Scientiste Chrétien comment il avait obtenu des résultats aussi prompts et aussi beaux, celui-ci répondit: « J'ai lu très attentivement le premier chapitre de la Genèse et ce dont vous parlez n'y figure pas; cela n'a jamais été créé. » Remarque profonde, et cependant si simple!
Lorsque se dresse devant nous quelque erreur ou quelque illusion du sens matériel, il nous faut avant tout comprendre spirituellement ce fait: ici même la Vie, la Vérité, l'Amour infini peut éliminer l'erreur d'une manière complète, en répondant à ce dont les hommes ont besoin. L'erreur n'est jamais que la fausse croyance à des choses en dehors de Dieu et de Sa création parfaite.
Aujourd'hui, devant les nombreuses illusions qui s'offrent à nos regards — péché, maladie, manque, conflits nationaux ou internationaux, guerres et bruits de guerres — puissions-nous, avec une inébranlable foi dans le bien toujours présent, méditer sérieusement ces paroles de notre bien-aimée Leader (Miscellaneous Writings, p. 277): « Aucun indice perçu par les sens matériels ne peut m'empêcher de voir la suprématie de Dieu, du bien, qui est scientifiquement prouvée. »
