Après avoir eu pendant des années un poste de confiance dans une importante société, un Scientiste Chrétien se trouva tout à coup sans place; ayant perdu la plupart de ses biens terrestres, il allait être obligé de recommencer sa carrière. Depuis longtemps il rêvait une entreprise à lui, où il aurait pu se montrer continuellement actif, rendre de meilleurs services, appliquer des idées neuves; mais l'apathie qu'engendrait un faux sentiment de sécurité l'avait empêché d'en venir à l'exécution.
Ainsi, quand vint une crise presque universelle, il constata que sa longue expérience n'était plus appréciée et que toutes les portes semblaient se fermer devant lui. Alors il se tourna sans réserve vers le Principe; il refusa de croire que sa situation était désespérée ou son avenir incertain, et fort de sa résolution spirituelle, il jeta le plan d'une modeste entreprise commerciale. Ayant retrouvé le courage, il eut aussi la certitude que le mal ne pouvait lui ravir l'occasion toujours présente d'appliquer dans sa propre carrière sa connaissance de la Vérité. En d'autres termes, il devait être capable de comprendre et de refléter Dieu, le bien, prouvant ainsi que l'occasion favorable est inhérente à la vraie expression de soi-même.
Sur ces entrefaites, une personne de sa famille, qui l'avait fidèlement soutenu aux heures critiques, lui conseilla beaucoup d'étudier dans un esprit de prière la remarquable réponse que Mrs. Eddy fait à la question suivante: « L'homme a-t-il déchu de la perfection? » (Miscellaneous Writings, pp. 78, 79.) Elle lui recommanda d'une manière spéciale ce passage frappant: « L'origine et l'existence de l'homme étant en Dieu, l'homme est le comble de la perfection et non pas l'intermédiaire de l'imperfection. L'homme immortel est l'idée éternelle de la Vérité; il ne peut tomber dans une croyance mortelle ou dans une erreur concernant lui-même et son origine: il ne peut sortir de la distance focale de l'infini. »
Grâce à des efforts consacrés et persévérants, ces disciples commencèrent à mieux saisir la vérité concernant l'origine de l'homme, son existence, sa position assurée dans l'Entendement infini. Ils purent voir que l'homme ne saurait s'écarter du bien, « sortir de la distance focale de l'infinité » où il demeure sans alarme, dans la sérénité, la pureté, la paix —« le comble de la perfection. » Sûrs que le plan de Dieu se révélerait à mesure qu'eux-mêmes revendiqueraient ces vérités, ils perdirent le faux sens de responsabilité personnelle et de soucis. Ils se rendirent compte qu'ils n'avaient pas à s'inquiéter des aspects purement extérieurs de la situation, car en pensant moins aux méthodes et aux manœuvres humaines, ils seraient affranchis des limites qu'impose la loi mortelle. En effet, une voie ne tarda pas à s'ouvrir devant eux; ce fut le commencement d'une nouvelle carrière où les progrès, la joie, le succès véritable accompagnèrent toutes les mesures que durent prendre le disciple et sa famille.
Qu'était-il arrivé pour renverser complètement la croyance aux limitations des ressources et des perspectives, pour rompre le mesmérisme des revers et de l'humiliation? Certes la loi de l'Entendement divin n'avait pas changé pour s'adapter à telle situation humaine; et comme enfant de Dieu, l'homme n'avait point à retrouver la perfection dont il n'avait jamais dévié. Mais on était parvenu à un plus pur concept de l'homme et de tout ce qui concerne le vrai progrès; l'on avait rendu témoignage au fait que l'homme a la vie, le mouvement et l'être dans l'Entendement — d'où le changement qui s'était produit dans la conscience humaine. Le bien avait été reconnu en tant que possibilité présente; dès lors « la plaine aride » des sombres perspectives s'était mise à fleurir « comme le lis. »
Dire qu'il est trop tard pour goûter le bien, pour exprimer la santé, la beauté, pour rendre des services, pour obtenir un vrai succès, revient à dire: Je ne crois pas que Dieu puisse m'aider. Or c'est là une chose inconcevable. Dieu est omniprésent, tout-puissant. Ses lois doivent être omniprésentes, harmonieuses, infiniment bonnes. Il les maintient, les exécute, les perpétue conformément à Ses voies saintes; et l'homme, créé à l'image et selon la ressemblance divines, peut grâce à son créateur manifester dans son caractère et ses œuvres la nature divine: sa filialité s'exprimera par une activité bienfaisante, ininterrompue.
L'homme réel n'est pas en voie de marcher vers la perfection ou de s'en écarter. Chacun peut savoir qu'il n'est point le jouet du destin, la victime des circonstances, de l'hérédité, du milieu où il se trouve; qu'il n'est pas tantôt bon tantôt méchant, ayant parfois des succès mais souvent des échecs; il n'acceptera pas non plus ces mensonges au sujet de ses semblables, car il sait que Dieu ignore le favoritisme; le lien unissant l'homme à son créateur se démontre par l'universalité de l'Amour.
Mrs. Eddy déclare (Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 246): « Mesurer la vie aux années solaires, c'est spolier la jeunesse et revêtir de laideur la vieillesse. Le soleil radieux de la vertu et de la vérité coexiste avec l'être. L'état d'homme parfait en est l'éternel midi dont l'éclat n'est jamais obscurci par un soleil couchant. » Ce qui limite la grâce et l'activité, c'est non pas la vieillesse mais la manière dont les humains mesurent la vie. Le temps et le lieu sont des limites que l'entendement mortel assigne aux efforts et aux réalisations; mais savoir que le lieu ne fait point partie de l'immensité spirituelle et que le temps n'a rien de commun avec l'éternité, affranchit la pensée qui peut entreprendre librement son ascension vers les hauteurs sans craindre la vieillesse ou l'ambiance inharmonieuse.
Admettre les prétentions de vieillesse ou de décrépitude, céder à la suggestion d'insuccès chronique, permettre que la pensée suive l'ornière de la médiocrité, cela n'est aucunement une vertu; mais savoir que l'homme et l'univers existent d'éternité en éternité, qu'ils ne comportent ni âge, ni changement, ni péché, qu'ils sont complets et toujours à l'apogée de la perfection, voilà ce qui correspond à la vertu, au pouvoir, à la vérité immuables. Une existence terne et veule ne représente pas notre vrai destin. L'originalité, la spontanéité, la beauté sont l'Entendement, jamais dans la matière; et notre grand but doit être l'accomplissement de cet ordre donné par Jésus: « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. » Aucune des idées de Dieu n'est inutile, négligeable. Dans une belle mosaïque, chaque fragment a sa place et concourt à la perfection de l'ensemble; de même, notre vrai moi fait partie du glorieux univers spirituel qui sans lui serait incomplet. Et chaque identité se trouve être parfaite, permanente.
Dieu connaît l'homme, et celui-ci, qui Le reflète, est conscient de Dieu ainsi que de son propre être. L'ignorance mortelle concernant Dieu et le rapport par lequel l'homme Lui est uni, voilà ce qui semble produire l'illusion d'une position fausse ou les déconvenues; voilà ce qui donne aux mortels l'impression qu'ils sont craintifs, inférieurs, seuls, ignorés. On entend parfois dire qu'une personne se fait tort à elle-même; et l'un de nos cantiques contient cette prière: « Préserve-moi du mal que je pourrais me faire! » Parfois les mortels ont une notion si rigide de ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas faire, de leurs aptitudes ou de leurs limitations, qu'ils sont aveugles en ce qui concerne les talents spirituels de l'homme et ses capacités sans bornes. Un faux sens du moi est le seul obstacle qui s'oppose aux réalisations harmonieuses et fécondes. Lorsque nous arrivons à faire disparaître ce moi en en comprenant la fausseté, rien n'obscurcit notre vision du Christ, de la Vérité, et nous pouvons reconnaître nos vrais talents, nos aptitudes diverses.
Commençons dès aujourd'hui à revendiquer notre intégralité spirituelle. Que notre concept de nous-mêmes soit d'accord avec ce que Dieu connaît; alors nous saurons accomplir notre tâche avec enthousiasme, avec compétence, modestie et grâce, en y trouvant la joie et la satisfaction.
Croyons-nous que nos perspectives sont limitées? Nous sentons-nous à l'étroit, et les pâturages éloignés paraissent-ils plus verts, plus attrayants? Sommes-nous tentés de croire que si nous étions dans un autre lieu nous pourrions faire plus de bien, accomplir un meilleur travail métaphysique? Souvenons-nous que la Science Chrétienne nous apprend à penser d'une manière universelle. Rien ne limite le penser à la fois actif et clair. Chacun peut atteindre le monde entier pour guérir et faire du bien. L'inspiration de l'Amour guide le disciple, lui donne la lumière dont il a besoin pour son travail, et le place là où il peut le mieux servir ses semblables — là où un champ nouveau attend la précieuse semence de la Vérité.
Ayant reçu d'abondantes bénédictions, celui qui étudie la Science Chrétienne peut aujourd'hui même commencer à venir en aide aux humains. Les moindres incidents de sa vie journalière devraient être illuminés par l'Esprit, jusqu'à ce que sous l'empire infini de l'Ame, ce rayonnement soit dans sa splendeur. L'Entendement soutient tous les efforts que nous faisons pour exprimer à l'égard d'autrui l'amour et la vérité. Dans Science et Santé (p. 209), Mrs. Eddy écrit: « L'Entendement, souverain sur toutes ses formations et les gouvernant toutes, est le soleil central de ses propres systèmes d'idées, la vie et la lumière de toute sa vaste création; et l'homme est tributaire de l'Entendement divin. »
« Lève-toi,... fais éclater ta splendeur! Car... la gloire de l'Éternel s'est levée sur toi, » lisons-nous dans Ésaïe. Maintenant même, là où nous sommes dans l'amplitude de l'infini, Dieu règne en maître; et l'homme, Son idée, reflète abondamment la continuité et la perfection du créateur. Comme le dit un cantique que nous aimons:
« Lève-toi, resplendis!
Dieu même est ton soleil,
Christ ta lumière: à ton tour luis,
Pur rayon dans le ciel.
« Lève-toi, resplendis!
Secouant ta poussière,
Démontre Dieu et l'homme unis:
Sois un flambeau vivant! »