Un fait d'une immense portée, c'est que pendant tout son ministère parmi les hommes, le Christ Jésus engageait ses disciples à se détourner de sa personnalité humaine pour s'attacher au divin Principe de l'être, qu'il appelait « mon Père et votre Père. » Par exemple, au jeune homme riche qui l'avait appelé « bon Maître, » Jésus répondit: « Pourquoi m'appelles-tu bon? Il n'y a qu'un seul bon: c'est Dieu. » Le Christ Jésus revendiquait toujours son unité spirituelle avec le Père, l'Entendement divin; mais il donnait toute la gloire à Dieu, il attribuait au pouvoir divin les guérisons admirables par lesquelles il confirmait ses enseignements et sa mission.
Dans un entretien avec ses disciples, le Maître leur annonça prophétiquement son ascension spirituelle; il tâcha de leur faire voir que s'il les quittait en tant que personne, eux-mêmes deviendraient plus réceptifs et pourraient accueillir le Consolateur, la communication ou l'expression du bien, immuable, impersonnelle, immortelle; en d'autres termes, le Christ. Quand Marie-Madeleine eut reconnu près du tombeau le Sauveur ressuscité, Jésus sentit évidemment que le sens personnel agissait chez elle, car il lui dit: « Ne me touche pas » — ou comme le rend un traducteur: « Ne t'attache pas à moi. » Sachant qu'il était la réflexion de Dieu, Jésus le Christ ne s'attachait plus au sens limité du moi, de la personnalité; il désirait aussi que ses fidèles disciples partagent cette vision libératrice, cette radieuse perception de l'identité véritable.
Cette doctrine fondamentale que le Maître avait enseignée, Mary Baker Eddy fut capable de la saisir, puis de la présenter d'une façon claire et pratique dans ses ouvrages divinement inspirés. Ainsi, dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 473), après avoir cité le Christ Jésus, son enseignement et sa pratique du christianisme, elle déclare: « Pour arriver à suivre son exemple et mettre à l'épreuve la Science infaillible de cet exemple suivant sa règle, en guérissant la maladie, le péché et la mort, il est nécessaire d'avoir une compréhension meilleure de Dieu, comme étant le Principe divin, l'Amour, plutôt que la personnalité ou l'homme Jésus. » Mrs. Eddy possédait cette compréhension spirituelle de Dieu en tant qu'Amour, Principe divin; c'est ce que prouvent les guérisons nombreuses et remarquables qu'elle-même et plus tard ses élèves purent accomplir. Ses ouvrages exposent les vérité spirituelles enseignées et mises en pratique par le Christ Jésus, car ceux qui étudient le livre de texte Scientiste Chrétien ne manquent pas d'en ressentir les bons effets, l'influence curative et régénératrice.
Toutefois, elle semble tenace et profondément enracinée la tendance humaine à personnaliser le bien comme le mal; aussi, pour que notre penser change de base, quittant la personnalité pour le Principe, la matière pour l'Entendement, les sens pour l'Ame, il faut que le discernement de la vérité concernant Dieu et l'homme soit suivi et soutenu par de courageux efforts pour appliquer constamment cette vérité aussi bien dans nos pensées que dans nos actes. La Science Chrétienne donne la règle du penser chrétiennement scientifique; grâce à cette règle, nous pouvons sans délai nous rapprocher de l'Entendement qui était en Christ Jésus, et même avoir cet Entendement, car la Science Chrétienne nous aide à penser sur la même base que le Maître, sur ce fondement vrai: Dieu est le seul Père ou créateur.
Quand, atteinte de fièvre, la belle-mère de Pierre gardait le lit, Jésus le Christ dépersonnalisa ou dématérialisa la maladie; il tança la fièvre, non pas la femme, et celle-ci fut immédiatement guérie. Telle est la méthode qu'emploie la Science Chrétienne dans son ministère de guérison. Cette Science révèle que Dieu, le bien, est le seul Entendement, l'unique cause, le gouverneur de toutes les choses réelles. Étant l'image et la ressemblance ou la réflexion de Dieu, l'homme est non pas une personnalité physique, mais un être spirituellement mental, une conscience individuelle, pour qui les seules choses réelles sont les pensées ou les idées véritables, pures, aimantes et parfaites qui dénotent l'Entendement et l'Amour divin. Il s'ensuit logiquement que le péché, la maladie, le mal et la crainte, les infirmités et la mort, sont des erreurs de l'entendement mortel ou charnel qui sont impersonnelles, sans loi, sans pouvoir. Les incontestables guérisons, par la Science Chrétienne, de maladies et de péchés, confirment ces enseignements.
L'utilité d'une montre et sa valeur dépendent des rouages plus que du boîtier. A quoi sert une boîte de montre coûteuse, prétentieuse, si elle ne contient pas un mouvement solide, pourvu de rubis? En revanche, un mécanisme de construction soignée, dont toutes les pièces fonctionnent bien, est apprécié même dans une boîte toute simple. Les rubis d'une montre contribuent à sa solidité, à sa bonne marche qui doit être égale, constante, régulière; d'où leur importance. Comparons les rubis d'une montre aux plus précieux de tous les joyaux, aux vérités concernant Dieu et l'homme: si notre pensée et notre vie reposent sur ces joyaux spirituels, notre carrière deviendra nécessairement plus paisible, heureuse, harmonieuse. Alors en vérité, nous resterons en harmonie avec l'Amour, le divin Principe.
D'autre part, en personnalisant le bien nous limitons, nous voilons ou faussons notre sens du bien, nos capacités, notre bonheur. Qu'il s'agisse de nous-mêmes ou d'autrui, construire notre sens de l'être sur la croyance générale à l'intelligence, à l'individualité, à l'identité personnalisées, qu'accompagne la croyance au bonheur, à la santé et à la vie dans la matière, c'est bâtir sur les sables mouvants de l'aberration et de la destruction. Mais la Science Chrétienne révèle le Rocher, le Christ, la Vérité, le fondement sur lequel nous pouvons construire notre demeure, établir notre penser, prouver soit pour autrui soit pour nous-mêmes que le bien est impersonnel, donc illimité. D'une manière analogue nous prouvons que le mal est impersonnel, donc sans influence, sans identité.
L'appréciation et l'application de ces vérités n'amoindrissent nullement les dons que manifestent notre entourage et nos amis — leur bienveillance, leur charme, leur serviabilité. Au contraire, elles stabilisent et renforcent la véritable affection, car elles détachent les fragiles liens de la chair engendrant la crainte, les fausses croyances assujettissant les hommes au concept charnel de l'homme en tant que mortel, concept limitatif et sans harmonie. Le dévouement, la bonté, la justice, l'inspiration, la joie, la tendresse — toutes les aimables qualités qui nous attirent — ne se trouvent jamais dans la matière ou dans la personnalité humaine, car le bien réside en Dieu et vient de Dieu, de l'Entendement divin.
Dans Miscellaneous Writings se trouve un article intitulé « Déification de la Personnalité » (pp. 307–310), que Mrs. Eddy conclut par cet appel, cette déclaration bien nette: « Dépersonnaliser scientifiquement le sens matériel d'existence, — plutôt que s'attacher à la personnalité, — telle est la leçon d'aujourd'hui. » Notre Leader montre ainsi la leçon que chacun doit apprendre et grâce à laquelle le Principe, non la personnalité, gouvernera notre vie.