Au point de vue de la Science Chrétienne, l'expérience est toujours instructive, progressive. Elle éprouve le caractère, elle exerce l'intelligence. Chacun doit décider ce que seront pour lui les événements et les conditions auxquels il fait face. Prouvera-t-il, avec un courage et une confiance de plus en plus marqués, que le Principe est son arbitre et son guide, ou se soumettrat-il à la juridiction de l'entendement humain, qui prédit la souffrance et les malheurs? Tout ce qui nous arrive nous donne l'occasion d'être vigilants et de vaincre le mal.
« L'expérience est victorieuse, elle n'est jamais vaincue, » écrit Mary Baker Eddy à la page 339 de Miscellaneous Writings. Cette assurance est précieuse au Scientiste Chrétien; sachant que le but de tous les bons efforts, l'objet de toutes les luttes contre le mal, est de prouver la toute-puissance et la présence du bien, il accueille avec joie plutôt qu'avec terreur les exigences de l'heure actuelle. Il sait qu'elles lui fournissent le moyen d'apprendre à se confier davantage en Dieu, à établir ses rapports avec le réel, le permanent. Il apprend que si la violence et la haine font rage, il existe toujours un refuge où nous pouvons maintenir la ferme suprématie de l'Amour, et profiter des leçons qui nous mènent sur les hauteurs divines. Que ce fût sur les rives paisibles de la Mer galiléenne, à Gethsémané, ou dans le sépulcre, Jésus prouvait que l'expérience est toujours victorieuse; que rien ne peut soit empêcher soit retarder la manifestation de l'idée spirituelle.
Si un mathématicien croyait qu'il n'existe pour ses problèmes ni règle positive ni réponse correcte, il y travaillerait sans grand espoir de réussite ou de progrès. Mais en étendant ses connaissances et en les appliquant, il est sûr d'arriver à la solution correcte. Il en est ainsi de tous les problèmes se présentant au disciple qui sait que le mal n'est qu'un semblant de complexité ou de pouvoir, que l'Amour divin ne refuse jamais aux hommes soit les lumières soit l'occasion de progresser. Le seul obstacle possible, c'est le mesmérisme temporaire du doute, du découragement, de la crainte et de l'inertie.
« Les épreuves prouvent la sollicitude de Dieu, » écrit notre Leader à la page 66 de Science et Santé avec la Clef des Écritures. Chaque épreuve est en quelque sorte la pierre de touche de notre foi; elle nous apprend — si nous sommes prêts à en tirer profit — dans quelle mesure nous cherchons la preuve de la sollicitude divine, ou jusqu'à quel point nous nous laissons terrasser par les circonstances. L'occasion qui nous est offerte est celle-ci: tout le courage, la foi, la coopération spirituelle dont nous sommes capables doivent être mis du bon côté de la balance, là où sont à l'œuvre les lois de Dieu qui guident et gouvernent les hommes. Pour sentir continuellement l'amour et la sollicitude dont nous sommes l'objet, il importe de suivre l'exemple de Jésus et de maintenir, par la prière, notre conscience de l'unité avec ce qui soutient et délivre.
L'expérience de Job, celle de l'Ecclésiaste et celle de Jésus furent bien différentes; la première, personnelle, introspective; la seconde, intellectuelle et raisonnée; celle de Jésus, entièrement spirituelle. Cependant, comme ils cherchaient à établir la preuve de la suprématie divine, tous furent victorieux, et les leçons apprises ont été très utiles à l'humanité. La carrière de Jésus fut immensément supérieure aux deux autres; néanmoins chacun prouva ce que tous doivent prouver dans le développement spirituel. Voici comment l'Ecclésiaste résume cette leçon: « Écoutons la conclusion de tout ce discours: Crains Dieu et garde ses commandements; c'est le devoir qui s'impose à tout homme. »
Si l'expérience finit par être victorieuse, elle comporte parfois des échecs, des humiliations, des défaites temporaires; mais le fait que Dieu prend soin de nous se prouvera de plus en plus.
Le Scientiste Chrétien sait que le monde est lent à reconnaître les enseignements du Christ, et plus lent encore à les accepter sans réserve; abandonner les armes humaines et la croyance aux remèdes matériels pour n'avoir recours qu'à l'Esprit, lui semble difficile. Dans les circonstances critiques, il faut beaucoup de patience; il faut toujours se souvenir que l'épreuve nous apporte l'occasion d'en apprendre davantage, de vaincre certaines erreurs. Il se peut que la situation ne s'éclaircisse pas immédiatement; nous n'arrivons pas toujours à chasser sans délai une fausse prétention, à balayer complètement l'apparence du mal. Pour vaincre la résistance au bien, il faut quelquefois des efforts énergiques, fidèles et persévérants. Mais pour celui qui comprend la signification que Mrs. Eddy donne à l'expérience, la victoire est assurée. Nous aurons la preuve que l'Amour prend soin de nous, car nous connaîtrons la paix intérieure et la présence de Dieu, sentie d'abord par intervalles mais toujours plus fréquemment; l'illumination spirituelle allégera notre fardeau et révélera l'opération de la Vérité. Sans doute Jésus reçut-il ces assurances; et la valeur de l'expérience apparut pleinement lorsqu'il put dire, avec une abnégation finale et suprême: « Toutefois, que ta volonté soit faite et non la mienne! »
Dire que « la détresse de l'homme est l'opportunité de Dieu » revient à dire que les hommes se fient aussi longtemps qu'ils le peuvent à ce qu'ils croient être leurs ressources plutôt qu'à celles de Dieu. L'expérience nous enseigne que c'est la seule cause de leur détresse. Leur banqueroute spirituelle est due à ce que, sans profiter des leçons de l'expérience, ils construisent un moi séparé de Dieu; alors, aux moments difficiles, ils se trouvent dans la détresse et ne voient pas l'occasion qui leur est offerte.
Apprendre pas à pas, dans la vie journalière, ce qui nous apporte la conscience de la victoire même au sein d'une défaite apparente — ce qui dans les épreuves les plus pénibles nous apporte l'inébranlable assurance de la sollicitude divine — voilà ce qu'enseigne la Science du christianisme. Comme nous le savons par sa vie et ses ouvrages, notre Leader eut maintes leçons de ce genre, qui l'aidèrent dans sa découverte et dans l'établissement de sa Cause.
Méditons les preuves de la sollicitude divine qui furent révélées à Mrs. Eddy, et nous comprendrons les bienfaits qu'elles représentent pour l'humanité. Nous saisirons mieux aussi le sens profond de ce qu'elle écrit à la page 15 du Message to The Mother Church for 1900: « Spirituellement discernée, la Pâque est un merveilleux passage à travers un fleuve où coulent les larmes du repentir — ce qui est plus divin que tout autre épisode de l'existence humaine; et cette Pâque est suivie de la victoire, de la foi, des bonnes œuvres. »