La garde des avant-postes est très importante. Il y faut non seulement l'obéissance, mais la prudence, la fidélité, la vigilance pour découvrir instantanément toute activité hostile et éviter ainsi le danger. La sentinelle placée aux avant-postes a généralement la position la plus exposée; dans son propre intérêt comme dans celui de tout l'avant-poste et du corps d'armée, elle doit exercer une extrême vigilance et ne négliger aucune précaution. Une sentinelle qui s'endort s'expose à la destruction; si elle se montre imprudente, elle néglige son devoir et manque de fidélité.
Les travailleurs et les praticiens de la Science Chrétienne montent la garde aux avant-postes. Comme leur service est important, leur loyauté, leur courage et leur vigilance devraient être inébranlables. Ils ont saisi et accepté la vérité spirituelle enseignée par la Science Chrétienne; ils se sont enrôlés pour servir le gouvernement divin. L'ennemi auquel ils doivent faire face, c'est l'entendement mortel avec ses innombrables fausses croyances à une vie séparée de Dieu, du bien. Dans sa lettre aux Éphésiens, Paul décrit en termes bien clairs le combat qu'il faut soutenir. « Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, » écrit-il, « afin de pouvoir tenir ferme contre les embûches du Diable. En effet, ce n'est pas contre la chair et le sang que nous avons à combattre, mais contre les dominations, contre les puissances, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais qui sont dans les régions célestes. »
Lorsqu'il envoya ses disciples dans le monde, Jésus, comme nous l'apprend le chapitre dix de saint Luc, leur donna des instructions significatives et de précieuses exhortations. Mentionnant des situations et des rencontres spéciales, il fit voir que par la sagesse, la patience et l'amour, les disciples seraient victorieux. Quand il leur dit: « Voici que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds les serpents, les scorpions et toute la puissance de l'ennemi; et rien ne pourra vous nuire » — il mettait en lumière l'autorité sans bornes du Christ, dont la présence perpétuelle les aiderait à vaincre les dangers ou les attaques et à en sortir indemnes.
A la page 120 de Miscellaneous Writings, dans un article intitulé « L'Obéissance, » notre révérée Leader, Mary Baker Eddy, écrivit ces paroles qui nous stimulent tout en marquant l'appréciation: « Bien-aimés étudiants, vous êtes de fidèles ouvriers dont les vaillants travaux ont déjà obtenu de grandes récompenses dans la vigne de notre Seigneur; mais il reste à gagner une immense victoire, une grande liberté pour la race humaine; et le succès chrétien est sous les armes, — il a revêtu et non déposé son armure. » Mrs. Eddy savait que se porter en avant au service de la Vérité représente une tâche sérieuse dont les responsabilités sont grandes: mais elle savait aussi qu'avec le secours de Dieu et sous Sa direction, le disciple arrivera certainement à la victoire, maîtrisant pas à pas les croyances matérielles qui voudraient entraver les soldats de Dieu ou les mettre hors de combat.
Aux membres de L'Église Mère, Mrs. Eddy a donné ce remarquable guide et ami, le Manuel de l'Église. A l'Article VIII, Section 6, elle écrit, sous la rubrique « Vigilance concernant le Devoir »: « Il sera du devoir de chaque membre de cette Église de se défendre journellement contre la suggestion mentale agressive, et de ne pas se laisser aller à oublier ou à négliger son devoir envers Dieu, envers son Leader et envers l'humanité. Par ses œuvres il sera jugé. — et sera soit justifié soit condamné. » La suggestion mentale agressive prendra possession de nous si nous nous laissons induire à prêter l'oreille aux propos qui décréditeraient notre prochain, à personnaliser l'erreur pour lui ou pour nous-mêmes, ce qui serait admettre une activité en dehors de Dieu. Nous devrions en tout temps demeurer fermes dans la Vérité et nous attacher à ce fait spirituel: la création de Dieu est seule réelle ou présente.
S'il reconnaît qu'une prétention mortelle est une suggestion mentale agressive, s'il la réfute immédiatement et par ce moyen la surmonte, le disciple est assez éveillé pour être fidèle à son poste. Quelle que soit son apparence, la suggestion mentale agressive ne vient que pour nous détourner mentalement de Dieu, pour nous rendre aveugles quant à la présence du Christ. A l'époque où Jésus exerçait son ministère, le Christ restait invisible pour ceux qui concentraient leurs pensées sur la matérialité et les apparences du mal, qu'ils confondaient avec la réalité.
Dans un poste avancé, l'on n'a de temps ni pour les choses insignifiantes ni pour l'embarras des traditions humaines. L'entendement mortel cherche, quand l'heure est décisive, à distraire les Scientistes Chrétiens en réclamant leur attention pour une foule de détails sans importance. Il se sert parfois aussi de mesquines controverses où s'absorbe longuement le disciple qui n'est pas sur ses gardes, de sorte qu'il néglige son important travail pour le genre humain. Quand les avant-postes sont pris, ils ne peuvent plus prêter un concours efficace là où les capacités et la fidélité seraient si nécessaires.
Les avant-postes montent la garde pour assurer à leurs frères d'armes la protection et le repos. Ils donnent généreusement leur fidélité, leur fermeté, leur courage, car c'est seulement ainsi que leur exemple peut stimuler leurs compagnons. Les sentinelles négligentes qui dorment au lieu de veiller ne découvrent que trop tard la ruse de l'ennemi. Déloger l'ennemi est évidemment plus difficile que de l'exclure en exerçant la vigilance.
Les avant-postes sont plus exposés que le gros de la troupe. Il arrive que l'ennemi les attaque et les surprenne. Ce cas s'est-il parfois présenté dans notre champ de travail? Les disciples n'ont-ils pas été suffisamment réveillés? Ont-ils admis dans leur mentalité la négligence, l'assurance personnelle, parfois même la présomption? Sûrs de leur victoire et de leur succès, ont-ils peut-être oublié l'humilité nécessaire? Ont-ils négligé d'être attentifs à la voix de la Vérité? Ces incursions de l'erreur, ces désappointements sont pénibles pour la conscience qui les subit; de plus, ils risquent de décourager tels commençants qui cherchent de l'aide. Au jardin de Gethsémané, Jésus dit: « Simon, tu dors! Tu n'as pu veiller une heure? Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation. »
En tant que penseurs généreux, instruits dans le bien, les Scientistes Chrétiens devraient pouvoir découvrir les suggestions de l'entendement mortel et soutenir le compagnon d'œuvre qui paraît chanceler sous un fardeau trop lourd. Ne doivent-ils pas lui donner leur appui, pour obéir à la Règle d'or que nous a laissée Jésus: « Ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le leur aussi de même »?
Dans sa lettre aux Romains, Paul écrit: « Soyez dans la joie avec ceux qui sont dans la joie, et pleurez avec ceux qui pleurent. » Appliquant ce précepte dans la vie journalière, on pourrait l'interpréter ainsi: Ayez assez d'amour désintéressé pour vous réjouir de ce qu'un autre progresse et soit apprécié; ayez aussi compassion de ses faiblesses accidentelles. Voyons calmement, en ce qui nous concerne, si nous avons toujours agi d'une manière irréprochable et tout à fait scientifique. C'était sans doute notre intention, car nous aimons notre grande Cause. Mais y sommes-nous toujours parvenus?
L'Évangile de Luc nous apprend que peu avant d'être trahi, Jésus dit à Simon Pierre: « Simon, Simon, voici que Satan a demandé à vous passer au crible comme le blé. Mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point. Toi donc, quand tu seras converti, affermis tes frères. » Plein d'enthousiasme et d'amour pour Jésus, Pierre en cet instant protesta de sa fidélité, de sa constance. Cependant quelques heures plus tard, il cédait à l'agression du sens matériel et reniait son Maître. Était-ce conforme à son désir? Certes non! Mais malgré les paroles de Jésus qui l'avait averti avec amour, il n'avait pas veillé, de sorte qu'il servit d'instrument à la crainte et à la lâcheté, deux erreurs étroitement liées entre elles. A ce sujet, Jésus condamna-t-il Pierre? Quel admirable guérisseur, quel ami Jésus était! Avertissant Pierre, il le bénit malgré l'approche du reniement. Quant au disciple, son échec eut peut-être pour effet de le réveiller, de l'inciter à devenir plus fidèle et ferme dans la foi. Par la suite, les œuvres qu'il accomplit au nom de Jésus-Christ attestèrent sa victoire sur les imperfections mortelles. L'exemple de Jésus devrait toujours être présent à notre esprit et dans notre cœur.
Avec amour et patience, Mary Baker Eddy, Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne, soutint et guida les chercheurs et ceux qui s'égaraient. A ses étudiants, à qui voulait la suivre, elle demandait l'obéissance, la fidélité, le courage et la persévérance; mais elle exigeait aussi le discernement et la compassion à l'égard des faiblesses et des souffrances humaines Dans Miscellaneous Writings (p. 110), nous trouvons ces paroles de bénédiction, faites pour stimuler tous ceux qui sont au service de Dieu: « Enfants bienaimés, le monde a besoin de vous, — plus encore comme enfants que comme hommes et femmes: il a besoin de votre innocence, de votre désintéressement, de votre affection fidèle, de vos vies sans souillure. Vous devez aussi veiller et prier pour que ces vertus vous soient conservées dans leur pureté et que vous ne les perdiez point au contact du monde. Est-il une ambition plus noble que celle-ci: maintenir chez vous ce que Jésus aimait, et savoir que votre exemple, plus que les paroles, sert de morale au genre humain! »
