Un signe des temps qui doit nous encourager, c'est qu'on reconnaît de plus en plus la valeur de l'éducation pour tous, quels que soient leur race, leur sexe, leur classe ou leur couleur. L'ignorance et la crainte sont des compagnes inséparables; elles maintiennent les hommes dans l'esclavage parce qu'elles favorisent les croyances superstitieuses, restrictives, perturbatrices. Aussi l'éducation bien comprise, qui contribue à chasser les ténèbres et la lourdeur de l'ignorance, est-elle indicative de la loi divine: elle marche de pair avec cette loi de progrès et de libération.
Chose intéressante et significative, la Bible a été— elle est encore — au premier rang dans la campagne menée contre le manque d'instruction. Le talent, le courage, le travail dévoué de réformateurs tels que Wycliffe, Tyndale ou Luther ont eu ce résultat: l'étreinte du clergé qui prétendait exercer un monopole sur les Écritures fut brisée, et la charte du salut, présentée dans une langue moderne, devint accessible aux laïques. La Bible est aujourd'hui un livre extrêmement répandu, ce qui fait le plus grand honneur à notre époque.
L'avantage que donnent les hautes études ne fut pas accordé à Jésus de Nazareth; mais ceci ne l'empêcha point de remplir sa grande mission, car grâce à l'intelligence spirituelle il démontra que l'homme exprime l'Entendement divin qui sait tout. Pour attester sa mission divine, le Maître non seulement guérissait les malades et présentait mainte autre preuve de l'amour que Dieu a pour l'homme, mais il enseignait conformément aux Écritures, parlant avec tant de clarté, de logique et d'intelligence qu'il réfutait ses adversaires. On sait que « les Juifs, étonnés, disaient: ‘Comment cet homme connaît-il les Écritures, lui qui n'a pas étudié?' Jésus leur répondit: ‘Ma doctrine n'est pas de moi, mais de Celui qui m'a envoyé.' »
Considérons attentivement cette déclaration et d'autres analogues faites par le Maître; appelons à notre aide les lumières spirituelles que donne la Science Chrétienne, et nous en arriverons à cette conclusion: Jésus le Christ savait que Dieu, Père ou créateur de toutes choses réelles et véritables, constitue le seul divin Entendement infini; que l'homme, image de l'Entendement, reflète ou exprime l'intelligence, la sagesse, la joie, la vigilance, l'exactitude, le discernement et toutes les autres qualités nécessaires ou désirables. Grâce à cette compréhension spirituelle, Jésus pouvait démontrer et exprimer l'instruction humaine dont il avait besoin, et qui était d'un niveau tel que ses adversaires eux-mêmes la respectaient. De plus, les œuvres curatives et rédemptrices accomplies par le Maître, la dématérialisation et la spiritualisation complètes de sa conscience, l'influence durable et toujours croissante de sa vie et de ses enseignements, montrent que la compréhension spirituelle représente une éducation supérieure, on peut même dire la plus haute éducation.
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures ainsi que dans ses autres ouvrages, Mrs. Eddy appuie sur ces faits; avec logique et persistance, elle attire notre attention sur l'Esprit, le Tout-en-tout de la réalité; mais elle reconnaît franchement la nécessité et la valeur de l'instruction humaine. En fait, elle déclare, à la page 195 de Science et Santé, que « l'éducation de la bonne espèce est nécessaire. » Puis elle ajoute: « L'observation, l'invention, l'étude et la pensée originale élargissent les idées et devraient encourager la croissance qui fait sortir l'entendement mortel de lui-même, de tout ce qui est mortel. »
A ce propos, remarquons qu'en démontrant l'omniscience de Dieu, de l'Entendement divin, Jésus atteignit ce qui était alors la norme du savoir, et fut considéré comme un lettré. Cela indique que lorsqu'il s'agit d'acquérir et de mettre en usage une bonne éducation, les mobiles qui poussent les humains à s'instruire ont une très grande importance. Il est certain que tous les actes de Jésus avaient un mobile élevé, où n'entraient pour rien la gloriole, l'orgueil, l'ambition vulgaire ou déplacée, la vanité intellectuelle. Sa connaissance des lettres n'était pour lui qu'un auxiliaire, une aide dans l'accomplissement de sa grande mission messianique. Quand l'erreur lui suggéra d'employer pour se procurer des ressources matérielles, du prestige ou de la notoriété, sa compréhension touchant la totalité et l'omniprésence de l'Entendement divin, le Maître vit le piège, démasqua l'argument trompeur et le chassa.
Accepter littéralement le Christ Jésus comme Conducteur nous amène donc à cette conclusion: ce qui ne tend point à guider la pensée humaine vers les sommets, à la libérer des croyances matérielles asservissantes et avilissantes, ne rentre pas dans l'éducation supérieure et ne doit pas être admis comme tel. Touchant les fonctions de ceux qui enseignent, notre Leader écrit dans Science et Santé (p. 235): « Les pépinières où l'on développe le caractère devraient avoir une forte garnison d'excellentes qualités. Les examens des écoles sont incomplets; ce n'est pas tant l'instruction académique que l'éducation morale et spirituelle qui nous élève. Les pensées pures et ennoblissantes du professeur, constamment communiquées aux élèves, atteindront plus haut que le ciel de l'astronomie; tandis que l'entendement dépravé et sans scrupules, tout en étant orné de joyaux d'érudition, avilira les caractères qu'il devrait instruire et ennoblir. »
La culture « morale et spirituelle qui nous élève » n'est pas un simple placage, un vernis éphémère; elle doit indiquer l'Entendement qui était dans le Christ Jésus, et qui est accessible à tous les hommes. Il n'est pas nécessaire de renoncer à cette culture, même si à l'université, l'étudiant se voit contraint de suivre tel cours peu conforme aux enseignements spirituels qu'il sait être pratiques et véritables, car il en a eu la preuve dans des guérisons. L'étudiant maintiendra la pureté de sa vision spirituelle s'il pense à cet ordre du Maître et qu'il s'y conforme: « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice. » Le disciple vigilant reconnaîtra que tout sujet tendant à exalter le mal ou les hypothèses matérialistes n'est qu'une fausseté temporaire; il pourra dès lors étudier suffisamment n'importe quelle branche obligatoire en adoptant dans certains cas l'attitude qu'il aurait pour la mythologie grecque.
Remarquons en passant que dans nos écoles et nos universités, on n'a pas toujours une riche bibliothèque, constamment accessible aux élèves; mais ceux qui étudient la Science de l'Entendement ont leur bibliothèque satisfaisante et complète: leurs livres de texte sont la Bible, Science et Santé, et les autres ouvrages de Mrs. Eddy. Toute éducation véritable s'efforce de remplacer l'ignorance et les limitations par l'intelligence et sa lumière libératrice. Il s'ensuit que l'éducation vraiment supérieure, celle qui apporte une satisfaction complète et des bienfaits sans mélange, c'est l'étude qui rapproche la pensée humaine de l'Entendement divin, source de l'intelligence et de la vraie sagesse. Ceux qui aspirent à cette éducation supérieure, qui cherchent premièrement le royaume ou le gouvernement de Dieu, reçoivent « par-dessus » bien d'autres choses, comme Jésus l'a promis; en effet, la compréhension et la mise en pratique de la loi divine améliore leur travail, que ce soit en classe, au tribunal, au bureau ou au foyer. Ce proverbe de Salomon mérite donc à coup sûr que nous y soyons attentifs: « La principale chose c'est la sagesse; acquiers la sagesse, et, sur toutes tes acquisitions, acquiers la prudence. »
