Dans son Message to The Mother Church for 1900 (p. 11), notre révérée Leader, Mary Baker Eddy, nous donne cette définition spirituelle de la musique: “La musique est divine. L'Entendement, non la matière, produit la musique;” puis elle ajoute: “Si le son divin fait défaut, le son humain n'a pas de mélodies pour moi.” Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 213), Mrs. Eddy parle également en ces termes du sens humain de musique: “La musique est le rythme de la tête et du cœur. L'entendement mortel est la harpe aux nombreuses cordes, qui chante, soit la discorde soit l'harmonie, suivant que la main qui l'effleure, est humaine ou divine.”
En Science Chrétienne nous apprenons à distinguer le spirituel d'avec le matériel, le réel d'avec l'irréel, — les idées spirituelles d'avec les concepts humains, — dans tout ce qui a trait aux circonstances humaines; et ces assertions si claires et si encourageantes de notre Leader touchant le sens véritable et le sens humain de la musique sont fort instructives et sont d'un grand secours aux étudiants de la Science Chrétienne, surtout si la musique de nos cultes est en partie remise à leurs soins.
Partant de la base spirituelle donnée notre Leader, le disciple en arrive à comprendre que la vraie musique est une idée divine, une expression de l'Entendement infini, une partie constitutive de l'harmonie de l'Ame; c'est l'atmosphère même du ciel, — de l'harmonie, — où toute la création spirituelle de Dieu perçoit les accords de l'éternelle félicité et y participe.
Le musicien qui saisit ce profond fait spirituel y trouve une source d'inspiration. Il peut laisser ce sens plus vaste et plus haut de la musique élargir et purifier ses conceptions limitées, élever sa pensée au-dessus des pauvres tendances mortelles qui recherchent la sentimentalité et les exagérations émotives qu'on a longtemps associées au sens humain de la musique. Le concept spirituel et pur révèle au musicien de nouvelles visions pleines de beauté, qui s'expriment spontanément par le ton et la couleur, par des rythmes plus satisfaisants et plus harmonieux, par des moments de ferveur plus grande et d'exaltation spirituelle, élevant à leur tour la pensée des auditeurs au-dessus de l'appréciation musicale ordinaire et lui permettant de mieux entrevoir la paix et l'harmonie spirituelles.
Si nous considérons la musique d'aujourd'hui, nous remarquons qu'au moyen de divers modes d'expression, elle présente un vaste choix de conceptions allant des phases sordides et sensuelles que peut présenter l'existence humaine jusqu'aux éléments meilleurs et parfois sublimes, — jusqu'aux cimes mentales atteintes aujourd'hui comme autrefois par les grands maîtres de l'art musical. Il est vrai que le concept humain de musique n'est jamais divin; mais dans les œuvres d'une haute portée, nous reconnaissons que le compositeur a considérablement dépassé le sens personnel et limité des choses et nous donne un meilleur concept de la musique. Il n'y aurait pas de limite à ces progrès si le musicien pouvait, par une compréhension spirituelle accrue, s'élever mentalement jusqu'à mieux saisir l'harmonie de l'Ame, et qu'il utilise cette compréhension spirituelle pour gouverner et guider son travail de compositeur ou d'exécutant. Mrs. Eddy nous a donné dans Unity of Good (p. 61) une analyse extrêmement claire des concepts humains les meilleurs: “Dans cette sphère mortelle, notre plus haut sens du bien infini n'est que le signe et le symbole, non la substance, du bien. Une faible compréhension jointe à la foi, tel est l'apogée terrestre du sens humain.”
Cette analyse nous aide à tracer nettement la ligne de démarcation qui sépare le réel de l'irréel dans le domaine musical, et à ne jamais qualifier de divin même notre plus haut sens de la musique. A mesure qu'il obtient cette compréhension plus claire et s'attache au fait spirituel qui sert de base à son travail, le musicien voit son concept de la musique s'améliorer d'une façon notoire; c'est ainsi que notre sens humain de l'existence s'harmonise et s'améliore lorsque nous utilisons les faits spirituels concernant l'homme, ressemblance de Dieu, et le rapport qui l'unit à Dieu.
Dans nos églises, le soliste et l'organiste ont une tâche sacrée, car la musique de nos cultes ne saurait être envisagée comme une diversion. Depuis la première note du prélude jusqu'aux derniers accords du postlude, la dignité, la distinction et l'inspiration spirituelle devraient caractériser tous les morceaux chantés ou joués, ainsi que le chant des cantiques et leur accompagnement. Si ce haut idéal est toujours maintenu, la musique en réalité fera partie intégrante de nos cultes, dont le but véritable est d'élever et de spiritualiser la pensée des assistants. Elle apportera le réconfort et la guérison; elle aidera de plus à ennoblir les conceptions ordinaires de la musique.
Bien des personnes ont été guéries à nos cultes par la compréhension et l'amour impersonnel qu'exprimaient un solo ou un morceau d'orgue. En outre, cette attitude plus spirituelle augmente et développe les capacités du musicien et lui permet de choisir avec sagesse et discernement les morceaux devant être chantés ou joués, — d'exprimer plus de liberté et de spontanéité sous le triple rapport du phrasé, du rythme et de la couleur, qui constituent les éléments essentiels d'une interprétation artistique et intelligente. Il peut alors contribuer d'une manière satisfaisante à l'harmonie des cultes.
Mrs. Eddy se rendait compte que nos cultes devraient avoir la meilleure musique possible; nous en avons preuve dans ce Statut du Manuel de L'Église Mère (Art. XIX, Sect. 1), qui concerne spécialement le soliste et l'organiste de L'Église Mère: “La musique dans L'Église Mère ne sera pas de la musique d'opéra, mais aura un caractère religieux approprié et un degré reconnu de valeur musicale; elle sera jouée d'une manière digne et convenable.”
L'apparition du nouvel Hymnaire de la Science Chrétienne prouve clairement que l'Amour divin pourvoit aux besoins de notre Cause. Ce recueil étendra la portée de notre musique d'église et donnera plus d'élan et d'inspiration à nos chœurs. Il aidera aussi à établir et à maintenir dans nos cultes la norme d'excellence qui caractérise l'ensemble du service divin.
Si nous désirons sincèrement suivre la marche ascendante de notre grand mouvement et collaborer de tout cœur au progrès qui s'accomplit sous le rapport musical, ne pourrons-nous pas déclarer avec Paul: “Je chanterai sous l'inspiration de l'Esprit, mais je chanterai aussi avec mon intelligence”?
    