Dans le monde entier, les nations sont aux prises avec la question du désarmement, qu'elles discutent avec zèle mais non sans appréhension. La perspective de voir finir la guerre et ses douloureux sacrifices inspire la joie, et pourtant les nations hésitent à conclure l'accord général qui précipiterait l'abandon de leur matériel de guerre. Le fait est que les nations aspirent à désarmer, espèrent désarmer, mais que la crainte les empêche de faire le pas décisif. Chacune d'elles redoute de céder ce qu'elle appelle le droit et le pouvoir de se défendre.
Cette notion qu'il faut se défendre soi-même est aussi ancienne que la lutte de l'humanité pour le maintien de son existence. L'homme primitif se défendait par la force; et au cours des développements sociaux qui aboutirent à l'unité de la famille, du groupement local, et finalement de la nation, la pensée humaine a considéré la force, dont elle déplorait de plus en plus l'usage, comme étant l'argument final. Les gouvernements ont éprouvé le désir sincère de renoncer à leurs armes destructives; mais la crainte latente que faisait naître cette perspective les a conduits à l'hypocrisie et au subterfuge, et diplomatie a parfois semblé être synonyme de fourberie. Les hommes d'État se sont trouvés sérieusement embarrassés. Effrayés des charges qu'impose la guerre, ils se sont toutefois posé cette question: Étant donné l'inconstance, la fausseté et la rapacité des hommes, une nation peut-elle sans danger consentir à se dépouiller de sa puissance militaire?
La vérité touchant cette question, dont la considération affectera presque inévitablement soit en bien soit en mal l'histoire immédiate du monde, est connue de celui qui étudie sérieusement la Science Chrétienne. Il a appris que tout progrès véritable est marqué non par un simple déplacement, mais par un remplacement. Il sait qu'une nation, par les individus qui la composent, doit avoir développé jusqu'à un certain point son arsenal spirituel avant de pouvoir se décider de bon cœur à la suppression de ses arsenaux matériels. Ce n'est pas en désarmant avec crainte, mais en réarmant avec sagacité, que les nations pourront atteindre à la paix qui supporte les chocs.
Paul était devenu l'un des hommes les plus doux, mais jamais il ne quitta son armure spirituelle; jamais il ne se départit de sa vigilance spirituelle dans le bon combat qu'il livrait contre les fausses prétentions de la matérialité. Ayant été transformé, il dépouilla l'ancien pour revêtir le nouvel homme. “Les armes avec lesquelles nous combattons ne sont point charnelles,” écrit-il dans II Corinthiens, “mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser les forteresses.” Et dans son épître aux Éphésiens, il fait ressortir avec vigueur une nécessité fondamentale lorsqu'il énumère toutes les armes de Dieu, y compris la cuirasse de la justice, le bouclier de la foi et l'épée de l'Esprit.
Les Scientistes Chrétiens reconnaissent de grand cœur leur dette immense envers Mary Baker Eddy, Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne; car ses enseignements leur apprennent à se dépouiller des faux appuis du passé pour revêtir le nouvel équipement qui leur est indispensable pour avancer vers l'Esprit. Ses ouvrages prouvent abondamment qu'elle ne perdait jamais de vue le réarmement spirituel. Dans un passage lumineux comme tout ce qu'elle écrit, elle trace un tableau qui nous frappe parce qu'il s'applique en tous points à la situation internationale actuelle. “Nos armements, différant de ceux de la Russie, ne sont pas coûteux à vues humaines,” dit-elle à la page 127 de The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, “mais leur valeur dépasse toutes les richesses; fermes et indestructibles sur terre et sur mer, ils ne sont ni réduits en temps de paix ni abandonnés à un conquérant, et la main de l'omnipotence ne les oblige pas à tomber devant le progrès. Pourquoi? Parce qu'ils consistent en ‘paix sur la terre, bienveillance envers les hommes,'— la protection et la défense qui convient à tous les à tous les hommes, à toutes les nations, à tous les temps, à tous les cieux et à toutes les races.”
Ceux auxquels la Science Chrétienne a fait connaître cet armement et la manière de se l'approprier avec fruit doivent sentir qu'ils ont à cette heure-ci des obligations particulières. Ils sont certainement appelés à partager ce qu'il savent — ce qu'ils ont prouvé— avec un monde qui lutte. Du fait qu'il se sont solennellement assemblés pour discuter le désarmement, les délégués de soixante nations grandes et petites se sont montrés susceptibles de recevoir la lumière spirituelle qui peut seule révéler la voie où doivent se porter les pas humains. En élevant nos pensées, nous aiderons à ces délégués, que soutiendra la pensée consacrée de tous ceux auxquels est venue la vision d'un progrès divinement juste.
Ce que les chancelleries des nations ont cherché sans savoir exactement comment elles pourraient l'atteindre, c'est un vrai sentiment de fraternité sur lequel elles puissent faire fond. Ici le Scientiste Chrétien, qui reconnaît que ce concept de fraternité est nécessaire au réarmement spirituel, doit pouvoir montrer le chemin. “Lorsque les préceptes divins sont compris,” déclare Mrs. Eddy à la page 276 du livre de texte, Science et Santé avec la Clef des Écritures, “ils révèlent la base de la fraternité dans laquelle un entendement n'est pas en conflit avec un autre;” et à la même page ainsi qu'en d'autres passages, elle montre qu'accepter cette base conduit à la démonstration de la vraie fraternité, qui permet la discussion tolérante et l'arbitrage assuré,— qui voit le droit et la justice pleinement satisfaits par l'action majestueuse des instruments de la paix.
A l'heure actuelle, le Scientiste Chrétien qui désire sincèrement être utile fera bien de commencer par voir jusqu'à quel point il a lui-même dépouillé l'armement de la chair pour revêtir celui de l'Esprit. Il sait que remplacer les anciens appuis par les nouveaux, entrer en possession de la sérénité continue qui est notre droit de naissance en voyant notre frère comme l'image et la ressemblance de Dieu,— ceci peut devenir de plus en plus le partage des nations, puisque tant d'hommes et de femmes en ont fait l'expérience individuellement. L'étudiant aura tout avantage à se remémorer les changements qui se sont produits lorsqu'il a fermement refusé d'accepter un tableau de l'homme autre que celui de son individualité spirituelle. Ayant vu l'homme droit, il a constaté que cet homme-là était son moi véritable. Et il peut grandement aider ceux qui prendront des décisions pour le compte des peuples, s'il contemple avec intelligence la totalité et la proximité de l'unique Dieu infini.
“Un Dieu infini, le bien,” écrit Mrs. Eddy à la page 340 de Science et Santé, “unifie les hommes et les nations; constitue la fraternité des hommes; met fin aux guerres;” et le Scientiste Chrétien qui saisit cette vérité peut rendre le plus grand service à ses contemporains, dont l'espoir n'est pas seulement le désarmement matériel, mais le réarmement spirituel, en plaçant devant leurs yeux lassés le glorieux fait que la puissance divine est efficace ici même et dès maintenant.
