Lorsque la guérison ne se manifeste pas immédiatement et que le patient s'efforce de réaliser plus clairement la puissance curative de Dieu enseignée par la Science Chrétienne, on l'entend parfois dire: “Quand j'obtiendrai ma guérison.” Ces simples paroles sont de nature à provoquer la réflexion et l'analyse. Qu'impliquent-elles en effet? Elles donnent à entendre par leur expression même que la santé et la guérison existent, qu'elles appartiennent à l'homme, et qu'il y a un moyen de les obtenir.
L'examen de ce qui précède provoque quelques questions. Que sont la vraie santé et la guérison? La santé est-elle physique,— la guérison est-elle une opération ou une condition métaphysiques? Pour y répondre, il faut avoir au moins une certaine connaissance de Dieu, du seul et unique créateur. La Bible déclare que Dieu est Esprit — qu'Il est parfait; et le premier chapitre de la Genèse relate en détail les progrès de la création: “Puis Dieu dit: ... et il en fut ainsi.” Dieu, l'Esprit, a créé l'homme à Son image, selon Sa ressemblance,— donc spirituel. Au sujet du salut ou de la santé, le Psalmiste dit: “Espère en Dieu; car je le célébrerai encore: il est mon salut et mon Dieu!” Dieu est la cause et la source de tout ce qui est réel, donc de la santé réelle. Étant parfait, Il est la source d'une santé parfaite, et c'est pourquoi la ressemblance de Dieu reflète parfaitement cet état. La vraie santé de l'homme est donc aussi permanente, aussi continue et indestructible que sa source, qui est Dieu. L'homme réel a maintenant la santé, il l'a toujours eue et l'aura toujours. Que dire alors du péché, des maladies et des infirmités que nous voyons en apparence tout autour de nous? Ils n'appartiennent pas à l'homme créé par Dieu, mais prétendent faire partie du “vieil homme avec ses œuvres,” lequel doit être “dépouillé.” Dieu ne les a jamais créés, et la croyance qu'ils existent peut être détruite par la méthode même dont se servait le Maître. En Science Chrétienne, le problème de la santé est donc un problème mental, qui ne se résout qu'en pensant spirituellement et en vivant selon la justice. La guérison de la Science Chrétienne est le fruit de la régénération.
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 390), Mrs. Eddy affirme que “c’est notre ignorance concernant Dieu, le Principe divin, qui produit l'apparente discorde, et la vraie connaissance de Dieu rétablit l'harmonie.” Cet énoncé s'accorde avec celui de Jésus: “Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira.” La maladie et la souffrance sont causées par l'ignorance de la Vérité, de Dieu; et cette ignorance caractérise l'entendement humain ou charnel, le “vieil homme.” L'ignorance à l'égard de Dieu est guérie par la compréhension de la vérité concernant Dieu. Paul nous a donné ce conseil: “Soyez transformés par le renouvellement de votre esprit, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, qui est bonne, agréable et parfaite.”
La Bible et Science et Santé enseignent que la santé véritable dépend de la connaissance ou de la compréhension de Dieu. Si elle est établie dans la conscience et qu'on y adhère, la vérité touchant Dieu et l'homme se manifestera par la santé. A ce sujet, Mrs. Eddy écrit cependant dans Miscellaneous Writings (p. 6): “Il faut fréquemment du temps pour vaincre la foi du patient dans les drogues et l'hygiène matérielle; mais lorsqu'il est convaincu de l'inutilité de ces méthodes matérielles, il fait rapidement des progrès.”
Pour parvenir à la guérison, il s'agit donc souvent d'abandonner un faux raisonnement matériel, en y substituant la compréhension de la nature de Dieu et de Sa création. La santé n'est point une chose qui doive être créée, édifiée ou fabriquée: elle est déjà parfaite, complète, toujours présente, attendant le moment où elle sera discernée. S'il en est ainsi, qu'est-ce qui obscurcit notre vue ou nous empêche de faire des efforts sincères, de connaître par expérience ce que le Père a déjà établi, ce qu'Il a donné à Ses enfants bien-aimés? N'est-ce pas la crainte? Avons-nous peut-être peur que les exigences de la Science Chrétienne nous privent de certaines choses que nous ne sommes pas disposés à sacrifier? Désirons-nous atteindre à la liberté complète qu'offre la Science Chrétienne à l'égard de la douleur et des souffrances tout en conservant au moins en partie les soi-disant plaisirs que promettent les sens matériels? Peut-être encore une des formes du péché—égoïsme, amour-propre, justification de soi-même — doit-elle être chassée, détruite, pour faire place à la connaissance et à la démonstration de la vérité. Jésus exhorta l'homme qui avait été couché près du réservoir de Béthesda à ne plus pécher, de peur qu'il ne lui arrive quelque chose de pire; le Maître donnait ainsi à entendre que l'avancement moral est nécessaire pour assurer une prospérité continue.
Dès lors, si le patient s'étonne de ne pas obtenir sa guérison, il vaudrait probablement mieux qu'il se demande: A quoi est-ce que je m'attache; qu'est-ce que je crois? Est-ce que j'adore un seul Dieu; est-ce que j'aime mon prochain — tous mes frères — comme moi-même; est-ce que je fais tout mon possible pour fixer constamment ma pensée sur la vérité; suis-je patient; ai-je décidé d'avance la manière dont je voudrais voir se produire la guérison; me suis-je condamné, ai-je critiqué les autres injustement? En un mot, qu'il s'examine lui-même avec soin, pour voir s'il y a lieu d'écarter des pensées fausses ou des croyances mauvaises.
Pour être en santé, il faut avoir des pensées saines; pour être bon, il faut avoir de bonnes pensées et mener une bonne vie. Jérémie prête à Dieu ces paroles: “Je connais bien les projets que j'ai formés en votre faveur, dit l'Éternel; projets de paix et non de malheur.” Toutes les mauvaises pensées qui se présentent à nous doivent être rejetées. Admettre des pensées de doute, c'est négliger une occasion précieuse. En ce point même, la correction est nécessaire. Cessez de vous étonner! Dieu ne S'étonne jamais: Il sait que Sa création est “très bien.” Est-il donc possible que Dieu, l'Entendement qui sait tout, ait connaissance d'une chose, tandis que Sa réflexion, l'homme, en connaîtrait une autre? Nous devrions plutôt savoir que, parce que Dieu est Amour et qu'Il est Tout, ce qui semble être Son contraire n'est jamais vrai, et n'a pas d'autre existence qu'une rêverie éphémère. “La place où elle était ne la connaît plus.”
Le rêve paraît-il réel? Si c'est le cas, quel est le remède contre un rêve? Il faut s'éveiller! Et comment y parvenir? En étudiant plus sérieusement la Bible et Science et Santé; en pratiquant ce qu'on apprend; en travaillant mentalement avec plus de zèle et de consécration; en subordonnant sa volonté personnelle à celle de Dieu; en mettant sa confiance en Dieu, en aimant son prochain; en s'attendant patiemment à Dieu, dans la persévérance et la vigilance. Voilà comment on peut s'éveiller.
Dieu nous a déjà donné la santé; et malgré le témoignage des sens matériels, elle ne saurait être perdue. L'enfant prodigue connut l'inharmonie et la dégradation parce qu'il s'était lui-même temporairement exilé sur une terre étrangère où il gardait les pourceaux. Mais pendant qu'il s'égarait, l'amour, le bon accueil et la plus belle robe l'attendaient dans la maison paternelle. Ces choses avaient toujours été là pour lui; mais tant qu'il se nourrissait mentalement des caroubes matérielles de la fausse croyance, il ne pouvait recevoir les bénédictions que le Père donne à l'homme créé selon Sa ressemblance. Il lui fallait tout d'abord s'éveiller, se lever, se détourner de la matérialité et s'acheminer vers la spiritualité. Il lui fallait renoncer à sa mauvaise manière de vivre et de penser, apprendre à penser spirituellement pour être capable de voir et de connaître par expérience ce qui constitue l'héritage de l'homme.
La santé et la guérison sont donc présentes, et peuvent être éprouvées en abondance. Toutefois la fausse croyance doit d'abord être abandonnée pour faire place aux choses que Dieu a préparées pour ceux qui L'aiment. Ces choses sont la santé, la joie, l'abondance, la paix, la sécurité, l'amour, la bienveillance, l'harmonie, l'immortalité— tout ce qui est bon; car dans la parabole, le père ne donne-t-il pas cette assurance à son fils aîné: “Mon enfant, ... tout ce que j'ai est à toi”? Et ce même héritage attendait le fils prodigue.
    