Dans son article intitulé “Mettez votre temps à profit” (Miscellaneous Writings, p. 230), notre Leader écrit: “Le succès dans la vie dépend de l'effort persévérant, du bon emploi des moments plus que d'aucune autre chose en particulier.” Dans le même passage, elle énumère également les diverses manières dont le temps peut être gaspillé. Selon le caractère de son penser, l'homme avance ou retarde à chaque instant son réveil spirituel.
Ce que les mortels appellent un moment devient, s'il est bien employé, un facteur contribuant à dévoiler la vision de l'éternel, du bien sans limites, de l'harmonie perpétuelle. Quel précieux privilège que celui de consacrer à la Vérité, par le penser vrai,—à l'Amour, dans une bonté universelle,—à la Vie, eh vivant purement,— tous les instants de chaque journée; de prendre chaque matin, dans un esprit de prière, la résolution de rester fidèles au bien le plus élevé qui soit à notre connaissance, pour qu'à l'heure du soir, travaillant d'une manière plus définie à l'œuvre guérissante de la Science Chrétienne, nous ayons conscience de nos progrès dans la démonstration du pouvoir spirituel.
Une compréhension spirituelle accrue met à nu les voies secrètes du mal, et l'effort fait pour rester fidèle aux exigences de Dieu impliquera peut-être une lutte sévère, conduisant à une victoire certaine. Au sein d'un peuple païen, Ésaïe maintenait la norme de justice qui lui avait été révélée par l'Entendement divin et se faisait l'écho du tendre appel que Dieu nous adresse pour notre sécurité: “Va, mon peuple, entre dans tes chambres et ferme les portes sur toi. Cache-toi un instant, jusqu'à ce que l'indignation soit passée.” A chaque instant l'Amour est tout-puissant, consciemment reflété dans l'homme. A chaque instant donc, le mal est impuissant et sans existence dans la conscience véritable. Tous les moments doivent servir à prouver le néant des tentations matérielles. Dans l'expérience de celui qui s'est tourné vers la Science Chrétienne, il ne devrait jamais y avoir un instant d'effroi, car la Vie est Dieu, et le reflet de la Vie coexiste avec l'Esprit, avec l'unique créateur. Si nous restons mentalement fidèles au fait spirituel fondamental qu'il n'existe qu'un seul Entendement et une seule Vie, les tentations mortelles passeront, et d'heure en heure la fidélité spirituelle sera récompensée. Ainsi les moments réputés critiques par l'entendement mortel et les soi-disant lois matérielles n'auront pas été perdus ou lâchement abandonnés à l'ennemi. Ils auront été mis à profit pour rendre à la Vérité seule un témoignage immédiat et constant.
Mrs. Eddy écrit (ibid., p. 93): “Rien n'est plus fatal que d'encourager, ne fût-ce qu'un instant, un sens ou une conscience de péché.” N'est-il pas bien plus sage de se garantir contre les faux pas en marchant dans la voie de l'obéissance, que de céder d'abord à la tentation pour regagner ensuite péniblement le terrain temporairement perdu? Dans tous ses écrits, notre Leader réitère son exhortation aux Scientistes Chrétiens de veiller sur leurs pensées, d'être à eux-mêmes une loi, d'employer l'art préventif, de fixer fermement la pensée sur ce qui est permanent, bon et vrai; ils exprimeront ainsi l'unité de l'homme avec son Créateur et s'en réjouiront. Le reflet de l'Amour n'est-il pas toujours en sécurité, constamment satisfait? La réflexion est un remède auquel on peut recourir en tout temps. La réflexion spirituelle est le sûr, le seul chemin de la démonstration.
Christ-Jésus accomplit ses grandes œuvres parmi les enfants des hommes parce que ses pensées, élevées au-dessus de toute discorde, reposaient dans la Vérité et dans l'Amour. Pour lui, la vigne du Père était en tous lieux et Christ en était le vigneron. Le cep et les sarments doivent toujours, disait-il, demeurer unis, car c'est ainsi seulement que les sarments porteront certainement du fruit. Ésaïe écrit au sujet de la vigne: “C'est moi, l'Éternel, qui la garde; je l'arroserai en tout temps; je la garderai nuit et jour, de peur qu'on ne lui fasse du mal.” En tout temps, l'idée de l'Entendement est intacte dans l'Entendement qui la protège. En tout temps, l'Amour répand les eaux vives de l'inspiration et de la joie. En tout temps, la source de la Vie est proche pour rafraîchir, pour fortifier et pour nourrir chaque idée de l'Entendement, nuit et jour,— c'est-à-dire, moment après moment, d'éternité en éternité. Pourquoi donc celui qui s'est tourné vers la Science Chrétienne pour être guéri de maladie, consolé dans ses peines, racheté du péché, aurait-il à douter de l'aurore, à craindre les heures de la nuit? La promesse demeure: “Je la garderai nuit et jour.” Rien n'existe hormis Dieu et Son reflet, et c'est dans ce reflet que se trouve la paix.
Nulle pensée prodigue s'éloignant de la maison paternelle pour errer loin de la conscience de l'Amour n'émane de l'Entendement divin, car l'Amour-Mère se souvient de toutes choses et maintient tout dans l'harmonie. C'est ce que Paul avait compris lorsqu'il disait: “Alors je connaîtrai comme j'ai été connu!” L'homme spirituel n'est pas doté d'un sens par lequel il pourrait être effrayé, rendu malade ou pécheur; son sens spirituel ne connaît que l'harmonie de Dieu et de Son univers.
Se souvenant à tout instant de l'être immortel, dans lequel il n'existe ni jeunesse ni vieillesse, le Scientiste Chrétien voit se fondre dans l'éternité ce qu'on appelle le temps: il commence à se rendre compte que “devant le Seigneur, un jour est comme mille ans.” Se rappeler que le vrai penseur vit maintenant et toujours dans la Vérité, non point dans le temps; dans l'Esprit, non point dans la matière; dans l'Amour, non point dans la crainte,— ce souvenir même est une bénédiction de chaque instant. Le bien éternel est maintenant, et c'est maintenant le moment d'en faire la preuve.