Peut-Être y a-t-il peu de sujets ayant une plus grande importance pour le salut de l'humanité que l'égalité; et une connaissance exacte de cette qualité est absolument nécessaire pour assurer aux hommes les bienfaits qui en résultent. Quoiqu'on écrive bien des choses concernant l'égalité et qu'on en parle beaucoup, on la présente généralement d'un point de vue plus ou moins erroné, car il est peu de mortels, si toutefois il y en a, qui la désirent ou la recherchent. La plus grande partie de l'humanité s'efforce d'arriver à ce qu'elle appelle “l'arrêt,“ et ceux qui parlent le plus de l'égalité sont généralement ceux qui se croient le plus éloignés du pinacle de leur désir. En pareilles circonstances, parler de ce sujet, c'est causer sottement avec égoïsme de quelque chose que l'on ne comprend pas.
Tant que l'égalité des droits est considérée d'un point de vue matériel,— du désir de posséder des richesses matérielles, une position, de l'intellectualité,— on n'arrivera en réalité jamais à l'égalité, attendu que tout ce qui est basé sur la matière manque de sécurité ou de solidité, de stabilité ou de substance. Pareil désir pousse à jamais à ce qu'il appelle des hauteurs plus élevées, pour n'être finalement réduit qu'au néant, à l'illusion, de ses propres prétentions erronées.
Or, l'égalité est réellement un concept divin, et l'on ne peut la percevoir et la démontrer que grâce à la spiritualité. Attendu qu'elle implique la perfection, il semble, selon le sens humain des choses, qu'on en voie fort peu, si toutefois on en voit. Au contraire, ses opposés,— la supériorité et l'infériorité,— attirent sans cesse l'attention et entraînent à leur suite toutes sortes d'efforts erronés et de résultats décevants, de cruelles jalousies et d'inconvénients qui s'ensuivent. Le fait est que personne ne pourra jamais être vraiment satisfait avant de se réveiller et de se voir à la ressemblance de Dieu,— avant de trouver ce parfait état de l'être où tout le bien est gratuit et égal. C'est surtout en raison de cela que les inégalités de l'expérience humaine apparaissent déjà au penseur sérieux comme étant erronées, et la nécessité de les surmonter comme étant un des plus grands problèmes du monde.
Lorsque la Science Chrétienne fut révélée, elle apporta l'assurance nette qu'en Dieu, l'Amour divin, il n'y a que la perfection,— et la perfection divine renferme certainement le bien égal pour tous. A la page 21 de Pulpit and Press, Mrs. Eddy, en parlant de cet amour avec lequel Christ nous aime, le définit ainsi: “Un amour désintéressé, non ambitieux, impartial, universel,— qui aime uniquement parce qu'en réalité il est l'Amour.” Cette nature impartiale et universelle de l'Amour divin doit tenir toutes ses idées dans l'égalité d'une perfection immuable, de tout charme et de toute amabilité, oui, dans l'égalité de toutes les caractéristiques glorieuses qui lui sont propres; nulle qualité divine ne peut faire défaut en aucun lieu à quelque moment que ce soit; toutes les idées de Dieu doivent exprimer le bien, puisque Dieu Lui-même est tout bien. Les Écritures disent positivement que “Dieu contempla tout ce qu'il avait fait, et il vit que cela était très bien.”
Pour le Scientiste Chrétien il n'y a donc qu'une manière d'aborder cette question d'égalité, c'est de l'envisager du point de vue que tout bien appartient également à chacun. Cependant, ce bien doit être de la nature de Dieu, l'Esprit, donc, spirituel. Tant que l'on fonde sur la matière ses concepts du bien ou de l'égalité, on se trouvera sans cesse en train de glisser et de patauger. Avec des concepts aussi erronés on ne repose sur aucune vraie substance, sur aucune réalité.
Par conséquent, pour celui qui permet à sa pensée de nourrir le désir de gagner quelque chose pour lui-même, matériellement ou personnellement, l'égalité continuera à être une quantité inconnue. Ce n'est que lorsqu'il cherche son propre bien dans celui de son voisin qu'il peut trouver cet affranchissement des désirs matériels, qui ouvre la porte au bien venant de Dieu et qui bénit également tout le monde et chacun en particulier. Il cessera alors de considérer sa position personnelle, au point de vue financier, intellectuel, social ou autre. Au lieu de cela, il aspirera à cette attitude mentale de félicité qui lui permettra de répondre à cette question: “Que suis-je?” par cette “réponse scientifique” que notre Leader donne à la page 165 de The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany: “Je suis à même de communiquer la vérité, la santé et le bonheur, et c'est là mon rocher protecteur et ma raison d'exister.”
En face d'un état mental comme celui-là, il est certain que toutes pensées de supériorité ou d'infériorité disparaîtraient, car il y aurait à leur place cette compréhension de Dieu, le bien, qui ne pourrait manquer d'être complètement satisfaite d'être l'image et la ressemblance de l'Amour! En vérité, celui qui est ainsi gouverné par la Science divine ne cherchera jamais à occuper à la fête la place la plus élevée, mais il lavera volontiers la boue de ses pieds et de ceux de son frère, afin qu'ils puissent tous paraître dans la présence pure et non souillée du Père. Lorsque cette spiritualité sera en notre possession, “l'égalité des droits et des privilèges,” dont Mrs. Eddy nous parle à la page 255 de Miscellany sera démontrée ici sur terre, car le sens humain qu'on en a cédera si bien au gouvernement de Dieu que seules l'harmonie et la vraie égalité pourront se manifester.