Au cours de l'Assemblée annuelle de L'Église Mère, qui a eu lieu le 7 juin dernier, Warren Bolon, un collaborateur de la rédaction des périodiques de la Christian Science, a animé un débat entre trois scientifiques. Ces derniers se sont entretenus de l'évolution des sciences à la lumière de la découverte qu'a faite Mary Baker Eddy, à savoir que la réalité est spirituelle, non matérielle, et que l'univers est structuré et gouverné par la loi divine. Ils ont aussi expliqué que la prière les guide dans leur travail, chacun dans sa sphère respective, et qu'elle apporte la guérison dans leur existence. La première partie de ce débat est parue dans le Héraut du mois d'octobre.
Les participants:
Benjamin Brown a enseigné la physique à l'université Mount Holyoke, dans l'ouest du Massachusetts. Il a également travaillé à l'Université d'Harvard et dans les Laboratoires Bell où il a fait des recherches entre autres sur les ondes gravitationnelles, les positrons et l'astronomie optique. Il effectue actuellement un voyage en voilier qui doit durer un an, en compagnie de sa femme et de son fils.
Laurance Doyle est un responsable de la recherche à l'Institut SETI, institut consacré à la recherche de l'intelligence extraterrestre, à Mountain View en Californie. Il enseigne également l'astronomie à l'Université de Californie, à Santa Cruz et il tient une chaire de physique et d'histoire à Principia College, un établissement d'enseignement supérieur dans l'Illinois. David Grier est informaticien spécialisé dans l'intelligence artificielle. Il dirige un programme d'étude à l'Université George Washington, à Washington, D.C. De par sa formation, David a fait des recherches sur l'évolution de la science moderne en étudiant la vie des savants qui effectuaient des calculs avant que les machines le fassent pour nous.
: Nous parlons à présent de ce qu'est la conscience et David, vous aviez quelque chose à dire à ce sujet.
: C'est finalement le point avec lequel les scientifiques modernes sont aux prises aujourd'hui. Dans mon domaine, où les ordinateurs ont été inventés il y a cinquante ans environ, les gens disaient: « Quelle belle invention ! Ils peuvent non seulement effectuer des opérations, mais ils sont aussi capables d'imiter le raisonnement humain. Nous pouvons leur donner la possibilité de penser ou d'avoir l'air de penser. » De nombreuses recherches ont été faites et les scientifiques ont souvent déclaré: « Encore un pas, et nous comprendrons ce qu'est la conscience. » Puis ils font ce pas et découvrent autre chose qui semble mécanique — qui peut être quantifié — mais ce n'est toujours pas la conscience.
L'idée que la réalité n'est pas dans un lieu précis fait réfléchir — les événements et les idées sont liés où qu'ils soient. Pourtant, l'omniprésence est l'un des termes que Mary Baker Eddy utilise, dans Science et Sante, pour répondre à la question: « Qu'est-ce que l'intelligence ? » (p. 469) Et pour moi, ce concept touche à ce qu'est profondément la conscience. Il est clair que ce n'est pas un raisonnement mécanique; il est aussi certain que ce n'est pas simplement la faculté de calculer. La conscience constitue ce qui est fondamental chez un être.
Bolon: Le public n'est-il pas aussi en train de se débattre avec cette question ? Les gens veulent savoir combien il existe de consciences.
: Si je devais présenter cette idée [d'une seule conscience omniprésente] à d'autres physiciens, je leur dirais: « La conscience n'est pas une particule, c'est un champ. » Et ils répondront peut-être: « Ca alors ! » En fait, j'en ai vus qui ont réagi ainsi.
« Jésus de Nazareth fut l'homme le plus scientifique qui foulât jamais le globe », écrit Mary Baker Eddy. Puis elle définit ce que veut dire être scientifique: « Il pénétrait sous la surface matérielle des choses et trouvait la cause spirituelle. » (p. 313) C'est cela, la méthode scientifique réelle. Toutes les bonnes expériences qui ont été faites dans le domaine de la science l'ont été parce que quelqu'un a été inspiré par l'intelligence divine. Jésus a dit: « Considérez comment croissent les lis des champs... » (voir Matth. 6:28) Il ne voulait pas dire par là que tous les Scientistes Chrétiens devaient devenir botanistes. Nous sommes censés « déchiffrer » les lis et ne pas nous contenter de les regarder à la surface. Nous sommes censés déchiffrer l'univers. Parfois, les scientifiques utilisent le terme « expérimentation »; or, ce n'est pas la même chose qu'une « démonstration ». Lorsque nous procédons à une expérimentation, nous n'en connaissons pas les résultats à l'avance. Cet été, je vais procéder à une expérimentation afin d'es sayer de trouver une planète de la taille de la terre. Or, quand vous répétez une expérimentation dans un cours, vous faites une démonstration. Vous démontrez quelque chose dont vous connaissez les résultats.
Pour moi, la science consiste à se débarrasser de la façon limitée de regarder les choses.
Des signes indiquent une reconnaissance universelle d'un Entendement infini ou du fait que Dieu, l'Entendement, est le Créateur. Les Indiens du Delaware, qui s'étaient donné comme nom les Lenape, ont un mot pour le Grand Esprit: Kishile mukong, qui se traduit par « Créateur, Celui qui nous crée par Ses pensées ». Les Indiens d'Amérique, ainsi que le fait remarquer Mary Baker Eddy, appellent un certain lac qui est magnifique, « le sourire du Grand Esprit» (Science et Santé, p. 477). C'est cela, déchiffrer spirituellement.
Il est important de ne pas dire, « Voilà l'univers matériel, et l'univers spirituel existe ailleurs », de ne pas penser que le ciel se trouve ailleurs. Jésus ne s'est pas rendu dans un lieu « spirituel » pour contempler la réalité. IL « pénétrait sous la surface matérielle des choses » afin de trouver la cause spirituelle. Pour moi, la science consiste à se débarrasser de la façon limitée de regarder les choses pour voir les belles idées qui sont réellement présentes.
Dans l'un de mes « jobs », comme on dit au SETI, j'ai pour tâche de chercher des signes de vie dans l'univers. Je me suis vu accepter la croyance tacite que nous vivons dans un univers fait essentiellement de matière morte. Puis, je suis revenu là-dessus en me disant que la matière est la suggestion que la vie n'est pas partout. Ce n'est rien d'autre. Alors, depuis, je cherche l'univers dans la Vie au lieu de chercher la vie dans l'univers.
Bolon: Je suis étonné de ne pas avoir encore entendu Ben dire, « Ne poussons pas le raisonnement trop loin », c'est-à-dire que nous ne devrions pas affirmer que l'evidence de l'expansion de la pensée dans le domaine des sciences physiques prouve, en quelque sorte, la réalité spirituelle. Cela ne sera sûrement pas le cas. Néanmoins, nous pouvons sans doute dire que ces changements radicaux dans la perception de la nature de la réalité — tels qu'on les constate dans la physique quantique et dans le débat scientifique qui se poursuit autour de ce que la conscience est ou n'est pas — indiquent que la pensée cède à des visions plus spirituelles de la réalité.
Ben, vous m'avez dit que lorsque vous étiez adolescent, et que vous dé-couvriiez les sciences physiques, avant de connaître la Christian Science, vous vous rebelliez intuitivement contre le concept d'un univers créé au hasard et n'ayant aucun sens. Pourriez-vous nous expliquer l'évolution de votre pensée
: Quand j'avais treize, quatorze ans, je réfléchissais beaucoup à l'univers — à l'infinitude de l'espace et à ces sortes de choses — et j'avais de plus en plus de difficulté à admettre l'idée d'un univers matériel. D'ailleurs, j'essayais d'imaginer ce qu'il y aurait dans l'universe s'il n'y avait ni terre ni intelligence capable de percevoir quoi que ce soit. C'était une idée qui me mettait profondément mal à l'aise. Ma mère, se rendant compte que je faisais une sorte de crise d'adolescence, s'est dit que ce serait peut-être bien pour moi de fréquenter une école du dimanche de la Christian Science. Elle n'était pas Scientiste Chrétienne. Elle m'amenait à l'église mais ne restait pas pour assister au service. Ce fut quelque chose de merveilleux pour moi. J'ai appris plus tard que la semaine précédant mon arrivée, ils avaient une chaise supplémentaire dans cette classe et les éléves avaient suggéré de l'enlever. Le moniteur leur avait dit: « Pourquoi ne pas prier pour que cette chaise serve à quelqu'un, quelqu'un qui a vraiment envie de venir ! » J'avais donc droit à un traitement spécial ! A l'école du dimanche, j'ai vu les choses de façon différente. Au lieu que tout soit matériel, j'apprenais que tout était Entendement et sa création spirituelle. Et cela m'a été très utile plus tard, lorsque j'ai fait face à des difficultés.
Il nous faut rester prudents, et voilà pourquoi je dis souvent que nous ne devons pas trop ajouter foi aux résultats d'une expérimentation en déclarant que cela prouve que l'univers spirituel est réel.
Lorsque j'enseignais la physique en faculté, nous avons fait une démonstration d'une expérimentation liée au théoréme de John Bell. Les élèves avaient vraiment de la peine à le comprendre parce qu'il représente un paradoxe en physique où une observation semble impliquer la présence d'une conscience ou connexion qui n'a pas actuellement d'explication en physique. Or, l'élément de hasard est aussi nécessaire: vous ne pouvez pas savoir ce que sera l'observation avant de l'avoir faite et vous ne disposez d'aucun moyen permettant de la deviner avant d'avoir fait l'observation.
Einstein se rebella contre le concept du hasard. La plupart d'entre vous connaissent sans doute la phrase célèbre qu'il prononça: « Dieu ne joue pas aux dés. » Et pourtant, le hasard et l'incertitude intrinsèques sont indispensables à la mécanique quantique. Il s'agit simplement d'un rappel: il nous faut faire preuve de discernement devant toutes les découvertes extraordinaires de la nouvelle physique, et aller plus loin en sachant que Dieu est Tout, complet et gouvernant totalement Sa réalité spirituelle qui ne comprend ni hasard ni incertitude.
Bolon: Nous aimerions aussi aller plus loin en examinant ce qu'est la spiritualité. Quelle est cette influence, ce pouvoir ou cette grâce divine, que nous appelons la spiritualite ? Pouvonsnous commencer par vous, David?
Grier: En pratiquant les sciences physiques, on s'aperçoit que la spiritualité est la faculté ou le désir de regarder au-delà de ce que vous disent les sens matériels. Science et Santé explique que le sens spirituel est « la faculté consciente et constante de comprendre Dieu » (p.209). Et comprendre Dieu, c'est comprendre le bien. C'est ce qui me conduit à dire qu'on ne peut pratiquer la science physique sans utiliser son sens spirituel.
Au lieu de contempler l'immensité de l'univers, comme Laurance, je regarde un écran d'ordinateur et je tape des lignes de codes. Il y a plusieurs années, j'ai créé un programme informatique très long pour l'entreprise d'un ami; il comprenait plusieurs milliers de lignes de code. Tout a trés bien fonctionné pendant deux ans environ. Puis j'ai reçu le coup de fil tant redouté: « David, tout s'est arrêté. Ça ne marche plus. » J'étais la seule personne qui connaissait ce programme, et je dois avouer que j'en ai eu les bras et les jambes coupés. Mon désarroi était si grand que j'ai éprouvé le besoin de prier. L'autre possibilité consistait à vérifier chaque ligne de code, et je n'y tenais pas tellement, parce que même si je regardais chaque ligne, je n'étais pas sûr de déceler où se trouvait le problème. Alors, j'ai prié pour savoir qu'il n'existait qu'un seul Entendement, qui est omniprésent et que c'était l'Entendement que j'exprimais.
Je me suis souvenu d'une histoire, une guérison, que mon père m'avait racontée quand j'étais enfant. Un ingénieur en aéronautique avait un problème de structure qu'il ne parvenait pas à résoudre. Il a posé son crayon et s'est tourné vers Dieu. Il a prié en prenant conscience du fait que le seul Entendement était présent et gouvernait. Ses yeux se sont posés sur les gribouillis qu'il avait faits sur la feuille de papier et il a distingué une solution au problème structural. En méditant sur cet incident, il m'est vemi une idée: il manque une parenthèse. Bon, d'accord, mais où ? Et presque immédiatement, j'ai su exactement où regarder et j'ai trouvé quel était le problème.
Doyle: Tout à l'heure, Ben a fait allusion au problème de l'incertitude et bien entendu, il y a le principe de l'incertitude de Heisenberg. J'ai cherché le mot « principe » dans le dictionnaire. On y lit: « ... ce qui est certain. » Un plus un ne font jamais deux avec la matière; on ne peut jamais mesurer les choses avec exactitude. Or un plus un font deux avec les idées. J'ai eu l'occasion de démontrer ce concept, cette totalité de l'Entendement ou Principe, lorsque j'effectuais des recherches dans le bassin du fleuve Amazone.
Un soir, je souffrais d'un empoisonnement alimentaire assez grave. Je suis parvenu à trouver un téléphone et à appeler une praticienne de la Christian Science, à San Diego, en Californie. Elle a répondu et je me suis mis à parler, mais elle m'a dit: « Je ne vous entend pas... mais Dieu est Amour et je vais me mettre à prier. » Dès que j'ai eu raccroché, j'ai commencé à me sentir mieux et en une demi-heure, j'étais complètement guéri. J'étais complètement guéri. J'étais capable de poursuivre mes recherches. En réalité, chaque guérison est instantanée, qu'elle est déjà accomplie, et l'Entendement n'a pas besoin de temps pour y parvenir. Ce fut une grande démonstration pour moi. On ne peut pas donner d'explication à cette guérison si ce n'est par l'action de l'Entendement infini et parfait.
Einstein se rebella contre le concept du hasard. Il dit: « Dieu ne joue pas aux dés.»
Bolon Ben, pourriez-vous nous parler de la guérison que vous avez eue lorsque vous étiez au lycée ?
Brown Je venais tout juste de découvrir la Christian Science. Je faisais partie d'une équipe de cross-country, et un jour, en pleine course, je me suis effondré et on m'a emmené à l'hôpital. On m'a dit que je devais être opéré immédiatement. J'ai parlé à ma mére. Je lui ai dit que j'aimerais vraiment beaucoup qu'on me ramène à la maison afin que je puisse étudier Science et Santé, et elle a accepté. J'ai donc passé trois ou quatre jours dans ma chambre, en ne faisant pratiquement rien d'autre qu'étudier Science et Santé. La Christian Science était toute nouvelle pour moi, mais j'ai vraiment perçu le message de la vérité. Je me suis senti réconforté. Je n'avais pas peur. Au bout de deux jours, la douleur avait disparu et je me sentais totalement guéri. Je suis retourné à l'école après une semaine et je me suis remis à courir avec l'équipe de cross-country. Mon entraîneur et mes co-équipiers étaient stupéfaits: j'étais vivant ! Cependant, ils n'ont pas adopté une attitude négative. Au contraire, ils m'ont encouragé. C'est peu de temps après cela que j'ai établi un nouveau record à l'école, en cross-country. Je savais donc que la prière était puissante — surtout lorsque nous renversons mentalement toutes les évidences matérielles pour voir que la nature spirituelle de l'homme est réelle.
Bolon: David, vous avez été témoin d'un autre genre de guérison en qualité de chercheur.
Grier: L'un des outils les plus puissants et les plus utiles, c'est le Sermon sur la montagne, en particulier la partie du sermon où il est question de la né d'aimer ses ennesmis, de prier pour ceux qui vous haïssent et vous persécutent (voir Matth. 5:44). Je travaillais sur un projet de recherche et l'un de mes collègues m'a fait clairement comprendre qu'il était hostile à toute religion et notamment au christianisme. Un jour, nous nous sommes brusquement arrêtés de travailler en apprenant une mauvaise nouvelle: l'un de nos collègues venait de se suicider. L'autre collègue, celui auquel je m'étais déjà opposé, a suggéré que nous allions déjeuner ensemble. Tout en marchant, je priais silencieusement et il m'est venu à l'esprit cette idée d'aimer nos ennemis, de prier pour ceux qui nous haïssent. Pendant ces instants, le ton de sa voix et l'atmosphère qui régnait entre nous ont visiblement changé. Plus tard, il a reconnu que ce que j'avais fait ce jourlà, là, c'était adopter un comportement chrétien, le premier qu'il avait jamais vu ou compris. Cela m'a beaucoup appris sur le pouvoir et l'utilité du Sermon sur la montagne.
Bolon: Merci David. Il est maintenant temps de conclure. Voudriez vous, chacun, terminer par de brèves remarques ?
Doyle: Dans l'histoire des sciences, on a dit qu'une période obscurantiste était due à la séparation de la foi et de la raison. Et qu'une renaissance était due à l'unification de la foi et de la raison. A mes yeux, c'est l'unité du christianisme qui est amour, avec la Science, qui est vérité. C'est cela, la grande théorie de l'unification. C'est la seule vraie. La Christian Science est la réponse à la recherche de la grande unification par les scientifiques.
Grier: Je voudrais dire une seule chose. Il n'y a pas de progrès scientifique sans spiritualité.
Brown: Un passage de Science et Santé me tient beaucoup à cœur depuis de nombreuses années. Le voici: « La réalité spirituelle est le fait scientifique en toutes choses. » (p. 207) Sur le large spectre que forment les philosophes et les leaders religieux, Mary Baker Eddy a une place unique, et personne d'autre ne l'occupera. Le spectre part de visions totalement matérielles de l'existence jusqu'aux visions totalement spirituelles de Mary Baker Eddy. Et ce qu'elle a révélé est une révélation scientifique que le monde commence seulement à découvrir.
Bolon: Dans un livre que j'ai lu récemment, j'ai trouvé un passage que j'aimerais proposer comme conclusion à notre débat. On y citait les paroles du physicien très respecté Freeman Dyson: « Je pense que l'avenir donnera sans doute raison aux gens qui prédisent la mort de la physique. Il est possible que la physique devienne obsolète. Néanmoins, je dirais que la physique sera peutêtre considérée comme les sciences grecques: des débuts intéressants, mais elle n'est jamais vraiment allée à l'essentiel. Alors, la fin de la physique marquera peut-être le début d'autre chose. » John Horgan, The End of Science [La fin de la science] (New York: Broadway Books, 1996), p. 254. La citation s'arrête là, mais certainement pas le processus de la découverte scientifique ni de la compréhension approfondie des liens qui existent entre les sciences et cette « autre chose » — la Science divine.
La première partie de ce débat a paru dans le Héraut d’octobre 1999.
