Trois Semaines Avant les émeutes de Los Angeles causées par le verdict prononcé en 1992 dans l’affaire Rodney King, j’assistai un mercredi soir à un service de la Science Chrétienne. Troublée, accablée par l’agitation et les affrontements du monde, je désirais ardemment écouter le message de Dieu.
Les passages lus ce soir-là comportaient la description de la scène au cours de laquelle Jésus lava les pieds de ses disciples. C’était une véritable leçon d’amour fraternel.
Je me rendis compte qu’au cours de l’année écoulée, la Leçon biblique hebdomadaire avait souvent comporté des récits qui montraient les apôtres priant pour leurs « frères ». Il m’apparut alors clairement que chacun doit prier pour ses frères. C’est une exigence chrétienne. Cela ne veut pas dire que nous devions prier de manière spécifique pour chaque être humain. Mais nous pouvons reconnaître avec fermeté que tous les hommes, sans exception, sont gouvernés par Dieu qui les protège, que chacun exprime Dieu de façon unique, et que Ses enfants ne peuvent être ni troublés ni gouvernés de manière erronée.
La lecture du mercredi suivant portait sur l’agitation et le désordre. Elle contenait cette citation de Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy: « Dans la vision de saint Jean, le ciel et la terre représentent des idées spirituelles, et la mer, en tant que symbole des concepts humains battus par la tempête, avançant et reculant, est représentée comme ayant disparu. La compréhension divine règne, elle est tout, et il n’y a aucune autre conscience. » Je vis alors qu’en priant pour le monde, je devais comprendre que les « concepts humains battus par la tempête » ne pouvaient en rien influencer l’homme réel, puisque ce dernier est gouverné par Dieu, l’Entendement divin, et par Lui seul. L’homme n’est pas un pion dans quelque jeu cruel et inconnu; au contraire, il reflète l’unique Entendement immuable et infini, dans lequel il n’existe ni conflit ni division.
Le jour où le verdict fut rendu dans l’affaire King, il y eut, vers midi, une manifestation dans une rue proche de mon bureau. Plus tard, les manifestants devinrent si bruyants que nous les entendions depuis notre immeuble. Nous entendions aussi les hélicoptères qui les survolaient. Comme les manifestants menaçaient de bloquer les transports publics, il me sembla prudent d’annuler un rendez-vous prévu dans l’après-midi et de rentrer à la maison avec ma fille, qui travaillait dans le même bâtiment. Nous avions chacune notre voiture; je suivis celle de ma fille.
En approchant de l’autoroute, je constatai que la circulation ralentissait devant nous. Tout à coup, la voiture de ma fille disparut dans un flot de manifestants en colère. Lorsqu’elle réussit enfin à se dégager, ils s’approchèrent de ma voiture. Un des jeunes gens se dirigea droit sur moi, le poing menaçant.
Ce que j’avais entendu à l’église et les efforts que j’avais faits pour aimer avec sincérité m’avaient si bien préparée que je n’eus pas besoin de temps pour me tourner vers Dieu ni pour chercher à être guidée par Lui dans cette situation difficile. La Vérité de Dieu était déjà avec moi. La peur ne m’effleura pas un seul instant; j’étais certaine que ces jeunes gens ne pouvaient qu’être les enfants bien-aimés et innocents de Dieu: mes frères. Je souris alors de manière spontanée au jeune qui se trouvait en face de moi, et le nuage de colère et de haine se dissipa. Il me sourit en retour, de même que ceux qui l’entouraient. La voie se dégagea et je pus passer sans encombre.
J’ai tiré une grande leçon de cet incident. J’ai appris que la colère et la haine se nourrissent d’éléments qui ne viennent pas de Dieu: la crainte, le ressentiment, le pharisaïsme, le désarroi. Si impressionnants qu’ils puissent paraître, ces états de pensée erronés éclatent comme des bulles de savon en présence de l’amour de Dieu.
Foster City (Californie), U.S.A.
