Il Fut Un Temps où je pensais que le commandement de Christ Jésus « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » Matth. 22:39. m'enjoignait d'aimer mon prochain « autant » que moi-même. Puis la prière et l'étude de la Science ChrétienneChristian Science ('kristienn 'saïennce) m'ont amenée à voir que ce commandement implique une condition: pour pourvoir aimer son prochain, on doit d'abord s'aimer soi-même.
Cet amour, qui est fort éloigné du narcissisme, est celui que nous éprouvons pour notre véritable identité: l'image de Dieu, Son idée. Il implique que nous nous reconnaissions spirituels et parfaits, tels que Dieu nous a créés. Nous voyons ainsi que nos faiblesses et nos défauts apparents ne font pas partie de notre être réel, et que nous pouvons donc les surmonter. Plus nous acceptons notre véritable nature et nous efforçons de l'exprimer, plus nous sommes certains que les défauts de caractère disparaîtront de notre pensée et de notre vie. Une fois que nous savons nous aimer nous-même ainsi, nous pouvons aimer les autres de la meilleure manière possible, c'est-à-dire en les voyant tels qu'ils sont: enfants de Dieu.
Dans la parabole du Samaritain, notre Maître explique que notre prochain n'est pas seulement celui qui vit à deux pas de chez nous, mais que c'est toute personne que nous rencontrons, quelles que soient sa condition sociale, sa nationalité, sa religion ou sa race. En fait, notre sphère de pensée et notre amour spirituel devraient dépasser les limites de notre foyer, de notre ville et même de notre pays pour embrasser tout le genre humain. Le cadre familial constitue, en quelque sorte, l'école préparatoire de l'amour. Dès la plus tendre enfance, nous apprenons à aimer nos parents, nos frères et sœurs et tous nos proches. Nous apprenons à nous excuser lorsque nous avons fait une bêtise et à pardonner les erreurs des autres. Puis cet amour et cette mansuétude s'étendent à toutes nos connaissances et imprègnent nos prières pour le monde.
Un enfant oublie vite les déceptions et les chagrins. Mais le fait de croire que l'existence matérielle, avec ses hauts et ses bas, est réelle risque de nous faire perdre cette caractéristique de l'enfance. Il se peut alors que nous restions conscients de nos erreurs et de celles des autres, ou du moins qu'elles restent présentes dans notre inconscient et créent en nous une image erronée de nous-mêmes et des autres. Il nous faut retrouver cette âme d'enfant, qui ne connaît que Dieu, le bien, l'Amour divin. Nous y parviendrons toujours mieux en niant que la moindre faute, commise par nous ou par quelqu'un d'autre, puisse faire partie de la création infinie et parfaite de Dieu. Dieu a créé l'homme à Son image, à jamais impeccable, parfait et digne d'être aimé. En réalité, nous sommes tous sans exception les enfants bien-aimés de Dieu.
J'en ai eu un jour la preuve. Je marchais dans la rue, derrière deux hommes qui se suivaient de très près. En tournant pour entrer dans un magasin, le premier laissa tomber son portefeuille. Le second s'empressa de le ramasser, examina le contenu et poursuivit son chemin. Témoin de la scène, je priai sans rien dire, m'appliquant avec ardeur à savoir que Dieu n'a jamais créé un homme malhonnête. J'affirmai en silence que les enfants de Dieu sont honnêtes et que le témoignage des sens matériels n'est qu'un mensonge: l'enfant de Dieu ne peut agir que de manière correcte.
C'est alors que le premier homme se précipita hors du magasin, cherchant son portefeuille d'un air affligé. Entre temps, j'étais arrivée à l'endroit où il l'avait laissé tomber. L'autre homme fit demi-tour, revint sur ses pas et rendit le portefeuille. Il déclara en me montrant du doigt: « Cette dame m'a dit que je devais vous le rendre. » Or, je ne lui avais pas adressé la parole. C'était sa propre réaction à la Vérité divine qui avait changé le cœur de cet homme.
Il est important de ne pas entretenir de pensées négatives au sujet de son prochain. Dieu est le seul vrai Juge. Aimer son prochain consiste à reconnaître la création parfaite de Dieu en chacun. Cela veut-il dire que nous ne devrions jamais faire remarquer ses erreurs à quiconque ? Même si cela se justifie parfois, il est important de reconnaître la véritable nature de l'homme à la ressemblance de Dieu, et c'est là la meilleure façon d'aider les autres à surmonter leurs défauts.
Mais comment se comporter face à des ennemis ? Jésus nous dit: « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent. » Matth. 5:44. Nous ne pouvons le faire que si nous comprenons vraiment que chacun est l'image et la ressemblance de Dieu. Nous savons alors qu'il n'y a pas d'ennemis. Mary Eddy, qui a découvert et fondé la Science Chrétienne, nous l'explique très bien dans Écrits divers, lorsqu'elle écrit: "Aime tes ennemis" revient à dire: "Tu n'as pas d'ennemis." » Écrits divers, p. 9. Dans la mesure où nous demeurons conscients de l'homme spirituel et parfait, les sentiments d'animosité et de haine disparaissent de notre pensée et nous considérons notre prétendu ennemi comme un ami, ou du moins comme un enfant de Dieu, que nous pouvons respecter. Le fait que nous comprenions sa vraie nature d'enfant de Dieu peut l'aider à se libérer des idées fausses, facteurs d'animosité, de conflits et de tristesse. Alors, non seulement nous aimons notre prochain, mais nous l'aidons à trouver la paix, la joie, la guérison.
Notre victoire sur toute manifestation d'animosité produit un effet semblable à celui d'une pierre qui, lancée dans un lac paisible, crée des cercles concentriques de plus en plus grands à la surface de l'eau. Ne lançons donc que les pierres précieuses de l'amour à la surface de la conscience humaine, afin que cet amour, dont la portée s'élargit, finisse par embrasser toute l'humanité. Nous contribuerons ainsi, dans une large mesure, à la paix mondiale. Prions, afin d'obéir au commandement de notre Maître: « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».