A l’époque Ou je travaillais dans une section d’Amnesty International établie sur un campus, j’étais accablée par certains rapports sur l’emprisonnement et la torture de personnes innocentes. Je recevais un bulletin hebdomadaire faisant état du statut des prisonniers d’opinion dans le monde. (Les prisonniers d’opinion sont ceux qui n’ont jamais fait usage de la violence, ils sont emprisonnés uniquement à cause de leurs idées ou de leur origine ethnique.) Ce bulletin demandait une « action d’urgence ». J’écrivais donc des lettres, organisais un soutien, lançais des campagnes. J’avais l’habitude de prier pour des problèmes personnels, mais il ne m’était pas venu à l’esprit que, face à ce genre de défi, la prière pourrait constituer également une action puissante et efficace.
La Bible contient des exemples manifestes de prisonniers d’opinion libérés grâce à la prière. Dans l’Ancien Testament, le livre de Daniel rapporte que trois hommes innocents furent délivrés de la mort grâce à leur confiance absolue en Dieu. Schadrac, Méschac et Abed-Nego furent jetés dans une fournaise ardente pour avoir refusé de se prosterner devant la statue d’or du roi. Ils avaient enfreint un décret royal. Mais adorer une statue d’or, un faux dieu, aurait constitué une violation de leur allégeance au seul Dieu. Leur concept éclairé de Dieu et leur confiance totale en Lui, en d’autres termes leurs prières, constituaient leur « action d'urgence ». Ils sortirent de la fournaise sans qu’un seul cheveu de leur tête n’ait brûlé. Le Principe divin qui les avait conduits à rejeter la statue d’or avait fait fonction de loi de protection.
Dans le Nouveau Testament, les Actes des Apôtres rapportent que Paul et Silas furent emprisonnés sous prétexte qu’ils enseignaient des coutumes que les Romains n’avaient le droit « ni de recevoir ni de suivre ». Ayant été battus et jetés en prison, ils continuèrent de faire confiance à la loi supérieure de Dieu. Obéissant au même Principe divin que Schadrac, Méschac et Abed-Nego, ils ne montrèrent aucune crainte. Ils se réjouirent au contraire, priant et chantant les louanges de Dieu si bien que les autres prisonniers les entendaient. Leurs prières firent littéralement l’effet d’un tremblement de terre: « Tout à coup il se fit un grand tremblement de terre, en sorte que les fondements de la prison furent ébranlés; au même instant, toutes les portes s'ouvrirent, et les liens de tous les prisonniers furent rompus. »
Ces exemples et d’autres, tirés de la Bible, sont certainement utiles quand on pense aux prisonniers politiques d’aujourd’hui. Mais la prière a-t-elle vraiment une action efficace lorsqu’on entend parler d’emprisonnement et de torture dans d’autres parties du monde?
La réponse me vint le jour où ces rapports avaient fini par me troubler profondément. J’étais trop bouleversée pour entreprendre la moindre « action d’urgence ». Peu après, je sortis faire de la course à pied et ressentis soudain une vive douleur dans tout le corps. C’était comme si je subissais une de ces tortures dont parlait le bulletin que je venais de lire, bien que le mal sembât ne venir de nulle part. Je m'allongeai sur le bas-côté de la route, attendant que la douleur se calme.
Devant l’urgence de la situation, je m’en remis complètement à Dieu. Je priai en affirmant qu’Il était une force bonne et toute-puissante et m’efforçai calmement d’écouter Ses directives. Une phrase de Science et Santé avec la Clef des Écritures, le livre d’étude de la Science Chrétienne, me vint à l’esprit. Mary Baker Eddy, qui a découvert et fondé la Science ChrétienneChristian Science (’kristienn ’saïennce), écrit ceci: « L’omnipotence a tout pouvoir, et reconnaître quelque autre pouvoir c'est déshonorer Dieu. » Ayant médité ces mots, le message me parut clair: l’omnipotence de Dieu est absolue, elle ne laisse aucune place à un autre pouvoir.
Je compris immédiatement que je ne pouvais honorer la douleur comme une force puissante, parce que Dieu était la seule force véritable à l’œuvre. Ressentant Sa présence réconfortante, je compris que la présence de Dieu se fait sentir également dans les cellules de prison. Avec cette conscience de Sa tendre sollicitude, la sensation de douleur sembla n’être qu’une illusion momentanée.
La douleur cessa instantanément, et je me sentis complètement libre, pleine de reconnaissance et de respect. Je me relevai et me remis à courir, me rendant compte que c'était la première fois que j’avais prié au sujet de la torture. Avant toute lettre et toute campagne, il me parut désormais nécessaire de prier pour ressentir la liberté qui vient de Dieu. Je compris la valeur profonde de la prière, de l’attente calme et humble des directives de Dieu, comme base de toute action.
L’amour représentait une part importante de ma prière, notamment pour surmonter ma colère envers ceux qui recourent à la torture. Christ Jésus enseigna que le pardon est un élément essentiel de la prière. Celui qui nous a montré le chemin pardonna même à ceux qui tentèrent de le crucifier. Sa compréhension de l’amour dépassait l’humain. Elle était spirituelle et englobait tout le monde. L’amour de Jésus exprimait la puissance de Dieu, de l’Amour divin lui-même, grâce auquel il fut en mesure de libérer les autres. Ainsi qu’il est dit dans Science et Santé, à propos de Dieu, « l’Amour est le libérateur ».
J’ai aussi appris que, malgré son importance, la compassion humaine, qui certes représente un grand progrès par rapport à l’apathie et à l’indifférence, ne ressemble pas à l’amour spirituel qui guérit. Compatir à la douleur d’un autre, voire l’éprouver soi-même, ne la guérit pas. Cependant, en comprenant clairement que l’Amour divin est suprême et que l’homme — l’image spirituelle indestructible de l’Amour — est en sécurité dans cet Amour, on demeure soi-même libre et en mesure d’entreprendre, si besoin est, toutes les actions humaines nécessaires.
La guérison grâce au pouvoir de l’Amour divin est essentielle au progrès de notre liberté et de celle de l’humanité. Les guérisons spirituelles survenant dans notre propre existence ne sont pas de simples événements personnels isolés; elles bénissent inévitablement d’autres personnes, dans d’autres parties du monde, parce qu’elles démontrent l’omnipotence de l’Amour et le caractère frauduleux de tout ce qui tend à emprisonner l’homme.
On pourrait comparer la lumière de l’Amour tout-puissant, que reflètent nos prières pour l’humanité, aux bienfaits universels et impartiaux du soleil. Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy écrit: « L’Amour, exhalant l’altruisme, inonde tout de beauté et de lumière. » Elle poursuit quelques lignes plus loin: « Le soleil rayonne du dôme de l’église, darde ses rayons dans le cachot du prisonnier, se glisse dans la chambre du malade, donne de l’éclat à la fleur, embellit le paysage et bénit la terre. » Le pouvoir illimité de l’Amour divin peut atteindre tout le monde, même ceux qui sont enfermés dans des cachots.
En rentrant de ma promenade, je pus écrite des lettres demandant la libération des prisonniers d’opinion. Ces actions — lettres, pétitions, etc. — sont, sans nul doute, des démarches utiles qui valent la peine d’être entreprises. Cependant, rien ne remplace notre outil le plus puissant: la prière.