Il Y A douze ans, j'ai eu l'occasion d'être aumônier d'une prison pour hommes, en Californie. Un soir où j'attendais d'être conduit à la chapelle, le gardien m'a dit: « Pourquoi consacrez-vous du temps à venir ici ? Ces hommes-là n'en valent pas la peine. » Après avoir prié un instant, j'ai répondu: « Si vous faisiez un cauchemar, ne seriez-vous pas reconnaissant à celui qui vous secouerait pour essayer de vous réveiller de votre rêve ? » Cette conversation m'a rappelé un « cauchemar » que j'ai vécu pendant huit ans environ.
Je travaille depuis quarante ans dans les transports. Mon père exerçait déjà ce métier, j'ai donc été élevé au milieu des camions. J'avais toujours voulu me spécialiser dans les engins de traction, grues et bulldozers. Une fois que j'ai eu acquis l'expérience voulue pour prétendre à ce genre d'emploi, j'ai été étonné d'en découvrir les contraintes. Il arrivait qu'après une journée complète de travail, il nous fallait, pendant la nuit, remorquer une cargaison du sud au nord de la Californie, soit un parcours de dix bonnes heures. Parfois cet état de choses durait toute une semaine.
J'avais beaucoup de peine à rester éveillé et, une nuit, j'ai demandé à un collègue ce qu'il faisait pour ne pas s'endormir. Il m'a proposé des cachets qu'il prenait. D'abord j'ai décliné son offre, mais après avoir lutté contre le sommeil, nuit après nuit, je lui en ai demandé quelques-uns. Le premier que j'ai pris m'a permis de garder les yeux ouverts et de rester bien éveillé. J'ai trouvé cela formidable et je me suis demandé pourquoi j'avais refusé la première fois, car je n'y voyais rien de mal en définitive.
Les semaines passaient et je prenais toujours davantage de cachets. Lorsque je me couchais, je ne pouvais pas dormir, et j'en reprenais pour arriver à faire face, le lendemain. Même quand j'étais à la maison, pendant le week-end, je ressentais encore une telle fatigue dans tout le corps et j'étais de si mauvaise humeur que je reprenais des cachets: toute ma force semblait venir de cette drogue.
Pendant des années, ma femme a essayé de me réveiller. Elle m'a offert de m'aider par la Science Chrétienne, mais je me suis mis à l'injurier. Au bout de quelques années, elle a fini par me dire qu'elle ne pouvait plus supporter cette situation. Elle est allée s'installer dans une autre ville et s'est mise à travailler. Elle m'avait dit qu'elle continuerait toujours à affirmer ce qui était vrai de l'enfant de Dieu que j'étais. Je me souviens avoir pensé: « Enfin, je ne serai plus obligé d'écouter ce qu'elle raconte de la Science Chrétienne. »
J'ai continué à vivre de la même manière, mais, au bout de quelque temps, je me prenais moi-même en grippe. Je me suis rendu compte de tout ce que j'avais perdu. J'ai essayé d'arrêter les cachets. J'en consommais entre vingt-cinq et trente par jour. Une bonne partie du temps, je ne savais même plus ce que je prenais. Je me faisais donner des ordonnances par deux médecins, et j'achetais aussi des cachets au marché noir. Je n'avais pas la volonté de m'arrêter, ce qui me déprimait profondément.
Un dimanche matin, à la radio, j'ai entendu une émission de la Science Chrétienne. On y relatait des guérisons qui s'étaient produites grâce à cette Science. Une jeune femme a raconté qu'elle avait été guérie de la même dépendance que la mienne. Je me croyais seul à avoir un tel problème; mais elle avait été aussi sérieusement touchée que moi. Elle m'a rendu espoir et courage.
Ensuite, j'ai téléphoné à ma femme pour lui faire part de ce que je venais d'entendre. Je lui ai demandé si elle pouvait envisager de revenir vivre avec moi et lui ai dit que j'aimerais résoudre le problème grâce à la Science Chrétienne. Elle a accepté de revenir. Les mois qui ont suivi, elle a prié avec moi. J'avais changé d'emploi et je rentrais à la maison dans l'après-midi. Je prenais la Bible et Science et Santé de Mary Baker Eddy avec le Livret trimestriel de la Science Chrétienne et me mettais à étudier la Leçon biblique de la semaine. Installé à la table de la cuisine, en face de ma femme, je fumais tout en lisant. Au bout de trois à quatre semaines, un après-midi où j'étudiais la leçon, j'ai allumé une cigarette: elle avait un goût affreux. Je l'ai éteinte et, depuis lors, je n'ai plus jamais eu envie de fumer. Cette guérison m'a donné de l'espoir et m'a incité à poursuivre mon étude de la Science Chrétienne.
Notre fille m'avait fait cadeau d'un exemplaire broché de Science et Santé, que j'emmenais avec moi dans mon camion. La première page du chapitre intitulé « La prière » débute ainsi: « La prière qui réforme les pécheurs et guérit les malades est une foi absolue dans le fait que tout est possible à Dieu — une compréhension spirituelle de Dieu, un amour détaché de soi-même. » Je ne comprenais pas tout ce que je lisais, mais je réfléchissais beaucoup à la foi absolue et à l'amour détaché de soi-même, et je commençais à croire qu'effectivement tout était possible à Dieu. Je me suis aussi attaché à ces versets des Proverbes: « Confie-toi en l'Éternel de tout ton cœur, et ne t'appuie pas sur ta sagesse; reconnais-le dans toutes tes voies, et il aplanira tes sentiers. »
Je n'étais pas encore capable d'abandonner les cachets, mais j'en réduisais la dose. J'avais peur d'y renoncer complètement. Cependant, à mesure que j'étudiais la Science Chrétienne, je sentais sous mes pieds le roc du Christ, la Vérité, et je n'ai pas tardé à renoncer aux cachets pour de bon.
J'étais heureux, car je me rendais compte qu'il s'agissait d'un cauchemar et qu'après avoir été secoué, je m'en étais réveillé. Mais j'avais encore d'autres choses à apprendre. Tout en étant extrêmement reconnaissant d'avoir été réveillé de cette dépendance, je ressentais une grande honte d'avoir succombé à une telle faiblesse. Je m'étais toujours targué d'être fort et cette situation m'avait fait tomber très bas dans ma propre estime. C'était comme si, après avoir été guéri de ma dépendance, j'étais resté marqué d'une cicatrice.
Puis un jour, un verset de la Leçon biblique a attiré mon attention: « Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n'a point à rougir, qui dispense droitement la parole de la vérité » (II Timothée). J'ai vu nettement que ce qui m'incombait, c'était de plaire à Dieu, non aux hommes. Et ce verset de l'Ecclésiaste m'a aussi éclairé: « J'ai reconnu que tout ce que Dieu fait durera toujours, qu'il n'y a rien à y ajouter et rien à en retrancher, et que Dieu agit ainsi afin qu'on le craigne. Ce qui est a déjà été, et ce qui sera a déjà été, et Dieu ramène ce qui est passé. » A ce moment-là, j'ai vraiment vu la création parfaite de Dieu. J'ai compris que rien ne pouvait s'ajouter à cette création, ni s'en retrancher, et que l'homme ne peut vivre que dans le présent. Hier appartient à Dieu, demain également.
Je suis très reconnaissant envers la Science Chrétienne et envers ma chère épouse pour la façon dont elle met cette Science en pratique. Cela m'a réveillé de mon rêve. Je suis également reconnaissant à la personne qui a raconté sa guérison au cours de l'émission de radio. Depuis ma guérison, j'ai suivi le cours de Science Chrétienne et j'ai été Premier Lecteur dans une filiale de l'Église du Christ, Scientiste. J'ai eu aussi de nombreuses autres guérisons. Je suis extrêmement reconnaissant.
Laguna Niguel (Californie), U.S.A.