Lorsqu’on parle de ce qui est essentiel à la vie, on pense souvent au strict minimum. Mais si on devait se faire une idée claire des choses réellement essentielles, on verrait qu’elles comblent tous les besoins. Ou du moins, elles seraient si importantes à nos yeux, que toute autre chose perdrait réellement son attrait par comparaison.
A une certaine époque, nous vivions financièrement au jour le jour. Bien que ce ne fût ni la première ni la dernière fois que nous affrontions des défis d’une telle ampleur, ces occasions répétées de réfléchir à ce qui avait véritablement de l’importance pour nous furent des moments inoubliables. Nous avons découvert que nous ne désirions rien tant que l’amour, la confiance, l’espoir et le sentiment d’être proche de Dieu. Cette prise de conscience commune nous a rapprochés les uns des autres.
Nous avons décidé de lire Science et Santé de Mary Baker Eddy d’un bout à l’autre, avec cette importante question à l’esprit: « Qu’est-il réellement exigé de nous ? » Des changements très importants sont alors intervenus dans notre vie. Je ne peux pourtant pas dire que nous avons bénéficié d’une arrivée massive d’argent. En fait, nous avons dû vendre certaines de nos affaires afin d’aller dans le sens que nos prières semblaient indiquer. Cependant, nous avons effectivement beaucoup appris au sujet de ces choses en lesquelles nous avions vraiment confiance. Et nous en sommes venus à penser que la première chose essentielle à la vie, c’est d’apprendre où placer sa confiance.
La confiance est essentielle à la guérison chrétienne. Et la guérison chrétienne est essentielle à notre vie. La guérison chrétienne ne nous ramène pas simplement à la routine matérielle de l’existence physique. Elle ne se contente pas de réparer un corps ou de recoller les morceaux d’une vie, elle nous amène au-delà de la matérialité et révèle à notre conscience la vie en Dieu. Il s’agit de la Vie qui n’est pas à la merci des tiraillements apparemment continuels de la volonté humaine, des besoins humains et du pouvoir humain. Et ce qui est peut-être le plus important, une telle existence s’inscritt dans une ferme confiance dans le bien, une confiance si forte qu’elle n’est envahie ni par la peur, ni par la haine, ni même par la menace de la mort.
Science et Santé aborde dès le début le sujet de la confiance. Dans les vingt-cinq premières pages du livre, il est plusieurs fois question de la confiance que nous accordons et du sens à donner à ce mot. Mary Baker Eddy fait notamment observer: « Une certaine foi confie son bien-être à autrui. Une autre foi consiste à comprendre l’Amour divin et la façon dont il faut travailler à son “salut avec crainte et tremblement”. “Je crois, Seigneur; viens au secours de mon incrédulité !” exprime l’impuissance d’une foi aveugle; tandis que l’injonction: “Crois... et tu seras sauvé !” exige que l’on soit digne de confiance, sûr de soi-même, ce qui embrasse la compréhension spirituelle et confie tout à Dieu. » Science et Santé, p. 23.
Mary Baker Eddy faisait ici allusion à l’une des guérisons de Christ Jésus. Un père, qui aimait certainement beaucoup son fils, était effrayé par la maladie de ce dernier. Les disciples de Jésus avaient été incapables de l’aider et cet homme se tournait à présent vers Jésus. En quelques instants, son fils fut libéré de « l’esprit impur » qui le tourmentait depuis son enfance. Par la suite, les disciples demandèrent à Jésus pourquoi ils n’avaient pu guérir le malade. La réponse de Jésus fut laconique: « ... cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne. » Voir Matth. 17:21. Un tel laconisme semble prêter à diverses interprétations. Mais quelle que soit la façon dont nous sommes amenés à comprendre la nature du besoin, il est clair que Jésus indiquait quelque chose de plus qu’un simple expédient.
Ne s’agissait-il pas en effet de ce message que Jésus mit en lumière pendant toute sa vie ? Son œuvre de guérison découlait d’une nouvelle façon de concevoir la vie, une réorientation puissante et transcendante donnée à l’existence concernant ce qu’on aime et désire ardemment et, en définitive, ce en quoi on a confiance.
Fondamentalement, c’est ainsi que la Science Chrétienne guérit. C’est cette action ou réorientation spirituelle qui se manifeste dans une certaine mesure à la fois chez celui qui guérit et chez le malade. La Science Chrétienne nous ôte notre confiance en la matière et nous ouvre peu à peu à la nature spirituelle de l’affection durable et d’une vie digne de confiance. Il est tout à fait juste que cette Science de la guérison soit contenue dans des ouvrages aussi fondamentaux que la Bible et Science et Santé. Mais nous parvenons finalement à voir que la Science, ou loi divine, n’est pas simplement contenue dans des livres, mais dans notre compréhension spirituelle qui confie tout à Dieu.
Le but réel de notre existence, c’est de nous défaire de tout ce qui tend à recouvrir ou obscurcir le pur sens spirituel de notre unité avec Dieu et de notre nature éternelle. En réalité, il ne s’agit pas de poursuivre âprement quelque chose, mais plutôt de se défaire des espérances et des ambitions matérielles. Ce qui est merveilleux, c’est que plus nous nous débarrassons de l’avidité et des préoccupations matérielles, plus l’infinitude de la bonté, de la présence et de la sollicitude de Dieu se fait jour dans notre vie. Une telle spiritualisation de notre existence finira par lui ôter toute limite, au lieu de la priver des choses qui lui sont véritablement essentielles.
Certains parviendront peut-être ainsi à vivre avec bien moins de choses matérielles et l’on éprouvera, à coup sûr, beaucoup moins d’angoisse et d’envie; d’autres auront davantage — assez pour les aider à servir le dessein de Dieu. Mais nous nous ouvrirons tous à l’action de la loi divine. Et, grâce à cette loi, nous serons capables de vaincre le mal qui cache la véritable nature de l’homme à la ressemblance de Dieu, confiant naturellement tout à Dieu.
