Je m’entretenais un jour avec un groupe d’adolescents dans un centre d’hébergement pour des jeunes qui ont quitté leur foyer, quand l’un d’eux s’est soudain mis en colère et m’a dit en termes non équivoques qu’il n’appréciait pas ma présence. J’ai eu beau lui expliquer que je me trouvais là parce que je m’intéressais à eux et que nous pouvions mieux voir ensemble tout l’amour que Dieu a pour nous, il s’est mis à proférer des menaces de violence à mon intention. J’ai senti la colère m’envahir.
Il me fallait maintenant traiter tout à la fois ma propre colère et la sienne. Je savais que, pour redresser la situation, je devais en premier lieu purifier mes sentiments. Détournant les yeux de ce garçon, j’ai prié. J’ai reconnu que le conflit n’avait pas lieu entre lui et moi, mais entre le Saint-Esprit, ou Esprit divin, et le mal. En prière silencieuse, j’ai demandé à Dieu de m’aider à percevoir l’identité de ce jeune avec le même amour que Dieu avait exprimé pour Christ Jésus par ces paroles: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection. » Matth. 3:17. J’ai compris que cette vérité s’appliquait à tous les enfants de Dieu et que ce jeune homme, ainsi que chacun d’entre nous, était bien un fils de Dieu. De plus, me rappelant l’ordre que Jésus avait donné au diable dans le désert: « Retire-toi, Satan ! » Matth. 4:10., j’ai chassé, avec un sentiment de force spirituelle, la colère et la tension que je ressentais. J’ai affirmé que l’omnipotence et l’omniprésence de la Vérité divine étaient bien là et que tous ceux qui se trouvaient dans la pièce pouvaient exprimer la réceptivité, l’humilité et l’amour.
Faisant allusion à la compréhension, semblable à celle de Christ, de l’être spirituel, compréhension qui illumina la pensée réceptive des disciples après l’ascension de leur Maître, Mary Baker Eddy écrit dans Science et Santé avec la Clef des Écritures: « L’avènement de cette compréhension est ce que signifie la descente du Saint-Esprit — cet influx de la Science divine qui illumina si glorieusement le jour de la Pentecôte et qui répète aujourd’hui son histoire de jadis. » Science et Santé, p. 43. Trois pages plus loin, Science et Santé parle encore de ce qui se produisit chez les disciples: « Ses disciples reçurent alors le Saint-Esprit. Cela veut dire qu’en raison de tout ce qu’ils avaient vu et souffert, ils furent réveillés à une compréhension plus étendue de la Science divine, voire à l’interprétation et au discernement spirituels des enseignements et des démonstrations de Jésus, ce qui leur donna une faible conception de la Vie qui est Dieu. » Ibid., p. 46.
Notre « faible conception de la Vie qui est Dieu » eut un prolongement extraordinaire ce jour-là. Sans m’adresser directement au jeune homme, j’avais repris le travail avec le groupe, tout en continuant à prier. Une quinzaine de minutes plus tard, le garçon leva la main et, d’un ton qui avait perdu toute agressivité, expliqua que sa modeste foi en Dieu l’avait aidé à surmonter la toxicomanie et le désir de se suicider. Deux jeunes filles demandèrent qu’on les aide à surmonter le désir de mourir. L’humilité, la sincérité et une affection véritable régnaient dans la salle. D’autres jeunes racontèrent comment l’humble compréhension qu’ils avaient de Dieu leur avait permis d’échapper à la solitude, à la peur et même à des mauvais traitements.
Un véritable sentiment de « Pentecôte » avait transformé l’atmosphère mentale: la colère, l’orgueil et la crainte avaient cédé au baptême du repentir, de l’altruisme et de l’amour. Ces jeunes avaient ressenti l’élan altruiste de l’Amour divin, élan qui les incitait à s’aider mutuellement à surmonter leurs problèmes. Leur foi en Dieu prenait un nouvel essor. En dépit des souffrances qu’ils avaient endurées, ils se sentaient poussés à évoquer les bontés de Dieu et à exprimer leur reconnaissance.
Une semaine plus tard, j’ai revu le jeune homme; il m’a confié, ainsi qu’à plusieurs autres, qu’un changement remarquable s’était opéré en lui depuis la dernière réunion. Un nouveau sentiment de liberté, de paix et d’amour avait remplacé la colère intense qui l’avait si longtemps habité.
Nous ne devrions jamais douter du pouvoir guérisseur du Saint-Esprit. A mesure que nos pensées et nos attitudes se règlent sur la connaissance et sur l’esprit de la Vérité et de l’Amour divins, notre caractère se réforme, nos relations s’harmonisent et notre corps se rétablit. Lorsque nous recherchons la guérison, nous nous appuyons sur le fait scientifique que Dieu, l’Esprit infini, a créé l’homme et l’univers parfaits et spirituels. L’étude de la Science Chrétienne nous ouvre les yeux sur cet homme spirituel et semblable à Dieu qui constitue l’être véritable de chacun. Stimulant notre sens spirituel, elle nous aide à reconnaître qu’un Principe infiniment bon qui a tout créé ne pouvait manifester en l’homme rien d’autre que Sa propre substance divine. C’est là un fait spirituel qui se développe dans notre pensée lorsque nous exprimons une humilité et une réceptivité d’enfant. Un tel progrès ne vient pas toujours facilement, mais, quand nous persistons à étudier, à prier et à nous corriger, notre vie commence à prendre, dans une certaine mesure, le ton et le pouvoir célestes qui lui sont naturels.
Saisir davantage l’immense réalité spirituelle qui est en nous éveille dans notre cœur l’altruisme, la joie et l’affection. Dans ce qu’il disait et faisait pour autrui, Jésus démontra qu’une telle compréhension divine porte en soi l’amour du Christ. Il pardonna à ses ennemis et aux pécheurs, nourrit les affamés et rendit la santé au corps humain. Il vivait le Saint-Esprit, en contraste flagrant avec l’hypocrisie et le formalisme des pharisiens et des sadducéens. Il vivait en s’oubliant lui-même, vibrant d’amour pour Dieu et pour l’humanité.
Nous avons à notre disposition les démonstrations et les enseignements du Sauveur, rapportés par la Bible, mais pensons-nous vraiment qu’il soit possible et réalisable de vivre comme Jésus ? Voici ce qu'il dit lui-même: « Celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la trouvera » et « Celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes. » Matth. 16:25; Jean 14:12. Nous pouvons être reconnaissants de ce que la Science divine nous permet de voir se réaliser ses promesses. Cette Science est le Saint-Esprit ou Consolateur promis qui balaie nos doutes et nos hésitations.
Tout ce que nous y perdons, c’est un concept de Dieu et de l’homme fondé sur la matière, une croyance mortelle insidieuse qui est la cause de toute la souffrance humaine. Reconnaissant les effets inharmonieux que les croyances matérielles ont sur notre existence, nous décidons, pleins d’ardeur, de remplacer ces croyances par les faits scientifiques de l’être. Nous ne perdons là rien de précieux, mais nous gagnons la connaissance de la gloire et de la substance divines qui nous ont toujours appartenus. Nous acquérons la conviction du pouvoir et de la présence inviolables de l’Esprit, de son amour inconditionnel, de ses bienfaits. Nous percevons qu’il nous soutient comme un père et nous réconforte comme une mère. Nous sommes délivrés de la tendance mortelle à succomber à la crainte, à la colère, à la sensualité, à la volonté humaine, à toute la « pacotille » mortelle qui est contraire à la grâce et au pouvoir spirituels. Nos pensées changent à mesure que ce levain de l’Esprit agit sur nos perceptions et nos affections. Grâce à cette régénération de la conscience individuelle, l’idée spirituelle de Dieu, le Saint-Esprit, se manifeste davantage dans notre vie. Nous apprenons à aimer la substance de l’Esprit et à la rechercher pour la gloire de Dieu.
Mary Baker Eddy écrit: « Moins les mortels ont conscience du mal ou de la matière, plus il leur est facile de se soustraire au péché, à la maladie et à la mort — qui ne sont que des états de fausse croyance — et de s’éveiller du rêve agité que constitue une conscience dépourvue d’Entendement ou de Créateur. » Unité du Bien, p. 50.
Tout le bien qui fait l’objet de nos efforts et de nos espoirs est déjà une réalité présente, car il symbolise l’omniprésence de Dieu, la Vie, la Vérité et l’Amour divins. Nous démontrons le néant de toute souffrance à mesure que nous comprenons la totalité de la Vérité. A chaque instant, nous avons l’occasion de rejeter la mortalité et d’exprimer davantage de vision, de beauté et de grâce spirituelles. Dans la mesure où nous le faisons, nous nous découvrons la même énergie spirituelle, le même pouvoir de guérison qu’ont connus les premiers chrétiens le jour de la Pentecôte.