On m'accusait de vol à l'étalage. J'avais emmené mes deux petites filles dans un grand magasin et je portais ce jour-là une veste imperméable que j'avais achetée dans ce même magasin un mois plus tôt, et dont j'avais oublié d'enlever l'étiquette. Pendant que nous faisions nos emplettes, je m'étais aperçue qu'un homme nous suivait. Il m'avait emboîté le pas jusqu'à la sortie et là, il avait saisi ma veste. C'était le garde chargé de la sécurité du magasin; l'étiquette était pour lui la preuve que j'avais volé le vêtement. Face à une personne absolument convaincue de ma mauvaise foi malgré tout ce que je pouvais dire pour ma défense, j'éprouvais un sentiment d'impuissance totale.
Tous ceux que l'on a un jour accusés à tort savent à quel point cela est pénible. Avez-vous déjà vécu cela ? Vous êtes-vous déjà dit: « Ce n'est pas juste ! » « Je fais l'objet d'une terrible injustice ! » ou: « Je suis quelqu'un de bien, je ne mérite pas ça ! » Même lorsque nous sommes foncièrement honnêtes, certains peuvent se méprendre sur notre compte, déformer nos propos ou refuser de nous comprendre. Cela semble faire partie de la vie humaine.
Si quelqu'un avait une raison valable de se sentir injustement persécuté, c'était bien Christ Jésus. Il est renversant de songer aux préjugés et aux fausses accusations qu'il dut supporter. Pourtant, la Bible nous indique qu'il n'a pas réagi ni attaqué ses accusateurs. Même à son procès, il n'a pas pris la parole pour se justifier. Pourquoi ne s'est-il pas défendu, mis en colère, pourquoi n'a-t-il pas essayé de mettre les choses au clair ? Parce qu'il savait que l'autorité infinie de Dieu, Sa loi parfaite de justice et Son immense amour réduiraient au silence tous ces mensonges, non pas par des mots, mais par la preuve que lui, Jésus, était ce qu'il disait être: le Fils de Dieu.
Mary Baker Eddy a découvert les lois et les vérités spirituelles qui permettaient à Jésus de garder sa paix et de prouver que le jugement de Dieu est suprême. Elle-même a dû supporter bien des faux jugements et des accusations mensongères. Dans son travail de Fondatrice de la Science Chrétienne, elle a souvent subi des attaques d'une extrême virulence. Mais il est un fait qu'elle n'ignorait pas: pour qu'une injustice quelconque nous blesse, il faut en avoir d'abord accepté l'autorité. La théorie selon laquelle une personne peut se tromper dans son jugement, et une autre en être la victime, est fondée sur la croyance que l'homme est un mortel vulnérable et faillible. Mais la Science Chrétienne révèle que l'univers spirituel de Dieu est la réalité, univers où n'existe ni tyran ni victime, mais dans lequel Dieu seul gouverne l'homme, Sa ressemblance, avec bienveillance.
Cet univers, le royaume des cieux, Jésus le savait proche et, par conséquent, il restait invaincu face à l'hostilité de l'homme mortel. Les flèches mentales malveillantes décochées par ses accusateurs ne pouvaient le détruire, parce qu'il ne les avait jamais acceptées dans sa conscience. Au fond, ses accusateurs ne pouvaient trouver de cible en lui. Par son exemple suprême, il nous a montré comment surmonter l'injustice, et nous pouvons ainsi de même surmonter les petites ou les grandes injustices qui nous sont faites dans la vie. Nous ne devons ni réagir ni penser que nous sommes des victimes impuissantes. Nous pouvons appliquer à la situation le raisonnement et la lumière spirituels.
Reprenons un instant ce qui semblait se passer dans le magasin.
1. On m'accusait d'un délit que je n'avais pas commis.
2. Le garde était entièrement convaincu de ma culpabilité. (Il restait sourd à mes protestations d'innocence.)
3. L'amour-propre jouait un grand rôle dans cette histoire, autant chez le garde qui ne voulait pas céder que chez moi dont la fierté était blessée.
4. J'avais été négligente. Si j'avais enlevé l'étiquette, tout cela ne serait pas arrivé. Je m'en voulais de ma sottise.
5. Deux esprits, visiblement, ne se rencontraient pas.
Examinons maintenant la situation d'un point de vue spirituel, comme nous l'enseigne la Science Chrétienne, pour déterminer ce que Dieu sait:
1. L'enfant de Dieu, pur et parfait, n'est jamais une victime.
2. Dieu est l'Entendement, et seul, l'Entendement gouverne. Un unique Entendement gouverne les actes de tous.
3. Il n'y a qu'un seul Ego, Dieu. Donc, ce qui bénit l'un bénit tous.
4. L'homme créé par Dieu n'est pas étourdi. Il reflète l'Entendement infini, qui jamais n'oublie ni ne laisse échapper aucun détail nécessaire au bien-être de l'homme.
5. Quand Dieu gouverne, et il n'est pas d'endroit, en réalité, où l'Esprit divin ne gouverne pas, toute activité est harmonieuse.
Ce jour-là, dans le magasin, j'ai prié pour sentir la présence du Christ et pour voir le gouvernement divin. En premier lieu, j'ai affirmé mentalement la vérité scientifique concernant cette situation. Puis, en m'appuyant sur ma nature véritable d'enfant parfaite de Dieu, Son reflet spirituel, j'ai réfuté toutes les prétentions matérielles figurant dans la première liste de « faits ». J'ai vu que, dans la Science, je ne pouvais être victime d'un manque de jugement, de ma part ou de celle d'un autre, car l'enfant de Dieu a la domination sur toute la terre. Pour finir, je me suis efforcée d'éprouver de l'amour pour ce garde. Je l'ai aimé en sa qualité d'enfant de Dieu. Et j'ai eu du respect pour sa conscience professionnelle. J'étais persuadée qu'il tirerait lui aussi un avantage de cet incident.
Cependant, après une heure d'arguments, je n'étais toujours pas arrivée à le convaincre de mon innocence. Il a pris mon nom, mon adresse, mon numéro de téléphone (et la veste !) et j'ai pu enfin repartir avec mes enfants. Je dois ajouter que j'avais fait preuve de courtoisie et de respect envers cet homme, mais que j'avais dû fournir un effort immense pour refouler mes larmes.
Lorsque j'ai pénétré dans le supermarché qui se trouvait à côté, je me suis mise à prier de nouveau, avec une ferveur accrue. « Mon Père, aide-moi à reconnaître que je suis Ton enfant ! Aide-moi à revendiquer ma maîtrise de la situation ! » Je savais que le seul pouvoir dictant le cours de ma vie (ou de celle des autres), c'est l'unique Entendement, Dieu, qui manifeste en l'homme l'intelligence, la pureté, la justice infinies. Quels que soient nos accusateurs matériels, nous pouvons garder la conviction que l'homme est gardé et protégé par Dieu.
Des messages angéliques ont alors envahi ma conscience. Te rends-tu compte comme c'est merveilleux que Dieu soit notre seul Juge ? Pense un peu à ce qu'Il juge: la perfection ! En ce moment même, Il juge l'homme innocent, intelligent, véridique, beau, parfaitement digne d'être aimé. Jésus, l'exemple de l'homme idéal, a entendu cette déclaration divine: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. » Matth. 3:17. Quel jugement ! Le verdict est déjà rendu. Nous sommes les enfants spirituels et bien-aimés de Dieu. C'est le seul jugement auquel nous soyons soumis.
Comprenant que Dieu était mon seul Juge, j'étais remplie de gratitude et complètement libérée du profond découragement engendré par l'incident du « vol à l'étalage »; transportée de joie, j'ai oublié toute l'histoire. J'ai fait ce que j'avais à faire, c'est-à-dire l'approvisionnement de la famille, tout en appréciant ce moment de détente avec mes filles. C'est à mon sens l'un des aspects les plus étonnants de cette aventure. Le Christ m'avait révélé de façon si nette que mon Père aimant était mon seul Juge, que j'ai été à même de m'élever audessus de cette fausse accusation et, en fait, de l'oublier.
Nous avions presque terminé nos achats, lorsque j'ai entendu quelqu'un m'appeler par mon nom. Me retournant, j'ai reconnu le garde, ma veste à la main. Il m'a expliqué qu'après mon départ, il n'avait pu s'empêcher de repenser à mon cas.
Je lui avais dit que ce matin-là j'avais pris le petit déjeuner avec mes filles dans un « fast-food » voisin et que, peut-être, quelqu'un pourrait se rappeler de moi et de ma veste. Comme l'endroit était très fréquenté et que des centaines de clients y avaient sans doute défilé, le garde avait pensé peu probable qu'on m'ait remarquée et il n'avait pas voulu poursuivre les investigations. Cependant, après mon départ, cette idée le tracassait tellement qu'il avait quand même appelé le directeur du restaurant pour vérifier, et quelqu'un se rappelait effectivement de nous. Il a ajouté qu'on n'avait pas pu lui décrire ma veste, mais qu'on était sûr que j'en portais une et que cela lui suffisait comme preuve. (Était-ce vraiment le même homme qui avait été si inflexible deux heures plus tôt ?)
Rendez-vous compte ! Il avait fouillé cet immense supermarché pour me retrouver. Pour finir, il m'a dit: « Je vous prie de m'excuser pour tout ce qui s'est passé. » Lorsqu'il s'est éloigné, je suis restée immobile au milieu du magasin en pensant: « Merci, merci mon Dieu. » Lorsque l'œuvre de Ses mains est si évidente dans notre vie, nous sommes vraiment remplis d'allégresse.
Quand nous prions avec la conviction que Dieu seul gouverne notre vie, nous pouvons vaincre l'injustice. Dieu seul est notre Juge. Ce jugement ne comporte aucune fausse accusation, aucune persécution cruelle. Le jugement de Dieu est toujours plein d'amour. Nous pouvons ressentir cet amour et aussi la confiance qu'éprouvait Christ Jésus, parce que le Christ est avec nous à tout moment.
« L'homme chrétiennement scientifique reflète la loi divine et devient ainsi une loi pour lui-même » Science et Santé, p. 458., écrit Mary Baker Eddy dans Science et Santé, le livre d'étude de la Science Chrétienne. Comprenant cela, nous pouvons voir la loi parfaite de la justice divine s'exercer dans notre vie et prouver que Dieu est notre seul Juge.
