A un moment ou à un autre, nous sommes tous confrontés à cette question: Comment évaluer la qualité spirituelle de notre vie et la situer par rapport à celle des autres ? La question se posa pour l’apôtre Pierre après que Christ Jésus lui eut demandé: « Pais mes brebis », en prévision des jours et des années à venir où lui, Jésus, ne serait plus en personne auprès d’eux.
Pierre s’enquit au sujet de Jean: « Et celui-ci, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? »
Lui faisant comprendre que le disciple aurait son propre travail à accomplir, Jésus répliqua: « ...que t’importe ? Toi, suis-moi. » Jean 21:21, 22.
Nous n’échappons pas à ce genre de question.
Un de mes amis m’interrogea un jour sur le fait d’être Scientiste Chrétien. « Vous n’êtes pas nombreux », remarqua-t-il. Il se demandait ce qui se passait lorsqu’on choisissait un style de vie qu’un grand nombre ne partageait pas.
La Science Chrétienne était nouvelle pour moi. Ses enseignements possédaient une telle puissance spirituelle et me donnaient une telle assurance de la présence constante de Dieu que je pensais que cela n’aurait aucune importance si j’étais le seul Scientiste Chrétien au monde. Mais il se passa quelque chose d’inattendu. L’étude et la pratique assidues de la Science m’ouvrirent au désir de faire partager cette compréhension de Dieu. Je ressentais un nouvel espoir et désirais tout naturellement que les autres éprouvent un sentiment de même nature.
Mû par ce nouveau désir, il m’importait à présent de ne pas être le seul Scientiste Chrétien au monde. Et pourtant, je me trouvais devant cet enseignement chrétien qui conçoit une tout autre façon de répandre la parole de Vérité en ne se contentant pas de « convertir » ou de persuader le monde d’adhérer à ses préceptes.
La Science apporte la compréhension spirituelle de l’infinitude de Dieu et de Son expression spirituelle, l’homme, c’est-à-dire vous et moi et, en réalité, chacun d’entre nous. A mesure que cette vérité fait son chemin en nous, nous voyons que c’est un amour fait d’abnégation de soi et la véritable guérison physique et morale qui doivent donner la preuve de la réalité spirituelle transformant l’existence humaine; ce n’est pas l’émotion soulevée par les efforts personnels pour persuader et convaincre. Grâce à l’amour, on voit peu à peu que chacun est déjà uni à Dieu, inclus dans la distance focale d’un Entendement divin unique qui le gouverne.
Une personne de ma famille, pour qui j’éprouvais beaucoup d’affection, tomba malade peu de temps après que j’eus commencé à étudier la Science Chrétienne. La Science était devenue un sujet de controverse dans le cercle familial; on la comprenait mal, moi y compris. Le jour où la maladie sembla soudain s’aggraver fut également celui où je parvins à mieux percevoir la totalité de Dieu que je ne l’avais fait auparavant.
Peut-être à cause des malentendus et de l’opposition qui accompagnaient souvent nos conversations sur la Science, je n’étais pas loin de penser que certaines personnes étaient plus proches de Dieu que d’autres, du moins par leur façon de répondre à Sa sollicitude spirituelle. C’était une croyance subtile contraire à la Science.
Ce fut un moment difficile, mais Science et Santé de Mary Baker Eddy devint pour moi un guide. J’y découvris cette déclaration: « L’Amour peut faire de la circonstance même que, dans votre souffrance, vous appelez un châtiment et une affliction, un ange que vous avez reçu pour hôte sans le savoir. Alors la pensée murmure doucement: “Venez ! Quittez votre faux état de conscience pour vous élever jusqu’au vrai sens de l’Amour, et contemplez l’épouse de l’Agneau — l’Amour uni à sa propre idée spirituelle.” » Science et Santé, p. 574.
Il est fait ici allusion à la vision spirituelle qu’eut saint Jean de l’unité permanente de l’homme avec Dieu, telle qu’elle est rapportée dans le dernier livre du Nouveau Testament. Cette vision triomphe de la conception personnelle et matérielle de l’homme pour laquelle nous sommes tous plus ou moins séparés du gouvernement de Dieu et ignorants de Sa miséricorde. Cette vision puise son origine dans une affection divine parfaite qui inclut tout et répond aux besoins des hommes. C’est la réalité de l’Amour divin qui se révèle dans la vie humaine.
Le sens spirituel de cette réalité imprégna ma pensée, calmant la crainte que j’éprouvais pour la santé de l’être cher. Survint une phase décisive à l’issue de laquelle la maladie régressa et l’harmonie se rétablit. Ce fut aussi un tournant décisif dans mon étude toute récente de la Science Chrétienne.
Une conception tremblante et matérielle de l’existence est liée, sous bien des aspects, à la croyance que nous sommes tant soit peu séparés de la sollicitude et du gouvernement de Dieu. Mais le sens spirituel existe en chacun de nous et ne peut jamais se perdre. C’est ce sens éternel qui doit finalement apparaître dans la pensée humaine. Ne serait-ce pas là une explication logique et réaliste de ce que Christ Jésus attendait des autres ? Cela ne faisait-il pas aussi comprendre pourquoi il était si sûr que d’autres pourraient être guéris grâce au traitement spirituel ?
Chacun de nous est tellement plus que ce que nous en discernons à la surface. A mesure que nous comprenons que la force de la bonté, de la santé et de la sagesse fait en permanence partie de notre véritable identité, notre attitude à l’égard des autres et de ce que nous considérons comme possible ou inévitable commence à changer.
La spiritualité est la base même de la vie. Cette idée que l’homme est l’expression de Dieu ne cesse de surgir à la pensée, même si nous ne semblons rien faire de bon. Jésus parlait à ce propos de filialité. L’apôtre Paul utilisait une expression plus générale: l’homme nouveau. Quels que soient les mots, quand nous discernons que la réalité première de la vie est divinement bonne, nous commençons alors à percevoir qu’elle est aussi le fondement actuel de notre être.
Considérant la vie de ce point de vue spirituel, nous acquérons la force et la certitude qui sont indispensables à la guérison chrétienne et à la renaissance, et qui nous permettent de rejeter toutes craintes et idées préconçues pour triompher de l’opposition. Alors nous pouvons prier: « Père, que veux-Tu que je fasse ? »
C’est la Vérité et l’Amour divins qui persuadent chaque homme et chaque femme. Comprenant cela, même nos raisonnements et nos discussions concernant la Science Chrétienne et sa méthode de guérison n’exprimeront pas tant un désir personnel de convaincre les autres que Dieu Se révélant Lui-même à chacun de nous.
