Sous bien des rapports, les divisions de toutes sortes engendrent à notre époque un malaise particulièrement troublant. Il est évident que le XXe siècle n'a pas le monopole de ce mal; une lecture de l'histoire peut aisément nous en convaincre. Et pourtant malgré tous les discours visionnaires sur la communauté du monde, malgré les énormes progrès des transports, malgré même les systèmes de communication fantastiques qui peuvent relier les divers points du globe en leur apportant la connaissance instantanée des événements du jour, le cœur aspire parfois à connaître, à connaître vraiment, le voisin du coin. Nous aspirons à comprendre et à être compris, à nous intéresser aux autres et à susciter leur intérêt.
Les divisions sont particulièrement tristes à observer lorsqu'elles apparaissent dans la vie religieuse d'une société. Dans le vaste domaine du christianisme, par exemple, il existe aujourd'hui, à proprement parler, des centaines de sectes et de confessions variées. De nombreux groupes de chrétiens, il est vrai, travaillent et prient avec conscience pour l'établissement d'un véritable esprit d'unité dans le monde. Mais on ne peut nier l'existence, au sein d'églises données ainsi qu'entre confessions différentes, d'éléments de soupçon et d'amertume qui ne font pas avancer la guérison ni les progrès dans la compréhension du royame des cieux, lequel, selon Jésus, est déjà proche. N'oublions pas que le Maître a fait cette observation surprenante il y a près de deux mille ans !
Le royaume de Dieu est-il bien présent, est-il réel ? Les paroles de Christ Jésus énonçaient-elles une vérité fondamentale, si radicale soitelle, ou bien sa vision ne représentait-elle que l'espoir naïf d'un idéaliste primitif ? Laquelle de ces deux explications accepterons-nous de croire ? Et quelles sont nos responsabilités, une fois que notre choix est fait ?
La Fondatrice de leur Église a fait aux Scientistes Chrétiens des recommandations fort éloquentes, applicables à tous les membres, bien qu'à l'époque, elle les ait adressées spécifiquement au Conseil des conférences de la Science Chrétienne. Dans un numéro ancien du Christian Science Sentinel, Mary Baker Eddy a écrit en effet: « Le Conseil des conférences est obligatoirement porté à être charitable envers tous et à ne haïr personne, comme il en a aussi reçu la recommandation. Le but de ses membres est de servir les intérêts de l'humanité et de consolider les liens de la fraternité chrétienne, dont chaque maillon contribue à élever l'ensemble de la chaîne de l'être. » (Cette déclaration a été plus tard reproduite dans The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, page 338.)
Par où commencer pour « consolider les liens de la fraternité chrétienne » ? Il serait peut-être bon de commencer tout à côté de nous, dans notre famille et dans notre église, en traitant nos maris et nos femmes, nos enfants, nos pères et mères, nos amis membres, comme nous voudrions qu'ils nous traitent: avec compassion, patience, indulgence, compréhension, prévenance, amour.
Nous pourrions aussi prendre un nouveau départ dans notre quartier et au niveau de notre commune. Avons-nous hésité à parler gentiment, ou même à parler tout court, à certains de nos voisins, parce que leur profession, leur style de vie ou l'église qu'ils fréquentent sont différents des nôtres ? Ce genre de réticence ne cadre pas très bien avec les instructions que Jésus a laissées à tous ceux qui suivent ses enseignements. Jésus a consacré du temps, et beaucoup d'efforts, à toutes sortes de gens que étaient « différents ». Il a encouru le risque d'être qualifié à tort de buveur ou d'être appelé l'ami des publicains et des pécheurs, parce qu'il prenait son ministère au sérieux. Jésus prenait au pied de la lettre ses propres paroles: « Allez par tout le monde. »
Même lorsque les autres ne comprenaient pas, n'appréciaient pas ce qu'il représentait, derrière chaque réponse de Jésus, il y avait l'élan d'un amour véritable. Il dit à ses disciples qu'eux aussi devaient aimer, et qu'ils devaient prier lorsqu'ils rencontraient l'esprit de division ou l'hostilité. Les paroles de Jésus, comme ses actes, avaient en elles de quoi consolider. Il pansait les cœurs, régénérait les vies, établissait une confrérie de saints.
La prière est d'une importance capitale. La Science ChrétienneChristian Science (’kristienn ’saïennce) se voue à aider les gens à apprendre à prier d'une manière qui puisse aider vraiment leurs semblables. La prière peut sans aucun doute conduire à la guérison de l'esprit de division, car, lorsque la prière fait sincèrement écho à ce qui est vrai de Dieu et de l'homme, et qu'elle le formule, elle commence par changer la personne qui prie. La prière nous dit ce qu'est la réalité et, petit à petit, elle nous y amène. Notre vie devient alors un exemple. L'esprit de division perd de son emprise sur nous et nous n'encourageons plus cette tendance chez les autres par nos paroles ou nos actes, ou par l'absence de nos paroles et de nos actes.
Il est indéniable que tout effort fourni, si modeste, si humble soitil, en vue d'offrir des réponses chrétiennes au monde qui nous entoure apporte quelque chose à quelqu'un. Le ciment qui consolide s'ajoute à chaque coup de truelle. Tout comme les pierres de fondation sont posées une à une, les cœurs s'unissent l'un après l'autre.
La prière dans la Science Chrétienne fait ressortir le fait spirituel que Dieu est l'Amour infini, l'Entendement indivisible. Cet unique Entendement se reflète dans son idée spirituelle, l'homme. L'homme créé par Dieu n'est pas plus un être divisé ou divisible que ne l'est son Créateur. L'unité divine de Dieu et de l'homme est maintenue dans toute Sa création. La paix parfaite exprime la réalité permanente de la famille de Dieu. L'amour parfait communique l'harmonie éternelle.
L'hypothèse que nous sommes tous des mortels en concurrence — pour l'espace, le pouvoir, la prééminence, les ressources, la survie — relève d'une vaste supercherie. Nous sommes en vérité l'homme créé par Dieu, Son reflet spirituel, chacun étant également apprécié et digne d'estime. Nous sommes en réalité unis par le lien de l'Amour universel et pourvus de tout bien.
Quand notre sens spirituel entrevoit cette réalité en ce qui nous concerne, nous comprenons aussi que cela doit être vrai pour tout le monde. Les divisions ne peuvent plus alors représenter de menace pour nous. Le malaise est étouffé. Il fait place, de plus en plus, au ciment consolidateur de la fraternité chrétienne: l'affection et la compréhension véritables suscitées par notre unique Père suprême. L'un après l'autre, les cœurs seront immanquablement unis en Christ, la Vérité.
