Un jour, ma mère m’appelle au téléphone pour me dire: « Martha, il y a ici des canards sauvages, il faut que tu viennes à leur secours avant qu’ils ne se sauvent dans la rue. »
Je saute dans ma voiture et je me précipite. Eh oui, sur la pelouse, une mère cane se dandine avec ses douze petits canetons, duveteux et doux.
Je m’exclame: « D’après toi, comment a-t-elle bien pu atterrir au milieu de toutes ces maisons ? » Ma mère réfléchit un instant: « Elle a dû voler jusqu’ici, au début du printemps, en cherchant un endroit pour faire son nid et pondre ses œufs. »
« Elle n’a vraiment aucune idée de la distance qui la sépare du premier plan d’eau où elle pourrait nager et trouver de bonnes plantes à grignoter ! »
Ma mère sourit. Elle sait que les animaux sauvages, en général, n’ont pas besoin qu’on s’occupe d’eux. Mais elle me dit: « Il faut absolument que tu les emmènes jusqu’à un lac. Ils n’arriveront jamais à traverser les rues tout seuls pour aller à la campagne. »
Me voyant approcher, les canetons courent se cacher sous le lierre dont les feuilles se mettent soudain à s’agiter et à pépier.
Finalement, avec bien du mal, nous réussissons à les attraper, avec leur mère, et à les mettre dans mon break. Il faut maintenant que je trouve pour eux un lieu sûr dans la nature, loin des chats, des chiens et des voitures.
Les petits sont dans une boîte, mais, une fois en route, ils se mettent à escalader les bords; ils pépient et courent en tous sens à l’arrière de la voiture. Leur mère est très inquiète. Elle caquette bruyamment, saute et bat des ailes. Elle ne sait pas qu’on est en train de la sauver avec sa couvée. Moi, je me demande: « Comment faire comprendre à cette maman canard qu’ils ne risquent rien ? » Je me rappelle alors que notre Père-Mère Dieu nous entoure tous tendrement de Sa loi d’Amour, comme Christ Jésus l’a prouvé dans ses œuvres de guérison.
Je me mets à prier pour être consciente de la présence de Dieu qui nous gouverne ici même. Voici les pensées qui me viennent à l’esprit pendant que je roule sur les routes sinueuses pour rejoindre les bois et les champs:
L’intelligence de Dieu est toujours exprimée par l’homme. Je dois donc avoir la sagesse et la paix nécessaires pour conduire en toute sécurité.
Dieu communique toujours le bien à Sa création. Donc la mère cane peut être tranquille et en paix.
Dieu gouverne constamment chaque idée, avec douceur et fermeté. Les canetons peuvent donc se sentir rassurés.
Maintenant, je n’ai plus peur que la panique de la mère cane me gêne pour conduire. Celle-ci se calme. Bientôt, tous les canetons l’ont retrouvée et se sont réfugiés sous ses ailes.
Nous arrivons à un parc dans lequel se trouve un grand lac. J’entre dans un parking et je recule jusqu’à un chemin qui descend vers l’eau. J’ouvre l’arrière du break et je fais sortir la cane à force de persuasion et de douceur. Toute la couvée suit bientôt le même chemin et se précipite à toutes pattes derrière elle. Et les voilà tous partis, la cane en tête, suivie d’un sillage mouvementé de canetons bruyants. Ils disparaissent dans les roseaux de la rive.
Ils ont trouvé leur nouveau domicile ! « Merci, Père », dis-je tout heureuse, en reprenant le volant.
