S’accoutumer à la croyance qu’un ego imparfait, que nous appelons « je » ou « moi », et dont la vie se déroule dans la matière, devienne un jour parfait, c’est en réalité croire en quelque chose qui n’est nullement la Science Chrétienne
Christian Science (’kristienn ’saïennce). Le seul Je, ou Ego, c’est Dieu, lequel est d’ores et déjà parfait. La régénération chrétienne — les progrès que nous faisons en spiritualité et en obéissance — nous aide à reconnaître l’exactitude de ce fait métaphysique et à être disposés à nous familiariser avec notre individualité véritable: l’image de Dieu, Son reflet spirituel, telle qu’elle existe déjà.
Livrée à elle–même, la pensée humaine recule devant la vérité scientifique. Elle aime à se plaindre: « Mais, pour le moment, je suis moi–même ! J’ai mes goûts personnels, j’ai un caractère avec ses bons et ses mauvais côtés — et un ego ! Et je maintiens que tout ce qui affirme le contraire est faux, ou pour le moins suspect. » Mais la Science Chrétienne persiste tranquillement à déclarer qu’il n’y a vraiment qu’un seul Je, un seul Ego, qui est Dieu, et non des milliards de petits « ego » circonscrits dans la matière et séparés de Dieu.
Bien entendu, la Science Chrétienne n’enseigne nullement que nous nous trouvons tous absorbés par quelque vague nuage spirituel ! Il est certain que jamais nous ne perdons notre identité distincte. Tout au contraire, en apprenant à mieux connaître le seul Dieu, le seul Ego, nous découvrons de plus en plus notre être individuel réel. Christ Jésus, qui se savait si proche de Dieu qu’il a pu dire: « Moi et le Père nous sommes un » Jean 10:30., fut, dans toute l’histoire, une expression unique de l’état d’homme et en donna l’image la plus distinctive.
Nous avons déjà, pour la plupart, ressenti la libération qui accompagne la reconnaissance de cette vérité spirituelle. Lorsque nous nous détournons d’une identité imparfaite, installée dans la matière, nous entrevoyons le grand Dieu–principe qui donne expression à tout être, y compris le nôtre. Non seulement nous percevons mieux notre vrai moi, mais encore nous discernons davantage la splendide idée composée qu'est l’homme, et la richesse incroyable de la création de Dieu. Nous nous rendons à Dieu, en quelque sorte, et nous Lui rendons toute la création, c'est-à-dire que nous nous en remettons entièrement à Lui. Nous abandonnons la tâche impossible d’essayer de nous diriger et d’organiser notre existence en nous basant sur des perceptions humaines fragmentaires, pour rechercher une connaissance nouvelle de Dieu et de l’homme à Son image. Nous avons là un moyen fantastique de nous libérer... et de trouver la satisfaction.
Mary Baker Eddy, qui s'est un jour qualifiée elle-même de Découvreur chrétien Voir The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany 302:18–20., décrit ainsi sa vision de la Science ou de l’être réel: « Il n’y a qu’un seul Je, ou Nous, un seul Principe divin, ou Entendement, gouvernant toute existence; l’homme et la femme à jamais inchangés dans leurs caractères individuels, de même que les nombres qui ne se confondent jamais, bien qu’ils soient gouvernés par un seul Principe. » Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 588.
Logiquement, après avoir vu qu'il y a un seul Je, l’étape suivante consiste à voir qu’il y a un seul Nous. Et cela n’est pas moins indispensable.
Avons-nous, par exemple, le sentiment de faire tout notre possible pour abandonner le faux sens d’un moi dans la matière, tout en continuant de penser que « ceux d'en face ne font certainement pas tous les efforts voulus pour y parvenir de leur côté ? C’est peut-être là l’indice que nous avons à croître en maturité sur le plan métaphysique. « Ceux d’en face, des mortels qui pourraient affecter ou obscurcir la création parfaite de Dieu — vous et moi — n’existent pas ! Si nos pensées se concentrent sur d’autres mortels pénibles, ce que nous voyons en fait est seulement une animation de l’entendement mortel: le théâtre fantasmagorique de l’existence matérielle, à laquelle cet entendement attribue des identités discordantes.
A mesure que nous refusons d'entrer dans le fantasme, nous commençons à voir se manifester davantage, non seulement notre individualité véritable, mais aussi l’homme tel qu’il est vraiment: l’expression de Dieu. Nous pouvons nous permettre de ne connaître rien ni personne qui soit séparé de Dieu, pas plus un autre « je » que d'autres « nous ». Mary Baker Eddy remarque: « Le “Nous” créateur fit tout, et l’Entendement fut le créateur. Écrits divers, p. 57.
Quelle différence ce concept métaphysique introduit peu à peu dans notre façon de considérer toutes relations humaines ! Progressivement se trouve éliminée la mentalité pour laquelle existent ces « nous et eux, et qui est source de tant de chagrin et hension, de sentiments de trahison ou de conflit. Nous voyons que rien ne nous oblige à commettre l’erreur de penser qu’il y ait jamais eu plus d’un Nous. Il n’existe pas quantité d’« ego » séparés, que l’on puisse regrouper dans la catégorie des « nous ». Il y a un seul Nous, et c’est Dieu. Mary Baker Eddy nous donne ce réconfort: « L’unique Esprit renferme toutes les identités. » Science et Santé, p. 333.
Scientifiquement, cela n’implique–t–il pas que nous ne pouvons nous trouver devant une collection d’« ego » ou de « moi », divisée en « parties opposées », avec toute l’inimitié qui naît de telles opinions ? Il faut réduire l’impression que des intérêts peuvent entrer en conflit à ce qu’elle est réellement, c’est–à–dire une illusion dont la compréhension spirituelle et la connaissance de la Science divine nous délivrent. Mary Baker Eddy écrit: « Il est joliment brave, celui qui, à notre époque, ose réfuter le témoignage des sens matériels par les faits de la Science, et il parviendra, en agissant ainsi, à l’état véritable de l’homme. » Écrits divers, p. 183.
Je me rappelle un Noël où ce type de réfutation fut particulièrement efficace ! Les personnes présentes étaient des Scientistes Chrétiens, et pourtant il semblait y avoir du conflit dans l’air (bien sûr, vous n’avez jamais connu cela !) Un tel n’avait pas d’atomes crochus avec tel autre, ou était persuadé qu’il lui serait impossible de s’entendre avec lui. Tel autre paraissait orgueilleux à d’autres, et ceux–ci réagissaient. Pourtant il se produisit une sorte de ralliement, dans l’esprit de Noël, et une mise en commun de ce que Noël représentait pour chacun des participants. De plus, quelques–uns d’entre nous s’étaient mis à prier avec ferveur d’un point de vue scientifique.
A mesure que le temps passait et que chacun racontait en toute sincérité ce que Noël signifiait pour lui, quelque chose d’extraordinaire se produisait. Il semblait y avoir « contagion » des brins d’humilité et d’amour désintéressé. Une affection sincère se mit à régner dans la pièce. On sentait, de façon presque tangible, le changement qui s’opérait dans l’atmosphère de la pensée. Le Christ ouvrait la porte de la conscience à la compréhension qu’en réalité, tout est merveilleusement bon, que tout se trouve entre les mains du Père et ne saurait se trouver en meilleur endroit.
Il semblait parfaitement naturel, dans l’atmosphère chaleureuse du Christ reconnu, d’abandonner les fausses croyances au moi. Tous ceux qui se trouvaient là entrevoyaient la nature réelle de l’homme, l’homme qui vient du Père et qui exprime le désintéressement, la simplicité, l’amour, la pure intelligence, et tout ce qu’il peut y avoir de bon. Ils étaient en train, pourrait–on dire, non seulement de percevoir le seul Je, mais encore de trouver leur joie en trouvant le seul Nous.
Accepter cette réalité d’un seul Nous, qui est Dieu, libère un énorme potentiel de guérison. Cela donne un grand sentiment de liberté de se rendre compte qu’en réalité l’Esprit, Dieu, a identifié chacun de nous de la même façon qu’il l’a fait pour Jésus: « Celui–ci est mon Fils bienaimé, en qui j’ai mis toute mon affection. » Matth. 3:17. Comment pourrait–il en être autrement, puisque Dieu est le seul Créateur de l’homme ? Tout ce que Dieu crée est nécessairement à Son image; Il est ce « Nous » qui donne vie à toute identité, c’est–à–dire à l’idée composée, l’homme. Ainsi, dans l’être véritable, il n’y a ni « ego » en conflit, ni points de vue opposés, ni raison de haïr ou de craindre, ni ennemis.
Pourtant n’avons–nous pas à résister au mal, surtout à la croyance diabolique qui met toute son ardeur à s’opposer à l’esprit–Christ et à l’unité qu’il révèle ? Certes, mais nous serons bien plus efficaces si nous ne lui résistons pas comme à quelque chose de réel et si nous refusons de lui accorder la moindre identité en tant qu’homme. Nous souvenant qu’il n’existe qu’un seul Nous, nous voyons que toute difficulté n’est jamais qu’une illusion mesmérique — un mensonge — et qu’elle ne tient jamais à des individualités en conflit. Dire que nousmêmes avons un ego séparé de Dieu, ou que d’autres possèdent un tel ego, c’est désobéir à Dieu et c’est une erreur.
Mais nous est–il réellement possible d’adopter à ce sujet, dans la vie de tous les jours, un point de vue aussi « élevé » métaphysiquement ? Le fait est que la Vérité absolue ne comporte pas différents niveaux. Il n’existe qu’une seule position qui soit la Science Chrétienne, et la Vérité ne peut être démontrée à partir d’aucune autre.
De tout temps, les hommes ont accepté les divisions introduites par le sens personnel, comme correspondant à la prétendue nature de la réalité. Mais la révélation du fait scientifique de l’unicité de l’homme à la ressemblance de Dieu, unique Je et unique Nous, apporte la guérison; elle met à nu et détruit l’illusion qui a plongé l’humanité dans le brouillard des guerres — la terrible illusion que constituent la désunion et l’isolement. La vérité, c’est que l’homme est l’image, ou le produit, du Nous créateur qui est Dieu. Il n’y a rien qui coupe court aux assertions du mal si définitivement, ou qui offre une telle promesse d’unité pour l’église et le monde, que cette vérité scientifique révélée.