En langue esquimau, il existe une quantité de mots pour désigner la neige. Cela se comprend. Les Esquimaux vivent dans des régions froides où la neige est inéluctable et abondante. Dans les régions tropicales, de nombreux mots désignent les palmiers. Les mots d’une langue font ressortir ce qui est courant dans la vie des gens du pays.
Il me vient à la pensée une autre série de vocables. Règlements, promesses, serments, obligations, contrats, créances, commandements, statuts, ordonnances, garanties, conditions, pactes, tous ces termes, et je suis certain qu’il en existe bien plus encore, sont des variations sur le thème de la loi.
La loi a une influence énorme sur notre langage comme sur notre vie. Mais à moins qu’elle ne soit réellement observée, une loi peut sembler n’être guère plus qu’une abstraction. Une créance qui n’est pas remboursée est sans valeur. Une ordonnance qui est enfreinte par la majorité, sinon par tous les membres d’une collectivité, n’est guère qu’une parodie de la loi. Une promesse non tenue, une règle transgressée, un contrat qui n’a pas été honoré peuvent blesser, souiller et faire encore baisser la confiance. Si on ne peut lui faire confiance, si on ne peut se fier à elle, quels que soient les mots dont on se serve, il est difficile d’observer la présence ou les bienfaits de la loi.
Souvent, quand on considère la question de la loi, on admet implicitement qu’une loi est essentiellement une chose à laquelle on est forcé d’obéir, comme si sa mise en vigueur dépendait surtout de la force ou de l’autorité extérieures. Mais il n’existe pas de loi aussi puissante que celle qui est comprise, appréciée et observée sans réticence par ceux qui y sont soumis.
Nous pouvons considérer la Bible comme un livre sur la loi, la loi de Dieu, qui nous relate l’histoire d’hommes et de femmes qui ont respecté la loi spirituelle et profonde ou, au contraire, l’ont transgressée, pour finalement échouer dans leurs tentatives de la nier ou de la subvertir.
Certains ont sans aucun doute pensé que l’avènement de Christ Jésus entraînerait la rupture de nombreuses obligations. Cependant, dès le début du récit évangélique, il dit: « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé. » Matth. 5:17, 18.
Imaginer qu’il s’agissait là d’un homme attiré par l’autorité d’une loi uniquement cérémoniale et ritualiste, c’est se méprendre sur le mobile de son obéissance à la loi de son Père. Pour lui, cette loi n’était pas une force d’oppression aveugle. Il savait que c’était un pouvoir qui touchait le cœur des hommes jusqu’à rompre la terrible emprise du péché, de la maladie et de la mort.
La promesse spirituelle profonde de la loi de Dieu dans la vie de Jésus ne s’accomplit pas dans un système complexe de jurisprudence. C’est au contraire quelque chose de radicalement différent qui se produisait. La loi de Dieu que Jésus révélait se manifestait en libérant les gens des liens de la maladie et du péché qui les opprimaient et obscurcissaient la véritable nature de Dieu et Sa tendre relation à l’homme.
Mary Baker Eddy, dans sa découverte de la Science Chrétienne, entrevit ce concept radicalement différent de la loi de Dieu. C’était une perception qui s’était peu à peu développée pendant une longue période de sa vie. Nous en voyons la preuve dans un épisode de son enfance qu’elle considéra comme décisif. Encore très jeune, comme elle se préparait à son entrée officielle au sein de l’Église, elle eut à faire face à ce que le réformateur protestant Calvin lui-même avait appelé « l’horrible décret » de la prédestination. Elle ne pouvait accepter cette doctrine qui était le symbole du gouvernement divin de l’homme mortel par la crainte. En proie au conflit violent soulevé en elle lorsqu’elle se demanda si, mue par son désir de devenir membre de l’Église, elle devait accepter cette doctrine ou non, elle tomba grièvement malade.
Alors que l’image d’un Jéhovah impitoyable s’avérait incapable d’alléger sa souffrance, les sages paroles de sa mère y parvinrent. Mary Baker Eddy écrit à ce sujet: « Ma mère, pendant qu’elle baignait mes tempes brûlantes, me conseilla de m’appuyer sur l’amour de Dieu, ce qui me donnerait le repos, si j’allais à Lui en prière, comme j’avais l’habitude de le faire, cherchant à être guidée par Lui. Je priai; et la douce lueur d’une joie ineffable m’envahit. La fièvre m’avait quittée, je me levai et m’habillai dans un état de santé normal. » Rétrospection et lntrospection, p. 13.
Ainsi, la terrible crainte humaine du rejet de l’homme par Dieu perdit son pouvoir sur elle. Plus tard, lorsque finalement la grande révélation se fit jour dans sa pensée réceptive, cette révélation s’accompagna de la profonde assurance que Dieu est tout Vie et tout Amour, qu’Il n’a pas la moindre attitude de condamnation envers Sa création spirituelle et parfaite, l’homme. Mary Baker Eddy fut convaincue que Dieu Se révélait dans la loi divine. C’était une loi qui guérissait les malades et réformait les pécheurs.
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, décrivant la révélation de la loi de Dieu et son application pratique à guérison des malades, elle écrit: « La tendresse accompagne toute la puissance accordée par l’Esprit. » Science et Santé, p. 514.
Non seulement la Science Chrétienne apporte un nouveau concept de guérison à l’humanité, mais elle apporte aussi un nouveau concept de la loi de Dieu. C’est une loi qui prend racine dans l’affection spirituelle de l’homme ou de la femme attirés vers Dieu, non par crainte, mais par une profonde affection spirituelle qui témoigne que l’homme est l’enfant de Dieu, connu de son divin Père-Mère. Voici ce que promet la loi de Dieu: elle se révèle dans l’amour et croît en force et en puissance, guérissant et régénérant ceux qui, dès maintenant, ont faim et soif de quelque chose de meilleur.
