En entendant aux nouvelles l'annonce d'une nouvelle agression terroriste, je fus prise de colère. Il n'était pas possible, pensai-je, que le terrorisme ne constitue pas une exception, le cas unique où la règle de Jésus, « Aimez vos ennemis », ne peut s'appliquer. Comment une réaction aussi douce pouvait-elle répondre à ce problème de violence ou apaiser la peine de ceux qui comptaient des etres chers parmi les victimes ?
La lutte intérieure que j'eus sur cette question s'avéra pour moi un moment de prière particulièrement important. Cela m'éveilla au besoin que j'avais de mieux comprendre ce que Jésus entendait par le mot « aimer ». Par moments, mon affection ressemblait assez à cet amour dont il disait que les pécheurs aussi étaient capables: je m'attachais à ceux qui m'aimaient ou encore, devrais-je ajouter, à ceux dont les opinions s'accordaient avec les miennes ou à ceux qui nourrissaient les mêmes idéaux. En y songeant, je découvris que c'était un amour qui en reste au statu quo. Il ne peut ouvrir sur rien; il ne peut apporter la guérison, lorsque la haine se présente.
Pourtant Jésus ne se contenta pas de dire: « Aimez vos ennemis », il ajouta: « Priez pour ceux qui vous maltraitent. » Matth. 5:44. Fallait-il prier pour ces terroristes ? Jésus pria pour ceux qui le crucifièrent. Mais pourquoi ? Espérait-il en leur bonne volonté de répondre à cet appel au meilleur d'eux-mêmes ? Leur pardonnait-il pour créer une atmosphère qui permettrait aux autres d'avoir une meilleure opinion de lui ? Il avait ouvertement dénoncé ses ennemis, leur malhonnêteté, leur hypocrisie, leur cupidité et leurs préjugés. Avait–il cessé de les considérer comme responsables de leurs actes ?
En méditant sur ce qu'avait été sa vie — sur les guérisons qu'il avait accomplies, sur ses exigences — il m'apparut que ce qui motivait la prière de Jésus ne pouvait être quelque foi de la dernière chance dans la bonne volonté des gens ou un empressement à tirer d'affaire ceux qui agissent mal. Son amour et sa prière pour ses ennemis constituaient la plus haute reconnaissance possible du fait que Dieu, le bien infini, est le seul pouvoir. Et devant ce pouvoir, rien ne pouvait résister, pas même les actes les plus malveillants.
Tout en pardonnant à ses ennemis, il ne leur concédait jamais le pouvoir destructeur auquel ils prétendaient. Il ne reconnaissait qu'une seule volonté et ne s'inclinait que devant elle: la volonté de Dieu, l'Amour divin. Et maintenant avec persistance cet Amour omnipotent, il exprimait infailliblement le pouvoir de guérison et de régénération de l'Amour.
Lorsque Pierre tenta de sauver Jésus de la crucifixion en tirant l'épée contre ceux qui venaient le chercher, et lorsque Pilate voulut l'écraser sous son pouvoir terrestre, la réponse de Jésus consista à mettre l'accent sur l'unique source véritable du pouvoir. Sa priére du pardon exprimait cette allégeance exclusive à Dieu. Sans cette allégeance, il n'y aurait pas eu de résurrection.
Ainsi, en nous commandant d'aimer, il nous enseignait la base de toute guérison et de toute solution à un problème, si difficile et si menaçant qu'il puisse paraître. Aimer comme Jésus l'enseignait, accepter Dieu, le bien, comme le seul pouvoir et l'unique intelligence fait agir dans notre vie l'omnipotence de Dieu, la lumière de la Vérité, et l'influence purifiante de l'Amour divin. Cela nous révèle ce qui est vrai — en particulier le fait que l'homme, tel que Dieu l'a effectivement créé, est entièrement spirituel, et qu'il n'inclut aucune impulsion mauvaise.
Pour ceux qui résistent à cette lumière de la Vérité, son action purificatrice peut sembler un feu dévorant. Mais quand on cède à ses exigences, on en éprouve les effets régénérateurs et la transformation. Nous ne pouvons obliger les autres à céder à cette lumière, mais il nous est possible de vivre l'amour avec une obéissance et une persistance telles que le Christ, le pouvoir guérisseur de l'Amour soit ressenti à travers tout ce monde qui est le nôtre. C'est là une prière pour nos ennemis.
Cette prière peut ouvrir la porte à la guérison des maux et des injustices qui font naître le terrorisme, ainsi qu'en guérir les victimes. Cependant, l'amour qui écoute Dieu et Lui obéit constitue notre protection. Il nous rend moins enclins à nous laisser entraîner à une coopération involontaire avec tout ce qui voudrait nier la présence et le pouvoir de Dieu. Cette négation constitue l'unique ennemi de l'humanité.
Jésus désigna bien cet ennemi, le qualifiant de « menteur et le père du mensonge » Jean 8:44.. Paul le nomma « l'affection de la chair » Rom. 8:7.. Et écrivant dans le même esprit, Mary Baker Eddy déclare: « Tout ce que l'envie, la haine, la vengeance — les mobiles les plus impitoyables qui gouvernent l'entendement mortel — s'efforcent de faire, concourra “au bien de ceux qui aiment Dieu”. » Écrits divers, p. 10.