Pendant mes premières années d’université, beaucoup de mes amis faisaient de l’auto-stop. Nous suivions des cours dans diverses écoles de notre petite ville, et quand les autobus ne pouvaient nous y amener à temps, nous faisions du stop. Comme tout le monde le faisait, je n’ai pas beaucoup réfléchi à la question. J’aurais dû être plus avisée, et l’expérience m’a appris par la suite que ce n’était pas une chose à faire.
Ce jour-là, une de mes amies célébrait la remise de son diplôme dans une école située à cent quarante kilomètres de là. Le service d’autobus n’y allait pas et je ne pus trouver personne pour me prêter une voiture. J’étais bien résolue à m’y rendre; aussi, dès l’aube du jour de la cérémonie, j’étais au bord de la route, à faire des signaux aux voitures. L’école se situait bien au-delà des quelques kilomètres que j’avais l’habitude de faire en stop, mais j’étais sûre de pouvoir me débrouiller.
Je montai dans la première voiture qui s’arrêta, mais je remarquai tout de suite que le conducteur était très nerveux. Mon bavardage familier le rendit encore plus agité et il se mit à parler d’un film érotique que l’on projetait en ville. Je lui dis que je trouvais triste que l’on dépense tant d’argent à faire des films qui exploitaient les faiblesses des gens. L’homme cessa de parler, mais il était toujours agité et il conduisait trop vite.
Je ne me rendais pas compte que je pouvais être en danger, mais je me mis à prier, simplement parce que l’homme me paraissait bouleversé. Dans ma prière, je cherchais à mieux comprendre que l’homme est en réalité en paix avec Dieu et que rien ne pouvait troubler mon semblable. Après avoir prié ainsi quelques minutes, j’entendis à la radio une belle chanson de John Denver et j’en fis remarquer les paroles au conducteur.
« N’est-ce pas une bonne chose que la religion pénètre de plus en plus notre existence quotidienne ? » dis-je.
Soudain, l’auto fit une embardée et s’arrêta sur le bas-côté de l’autoroute, et d’une voix bourrue, l’homme me dit de sortir. « Je vous ai prise, dit-il, parce que je croyais que vous vouliez vous amuser un peu. Mais je vois bien que ce n’est pas votre genre ! »
A quelque vingt-cinq kilomètres de la ville, debout au bord de l’autoroute, je regardai la voiture s’éloigner. J’avais une curieuse sensation. Je savais que j’avais été protégée et je remerciai Dieu, mais je me rendais également compte que j’avais à faire un sérieux travail de réflexion. Ma naïveté au sujet de l’auto-stop m’avait mise dans une vilaine situation.
Une fois rentrée à la maison, je me livrai à un débat mental. Je ne pouvais nier que l’inspiration de Dieu avait assuré ma protection. Reconnaître ce fait renforçait ma conviction que je devais rechercher l’aide de Dieu, où que je me trouve. D’ailleurs, le secours m’était venu: une famille s’était arrêtée et m’avait emmenée assister à la remise des diplômes. Mais je voyais quand même maintenant qu’il serait mal de ma part de me mettre à nouveau dans une pareille situation.
Peu de temps après, j’eus une conversation avec ma tante, une Scientiste Chrétienne. Celle-ci s’intéressait à la récompense académique de mon amie, mais quand je lui dis que j’y étais allée en stop, je vis qu’elle s’efforçait de ne pas paraître trop inquiète. Il y eut un moment de silence entre nous, puis elle dit: « Je sais que nous pouvons faire confiance à Dieu en toutes choses, mais il me semble que s’il est juste d’aller quelque part, alors, il doit exister un moyen tout à fait sûr d’y aller. »
Cette idée m’intéressa: voyager sans risque, non parce qu’un moyen humain nous le garantit, mais parce que Dieu nous indique comment le faire. Je devais être honnête avec moi-même: mon désir d’assister à la remise du diplôme de mon amie avait été si fort que je n’avais pas demandé à Dieu de me guider. J’avais mis l’amitié pour mon amie en premier lieu, avant d’écouter Dieu.
Je fus frappée alors par le fait que, bien que j’aie commis une faute, Dieu m’aimait encore assez pour nous protéger, le conducteur et moi. Mais j’appris qu’un moyen plus honnête et plus sûr de faire les choses était de rechercher d’abord la direction de Dieu. Comme je lisais Science et Santé de Mary Baker Eddy, j’ai remarqué cette déclaration: « Le désir, c’est la prière; et nous ne pouvons rien perdre en confiant nos désirs à Dieu, afin qu’ils soient façonnés et élevés avant de prendre forme en paroles et en actions. » Science et Santé, p. 1.
L’une des raisons qui me faisaient souvent éviter de rechercher la direction divine était la crainte que la réponse soit négative et qu’alors je puisse rater quelque chose. Ce fut un grand changement pour moi que de faire confiance à Dieu, l’intelligence divine, au point de n’éprouver aucun sentiment d’avoir perdu quelque chose, même si ma prière aboutissait à une réponse négative.
J’appris aussi à ne pas être si sûre de moi, à ne pas penser que je pourrai toujours me débrouiller, en toute occasion. (Bien que l’auto-stop puisse être pratique commune dans certaines parties du globe, il peut être dangereux, et son mobile facilement mal interprété. En certains endroits, il est d’ailleurs illégal.) Il me fallut aussi l’humilité de reconnaître que la puissance de Dieu m’avait fait sortir de cette voiture en toute sécurité, empêchant peut-être le conducteur de se livrer à quelque acte regrettable. Je compris que c’était la Vérité qui m’avait fait prêter attention aux paroles de la radio et que l’Amour m’avait donné la sagesse d’en parler au conducteur. Mes prières avaient été importantes, parce qu’elles m’avaient mise davantage en harmonie avec ce que Dieu connaissait et faisait. Et la Science Chrétienne enseigne qu’on se gouverne bien soi-même quand on reflète le gouvernement de Dieu et non quand on utilise la prière pour accomplir ses désirs personnels.
Parfois, il nous semble important de prouver que nous sommes capables de résoudre nous-mêmes les problèmes, sans que les parents ou les professeurs aient besoin de nous dire ce qu’il faut faire. Mais la véritable question est de savoir si nous essayons de vivre selon la volonté humaine (la nôtre ou celle d’un autre) ou en écoutant les directives de Dieu. Mary Baker Eddy écrit: « Dans un monde de péché et de sensualité marchant rapidement vers un plus grand développement de pouvoir, il est sage de considérer sérieusement si c’est l’entendement humain ou l’Entendement divin qui nous influence. » Ibid., p. 82.
A la rentrée suivante, mon école se joignit à d’autres établissements pour organiser un service de navettes, ce qui fut une bonne chose. Et, bien que je sois restée deux ans de plus sans posséder de voiture, je ne fis plus jamais d’auto-stop. Depuis cet incident, j’ai trouvé intéressant d’observer que lorsque je cède à la direction divine, cela me protège. Si, guidée par la prière, je m’éloigne d’une chose que je voudrais faire, celle-ci est toujours remplacée par autre chose de meilleur.
La prière que la Science Chrétienne enseigne est assez puissante pour nous sortir des pires situations; mais nous pouvons ressentir le pouvoir de Dieu tout le long de notre route lorsque nous avons assez d’humilité pour demander d’abord qu’Il nous guide.
