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Se sentir aimé: le récit d’un voyage spirituel

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de juin 1986


Je demande à mon mari: « Tu m’aimes ? »

« Non », répond-il aussitôt.

Un mariage en difficulté ? Certainement pas ! Ces répliques sont petit jeu entre nous, qui se termine par un baiser. Mais il fut un temps où ce n’était pas un jeu.

Des années durant, j’ai posé cette question parce que j’avais constamment besoin d’être rassurée, de savoir que l’on m’aimait et que l’on se souciait de moi. Mais toutes les assurances du monde ne servaient jamais à grand-chose. Ni le fait d’entendre des mots d’amour ni celui de me convaincre par la raison que j’étais aimée ne m’aidaient à me sentir aimée, et je ne parvenais vraiment pas à comprendre pourquoi.

Je suis persuadée que mon voyage spirituel sur le chemin qui m’a conduite à la certitude que j’étais aimée a réellement commencé le jour où j’ai admis le besoin profond que j’avais de me détourner de toutes les conceptions mortelles de l’affection et de rechercher la véritable nature et source spirituelle de l’amour. Je me souviens de la première étape importante de mon voyage: c’était lorsque j’ai été délivrée de la croyance erronée, enracinée, selon laquelle l’amour serait quelque chose à mériter, au prix de batailles et de victoires quotidiennes. Je croyais vraiment que la qualité de ma « prestation » de fille, de femme voulant faire carrière, d’épouse, de membre d’église, et d’amie, déterminerait si je serais ou non aimée, et à quel point.

Quel fragile sens d’amour c’était là, un amour toujours sujet à changer en fonction d’une valeur ou d’un manque de valeur humaine, jamais prévisible, jamais fiable ! Je ne m’en rendais pas compte au début, mais ce concept mal fondé résultait d’un sens d’identité tout à fait mortel. Mary Baker Eddy, Découvreur et Fondateur de la Science ChrétienneChristian Science (’kristienn ’saïennce), écrit dans Science et Santé avec la Clef des Écritures: « L’identité est le reflet de l’Esprit, le reflet sous des formes multiples et variées du Principe vivant, l’Amour. » Science et Santé, p. 477.

Le témoignage d’un musicien, donné dans l’un des périodiques de la Science Chrétienne, m’a fait prendre conscience du fait que je m’étais servie de rôles humains pour définir mon identité, et surtout du rôle d’artiste. Pratiquement depuis l’âge de quatre ans, je m’étais perçue et identifiée de cette manière; mais j’ai vu brusquement que mon identité ne consistait pas à être artiste — ni épouse, fille, membre d’église ou amie. Je devais trouver cette identité en Christ, l’idée complète et divine de l’homme véritable, le reflet de l’Esprit. Il m’est apparu que mon individualité — mon art, en fait — résidait dans la manière sans pareille dont j’exprimais Dieu. J’ai vu que, tout comme deux artistes (ou deux mille artistes) ne pourraient jamais peindre le même sujet de la même manière, ainsi deux idées de Dieu, où qu’elles soient dans Son univers, ne pourraient jamais « peindre » ou exprimer les qualités divines exactement de la même façon.

Bon, et après ? Je comprenais ces vérités, mais est-ce que je pourrais les vivre ? J’avais pris l’habitude, dans mes rencontres, de faire connaître aux gens le plus rapidement possible ma carrière, mes réalisations, afin de me sentir digne de leur intérêt et de leur affection. Je savais que je devais arrêter de faire cela. Mais est-ce que quelqu’un m’aimerait juste pour moi ? Pour le savoir, j’avais certaines mesures radicales à prendre. Lorsque je rencontrais des gens, je devais, en silence et fidèlement, reconnaître que mon vrai moi est l’idée divine, l’homme spirituel — aimé, en sécurité, dépendant de Dieu et n’ayant besoin d’aucun soutien humain. En outre, je me retirai provisoirement de certaines activités, pour examiner avec un peu de recul le fait que toute véritable identité est l’expression de Dieu, complète en soi, indépendante de tout rôle humain. Puis, comme quelqu’un venant de se réveiller d’un long sommeil, je me rendis compte qu’il y avait de nombreuses preuves humaines du fait que la véritable affection est fondée non sur ce que nous faisons, mais sur ce que nous sommes. L’amour d’une mère n’est en général pas affecté par les succès ou les échecs humains que son enfant peut avoir. Et l’amour que les gens portent aux animaux ne dépend bien évidemment pas des exploits particuliers d’un animal.

Je commençais à voir que j’avais de la valeur, simplement parce que j’existais, et qu’en fait, le reflet spirituel est à la fois ce que nous sommes et ce que nous faisons. Pendant cette période, de nombreuses occasions se présentèrent à moi, où Dieu me fit comprendre et prouver que notre identité spirituelle brille dans la mesure où nous apportons notre expression originale des qualités spirituelles à tout ce que nous faisons.

Vous aimeriez sûrement savoir si j’ai pu constater que j’étais encore aimée par tous, bien que j’aie cessé d’essayer de persuader tout le monde que j’étais digne d’amour ! En fait, j’ai découvert trois choses qui ont complètement transcendé ce premier but limité. D’abord et surtout, j’ai constaté qu’il importe peu que les gens paraissent nous aimer ou non. J’ai compris que je n’existe pas pour me faire aimer ou me rendre aimable, parce qu’en réalité, je suis déjà à la fois aimable et aimée, puisque je suis membre de la famille chérie de Dieu. Toute absence apparente d’amour dans les relations est en réalité une illusion de l’entendement charnel, que nous pouvons surmonter par la pratique chrétienne de l’amour du prochain. Essayer de « gagner » l’amour des autres revient à nier le fait que l’amour est à nous, qu’il nous appartient de l’accepter comme don de Dieu à Son idée, l’homme, et que l’homme est déjà aimant et aimé inconditionnellement.

En second lieu, j’ai compris que c’est le magnétisme animal — l’illusion qui prétend que notre identité est la vie, la substance et l’intelligence dans la matière — qui engendre la croyance que la valeur doit être (ou peut être) acquise au lieu d’être exprimée. L’identité dérive de Dieu, elle est donc spirituelle et complète: elle n’a nul besoin d’acquérir quoi que ce soit.

Troisièmement, j’ai vu que la croyance qui veut que nous acquérions valeur et identité au lieu de les exprimer ne m’était pas personnelle. C’était une croyance générale associée à la mortalité et je n’étais pas la seule à y faire face. A cause de cela, il se pouvait fort bien que je trouve des gens essayant d’évaluer les autres et moi-même en termes de célébrité, d’exploits, de richesse, de milieu d’origine ou d’apparence; mais je pouvais rejeter et corriger cette erreur de croyance dans ma propre conscience. Je n’avais pas à tomber dans le piège de croire que les normes matérielles sont réelles pour qui que ce soit (moi y compris) et je n’avais pas à être affectée, positivement ou négativement, si les autres croyaient pouvoir me juger en fonction de telles normes. En comprenant ces faits, j’ai été libérée du besoin impérieux de plaire aux êtres humains, de la crainte d’être rejetée. Mais je ne me sentais toujours pas aimée.

Cependant, le fait de comprendre enfin que mon but dans la vie n’était pas de rechercher et de mériter l’affection des autres a servi sans aucun doute à me mettre sur la voie et à m’aider à comprendre pourquoi rechercher l’amour chez les autres impliquait, fondamentalement, une impossibilité et une violation: l’amour a sa première et seule origine en Dieu, jamais en l’homme. J’ai commencé à vraiment apprendre et à comprendre que l’Amour, Dieu, est la cause unique de toutes les preuves d’amour; que l’homme est le résultat, le produit, l’émanation, la lumière même de l’Amour, mais qu’il n’en est jamais la source. A travers le prisme de la Science divine, l’Amour rayonne dans la conscience humaine en expressions que nous appelons, selon le besoin humain, sympathie, compassion, générosité, sollicitude, tendresse, encouragement. Mais le point d’origine de cet amour ne cesse jamais d’être Dieu, l’Amour.

En fait, je me suis rendu compte que ma tâche consistait simplement à aimer, à être le témoin même de l’Amour. Or, si je ne voulais pas accepter le caractère incomplet du concept mortel de l’être, mon rôle n’était pas de m’inquiéter au sujet de l’amour humain qui pourrait ou non se présenter sur mon chemin ni d’en préciser par avance les caractéristiques. Alors qu’auparavant, j’étais obsédée par l’idée d’être aimée personnellement, désormais ce lourd fardeau était mis à bas (dans les voyages spirituels, on a tendance à se débarrasser de ses bagages !). J’étais en paix dans la mesure où je me préoccupais d’apprendre et de pratiquer l’art du don d’amour inconditionnel. C’est là une phase perpétuelle des voyages spirituels pour tout le monde, mais à ce moment-là, m’engager à aimer inconditionnellement fut pour moi un merveilleux progrès. Non seulement cela représentait la liberté pour moi, mais cela accordait aussi la liberté à ceux qui m’entouraient. J’étais prête à aimer assez pour cesser de manipuler, de forcer et de précipiter les relations humaines, prête à laisser les relations prendre racine, croître et s’épanouir selon leur propre rythme, prête à laisser aux autres la place d’exprimer leur amour à leur façon, et à apprécier ces différents styles d’expression de l’Amour.

Je suppose que vous serez surpris de savoir que même après avoir progressé de cette manière — de penser avant tout à aimer plutôt qu’à être aimée — je ne me sentais toujours pas aimée. J’étais donc là, libérée du fardeau épuisant que constitue l’effort d’acquérir l’amour par certains exploits et de me faire connaître aux autres en fonction de ces exploits, libérée de l’obsession de considérer que les êtres sont l’origine de l’amour, libérée de la crainte constante d’être rejetée, que j’avais éprouvée toute ma vie, mais je ne sentais pas l’amour remplir l’espace libéré par ces erreurs. Pourquoi pas ? Ce que je n’avais pas encore vu était l’idée la plus importante de toutes.

Il se trouva cette année-là que mon mari et moi avions décidé d’assister à l’Assemblée annuelle de La Première Église du Christ, Scientiste, à Boston, Massachusetts. Nous avions pensé prendre de courtes vacances avant la réunion. Cela devait ne durer qu’une journée, un samedi, et cette journée était importante pour nous. Nous avions loué une voiture pour faire un circuit dans les états voisins du New Hampshire et du Maine. Tandis que nous roulions, je priais afin de voir que cette journée ne pouvait être qu’entièrement bonne pour nous, ne comportant que joie et harmonie. Après tout, n’était-il pas juste que tout se déroule merveilleusement pour nous ? Pour nous ?

Je me rendis soudain compte que beaucoup de gens espéraient passer une bonne journée, pas seulement nous deux. Dieu nous procurait de la joie parce qu’Il en offre à toute Sa création simultanément. Il ne s’agissait donc pas tant d’insister pour que nous soyons inclus, mais plutôt de voir que nous ne pouvions pas être laissés à l’écart.

Avez-vous déjà deviné ce qui arriva ensuite ? Mes pensées firent un bond inoubliable en avant, m’amenant à la révélation que j’étais aimée simplement parce que Dieu aime tout en Sa création et que je ne pouvais donc pas être ignorée. En un instant, je passai du fait d’accomplir un voyage à la réalisation que non seulement j’étais arrivée, mais que je n’étais jamais partie.

Maintenant, pour la première fois de ma vie, je me sentais aimée. Et cela s’était produit seulement lorsque j’avais fait un pas pour me joindre à l’infinité des idées déjà embrassées par l’Amour divin. L’amour en cet instant était pour moi si réel, si substantiel, que je sentais, avec une conviction absolue, que rien n’avait jamais échappé à l’Amour, que la solitude, le vide, l’angoisse, ne pouvaient jamais être réels pour qui que ce soit. Je ressentais l’omnipotence de l’étreinte divine englobant tout. Des larmes me vinrent aux yeux — des larmes qui donnaient la sensation de balayer de mon cœur les derniers vestiges de la croyance que je pouvais ne pas être aimée. L’éclat de ce moment me revient chaque fois que j’y pense.

Qu’avais-je donc compris, au sujet de l’amour, qui soit plus puissant que tout ce que j’avais appris précédemment ? J’en avais vu la nature scientifique. C’est l’aspect scientifique de l’amour qui explique son universalité, son impartialité, son inéluctabilité. L’amour nous révèle aussi ce qui est sans aucun doute un élément premier de la prière: une prière qui inclut seulement le moi est centrée sur soi et ne peut guère toucher le grand cœur de l’Amour infini. Christ Jésus savait cela. Lorsqu’il enseigna à ses disciples comment prier, il commença en disant: « Notre Père qui es aux cieux ! » Matth. 6:9. Toute la prière qui suit est collective et universelle. Dans le chapitre intitulé « La prières » de Science et Santé, nous lisons: « En Science divine, où les prières sont mentales, tous peuvent se prévaloir de Dieu comme d’un “secours qui ne manque jamais dans la détresse”. L’Amour est impartial et universel dans son adaptation et dans ses dispensations. C’est la fontaine jaillissante qui crie: “O vous tous qui êtes altérés, venez à la source des eaux !” » Science et Santé, p. 12.

Aux yeux de certains, l’idée d’un amour scientifique, dérivé de l’Amour qui est aussi Principe, pourrait sembler impersonnelle et froide. Mais cette perception n’est qu’un produit de la pensée finie qui tendrait à suggérer que l’amour doit être concentré en un lieu pour être fort et rayonnant de chaleur, ou que l’amour ne peut pas valoir grand-chose si tout le monde y a droit. En fait, nous ne pouvons pas connaître ni ressentir l’Amour divin et son expression radieuse de façon profonde et durable dans notre vie avant de comprendre la vérité sur ce qu’est l’Amour: c’est la nature même de l’Amour, et son individualité, qui font qu’il est partout, embrassant sa création dans sa chaleur et sa puissance. Je vois maintenant que nous ne faisons que commencer à dépasser et à faire disparaître le trou noir du moi mortel, et à trouver notre être radieux, le reflet spirituel, lorsque nous entreprenons de prier globalement comme l’enseignait Jésus. Car seul un amour impartial, débordant, à base spirituelle, peut remplir la définition de reflet divin.

Une prière reflétant l’Amour pour tous ne nous prive de rien. Nous voyons que, parce que la Vie soutient et préserve toute sa création éternellement, notre identité ne peut manquer d’être soutenue et préservée; parce que l’Entendement fournit et maintient la place et la mission de tous, nous avons notre place et notre but; parce que l’Ame crée tout unique et original, nous devons naturellement être uniques et originaux.

En comprenant ces choses, je vis combien mes propres prières avaient été égoïstes. Non sans repentir, je compris que si la souffrance d’êtres humains et de bêtes m’avait angoissée, j’avais cependant prié avant tout pour ma propre liberté, n’accordant que peu de prière à la libération de la faim, de la maladie, du péché, de la cruauté et de l’oppression, dont des millions de gens à travers le monde avaient besoin. Mais lorsque je commençai à prier globalement (en sachant que chaque vérité spécifique que je comprenais pour moimême était vraie pour tout le monde, et que tout ce qui était vrai pour tous était vrai pour moi), je remarquai qu’une telle prière s’effectuait avec moins d’efforts, plus de satisfaction et de bien-être, tout en étant plus efficace.

Je remarquai aussi un changement intéressant dans mes sentiments. Je commençai à me rendre compte que je ne voudrais même pas être aimée si je ne pouvais pas savoir que tout le reste de la création était aimé aussi. D’ailleurs, je vis que la majeure partie de l’angoisse que j’avais ressentie à l’égard de la souffrance des autres provenait de la perception d’une création mal aimée. Je commençai à voir avec joie que le mal était tout simplement une impossibilité dans un univers aimé et que c’est le destin de toute créature de ressentir l’amour que Dieu dispense perpétuellement. Personne ne peut jamais être oublié, meurtri, ni abandonné dans le plan éternel de Dieu. Parce que nous sommes tous, de toute éternité, profondément aimés.

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