Nous vivons une époque de changement vaste et complexe. Les livres sur la révolution sociale et technologique, la contrerévolution, le futurisme et le fondamentalisme foisonnent. Ils sont la marque du mécontentement et de l’incertitude face au changement, des sentiments qui s’attirent une grande attention publique et privée.
Le rôle du changement est une chose qui mérite d’être minutieusement examinée par les penseurs chrétiens. Mary Baker Eddy, qui découvrit la Science Chrétienne, était l’un de ces penseurs et il y eut au cours de son existence d’énormes changements. De sa naissance, dans les premières années du XIXe siècle, jusqu’à son décès en 1910, elle devait, tout comme ceux de sa génération, voir de vastes changements survenir dans sa vie et dans le monde. Jeune épouse, elle perdit son mari au cours d’une épidémie de fièvre jaune et se retrouva seule à des centaines de kilomètres de la campagne de la Nouvelle-Angleterre, où elle avait vécu toute sa vie. Au moment du décès de son mari, elle attendait un enfant. Sa santé avait décliné et, finalement, en raison de son état maladif, sa famille considéra qu’elle ne pouvait prendre soin de son fils et celui-ci fut confié à d’autres personnes. La perte de son mari et de son enfant en l’espace de quelques années, venant s’ajouter à une santé déficiente, constituèrent pour elle des changements d’une ampleur énorme. On peut se faire une idée claire de leur caractère émouvant lorsqu’on lit certaines phrases de l’esquisse biographique que l’on trouve dans son livre Rétrospection et Introspection.
Parlant des difficultés qui la préparèrent à pénétrer profondément sous la surface des tragiques événements de son existence personnelle et à découvrir la réalité spirituelle, elle écrit: « Le cours de la vie humaine était trop mouvementé pour me laisser tranquille dans l’illusion que cette soi-disant vie pouvait être un repos réel et durable...
« A mesure que ces poignantes leçons devenaient plus claires, elles devenaient plus sévères... La matière n’était plus traversée par son arc-en-ciel de promesse. Le monde était sombre...
« Ainsi en était-il lorsque arriva le moment des noces du cœur à une existence plus spirituelle. » Rétr., p. 23.
« Les noces du cœur à une existence plus spirituelle » ne décriventelles pas le détachement de la foi et de la confiance en la matière et dans les choses matérielles, cette foi et cette confiance s’orientant alors vers une affection morale et spirituelle qui donne à la vie un but, une raison d’être et un pouvoir spirituel qui la soutiennent ? Ce changement mental n’est pas une négation de la vie humaine, des affaires quotidiennes et des engagements présents, ou une fuite devant eux, mais une transformation spirituelle du caractère et du comportement qui fait que l’Amour divin influe sur les conditions humaines. Plutôt que de nous résigner à laisser notre sort ou notre avenir dépendre de facteurs considérés en dehors de notre responsabilité ou de notre emprise, nous nous orientons en pensée vers une profonde réalité spirituelle: Dieu.
La Science Chrétienne enseigne que Dieu n’est pas seulement le créateur de l’homme, mais le soutien de la vie et de l’être de l’homme. A vrai dire, l’origine de l’homme est en Dieu et l’homme coexiste avec Dieu, l’Esprit et l’Amour infinis. La nature même de l’affection divine rend impossible l’éventualité que Dieu cesse d’aimer Sa création ou que Sa création puisse s’opposer d’une façon quelconque à ce que Dieu aime l’homme.
J’eus un jour une expérience qui me montra combien la métaphysique divine peut être d’une aide véritable, et elle continue de m’enseigner de nouvelles leçons au milieu des changements qui surviennent. A cette époque, j’avais deux occupations, je faisais mes études universitaires de troisième cycle, je venais d’avoir un fils et il ne me semblait pas du tout que j’étais à même de remplir toutes les obligations qu’impliquaient ces responsabilités et d’autres encore. Au départ, j’avais accepté chaque nouvelle responsabilité avec soin et un honnête dévouement, mais le rythme des changements semblait suivre une progression géométrique; chaque exigence nouvelle paraissait multiplier le poids des autres. Finalement, une erreur « ici » et un retard « là » s’ajoutèrent pour aboutir au désastre. J’avais beau essayer, je ne pouvais trouver aucune solution, et l’amour de Dieu me semblait bien loin !
Un jour, survint une crise qui parut détruire la paix fragile à laquelle j’étais arrivé à m’accrocher. J’étais réellement épouvanté; je risquais de perdre, me semblait-il, tout ce qui me tenait à cœur. Je priai avec ferveur pendant deux jours et puis j’eus recours à la Bible où je trouvai ce passage: « Ne crains rien, car je te rachète, je t’appelle par ton nom: tu es à moi !... Voici, je vais faire une chose nouvelle, sur le point d’arriver: Ne la connaîtrez-vous pas ? » Ésaïe 43:1, 19.
Apparemment, tout ce qui était survenu auparavant m’avait préparé à recevoir ce pour quoi j’avais prié depuis plusieurs années: une connaissance plus profonde de Dieu en tant qu’Amour infaillible. A ce moment-là, je commençai à voir que je ne pouvais rien faire pour empêcher Dieu d’aimer, et que j’étais à même de ressentir cet amour et de le communiquer sans l’épuiser et sans en pâtir. Le résultat fut davantage de changements, et non moins. Mais quelle différence ! Je fus guéri d’une maladie, le problème à mon travail fut résolu d’une manière chrétienne. Et il se trouva que je pus accomplir davantage de travail que jamais, être un meilleur mari et un meilleur père maintenant que j’étais affranchi de la tension qu’impose le sentiment d’être séparé de l’Amour divin.
Le livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé de Mary Baker Eddy, traite en détail de la chimicalisation mentale qui peut précipiter de rapides changements lorsque nous nous préparons à abandonner nos vues matérielles au sujet de toute situation. Ce qui pourrait ressembler à une menace de grosses pertes au moment où notre existence subit un grand changement peut, d’un point de vue spirituel, être le début d’une renaissance morale et spirituelle. Comme l’explique le livre d’étude: « La désagrégation des croyances matérielles peut sembler être la famine et la peste, la misère et le malheur, le péché, la maladie et la mort, qui passent par de nouvelles phases jusqu’à ce que leur néant se révèle. Ces troubles continueront jusqu’à la fin de l’erreur, lorsque toute discordance sera engloutie dans la Vérité spirituelle. » Et plus loin: « A mesure que ce dénouement approchera, celui dont la vie aura été conforme à la Science divine demeurera ferme jusqu’à la fin. » Science et Santé, p. 96.
La désagrégation des croyances matérielles par l’action de l’Amour divin rédempteur transfère la foi et l’affection des choses matérielles transitoires à la profonde réalité spirituelle qui est à la base de tout ce qui est bon, sûr et vaut la peine que nous y consacrions notre vie. Ce changement d’affection est la maturation par laquelle passent hommes et femmes pour atteindre à la compréhension spirituelle profonde de la véritable vie de l’homme comme enfant de Dieu. Si on les aborde à ce niveau chrétien et moral, les changements actuels qui se présentent peuvent déclencher l’éveil spirituel vers l’Amour qui guérit le péché et la maladie. Un tel éveil spirituel accroît nos occasions de servir notre prochain, de fortifier la vie conjugale et familiale et favorise une culture morale qui influence par l’exemple plutôt que par la domination personnelle.
Cette sorte de changement est vraiment révolutionnaire et ne cause aucune mort d’homme. A notre époque, comme à toute époque, Dieu, par nature, doit être connu, et Il Se fait connaître à ceux qui ont la pensée spiritualisée et qui sont moralement préparés. En fin de compte, personne n’est exclu de la renaissance spirituelle. C’est la nature immuable de Dieu, l’Amour divin, de Se faire connaître à nous comme la présence divine permanente qui répond à tout besoin humain — le besoin le plus important étant de connaître Dieu et de vivre en tant que Son image et Sa ressemblance. Les événements humains cèdent devant cette réalité spirituelle et le changement humain s’adapte alors à la loi divine.
