Durant mon avant-dernière année de lycée, je me suis sentie très attirée par un étudiant de fac. Et ce qui était plus formidable encore, c'était que lui aussi s'intéressait à moi ! Je me sentais particulièrement fière de l'attention qu'il me portait, car c'était quelqu'un pour qui j'avais une admiration réelle: il était brillant, sensible et doué. Je prenais aussi grand plaisir à penser à ce qui l'avait intéressé en moi.
Lorsque j'en parlai à ma grand-mère, elle sourit et répondit: « Il aime ta Science Chrétienne. » Ma Science Chrétienne ? Ayant été élevée dans la Science Chrétienne sans avoir rencontré beaucoup d'autres façons de voir, j'avais tendance alors à minimiser son importance dans mon existence. Je faisais appel à cette Science lorsque j'avais besoin d'être guérie de problèmes physiques, mais je voulais que mon individualité et ma façon d'organiser ma vie ne doivent rien à la Science Chrétienne.
L'idée que ma religion était ce qui m'avait rendu attrayante m'irritait et je me mis immédiatement à penser aux raisons pour lesquelles mon ami devait m'aimer pour moi-même. Mais si alors j'avais réfléchi sérieusement, je me serais rendu compte combien mon sens du moi dépendait des vérités spirituelles que j'avais apprises à l'École du Dimanche de la Science Chrétienne. En fait, si j'avais davantage approfondi ces vérités au sujet de Dieu et de la nature de l'homme en tant que reflet de Dieu, j'aurais pu découvrir davantage qui j'étais et ce que je pouvais faire.
Étudiante sincère de la Bible, Mary Baker Eddy, Découvreur de la Science Chrétienne, écrit dans Science et Santé: « Le véritable moi de l'homme se reconnaît seulement dans ce qui est bon et vrai. L'homme n'est créé ni par lui-même ni par les mortels. Dieu créa l'homme. » Science et Santé, p. 294. Et ailleurs dans Science et Santé, elle explique la liberté que l'on gagne à mieux comprendre la vie spirituelle et à se rapprocher de Dieu: « Ce sens scientifique de l'être, qui abandonne la matière pour l'Esprit, ne suggère aucunement l'absorption de l'homme en la Divinité ni la perte de son identité, mais confère à l'homme une individualité plus développée, une sphère de pensée et d'action plus étendue, un amour plus expansif, une paix plus haute et plus permanente. » Ibid., p. 265.
La Bible est pleine d'exemples de personnes qui, ayant compris que Dieu est l'origine de leur identité, furent capables d'accomplir des choses considérées généralement comme impossibles. Christ Jésus, qui guérissait les malades, ressuscitait les morts et marchait sur les eaux souligna le pouvoir immense de Dieu et l'impuissance du moi humain, lorsqu'il dit à ses disciples: « Je ne puis rien faire de moi-même: selon que j'entends, je juge; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. » Jean 5:30. Mrs. Eddy donna une explication claire de l'identité du Maître en ces termes: « Jésus est l'homme humain, et le Christ est l'idée divine; d'où la dualité de Jésus le Christ. » Science et Santé, p. 473.
Il est tout à fait naturel que l'on soit attiré par le bien qui constitue le moi véritable. Ce n'est que plus tard que j'ai finalement compris qu'honorer Dieu en tant qu'origine de mon identité — ainsi que Jésus l'enseigna — ne m'ôtait rien mais au contraire me permettait d'être beaucoup plus et de faire davantage.
Par la suite, mon ami et moi avons continué à nous voir, mais nous nous disputions souvent. Nous avons rompu plusieurs fois et sommes restés des semaines sans nous adresser la parole. De temps à autre la remarque de ma grand-mère me revenait à l'esprit, et bien que ne voulant pas encore l'accepter, je suis allée jusqu'à donner à mon ami un exemplaire de Science et Santé. Il le lut d'un bout à l'autre — ce que, pour ma part, je n'avais jamais fait au cours de toutes mes années d'École du Dimanche — et il fut très intéressé. Il n'est pas devenu immédiatement Scientiste Chrétien, mais l'intérêt qu'il portait au livre et ce qu'il en pensait, tout cela m'a amenée à approfondir mes recherches et a fortifié notre relation.
Quelques années plus tard nous nous sommes fiancés, mais il y eut encore quelques moments orageux. Un jour, au cours de l'un d'eux, je sentis qu'il me fallait être seule, qu'il me fallait prier au sujet de ce mariage et ce qu'il convenait de faire. Cette prière ne fut ni longue ni verbeuse — simplement un désir sincère de faire ce que Dieu attendait de moi, mariage ou rupture. Je décidai d'être complètement obéissante — de faire tout ce que je serais guidée à faire. Puis je me tins tranquille et attendis. La réponse qui s'en suivit fut l'assurance pleine de chaleur et d'amour que le mariage était juste. Aucune objection, aucune justification ne s'élevèrent; mon moi humain était en paix. Je sentis que j'avais entendu la volonté du Père.
Cela se révéla être une décision magnifique; et environ quatre ans plus tard, dans un moment de détresse physique et pécuniaire, mon mari fit appel à la Science Chrétienne et trouva l'aide et la guérison qui lui étaient nécessaires. Je me rendis alors compte de façon encore plus concrète de ce qu'une comprehension spirituelle plus profonde de l'identité — ou du moi — peut rendre possible.
Paul, qui non seulement guérissait mais a joué un rôle concret dans l'implantation du christianisme, a écrit: « Je puis tout par celui qui me fortifie. » Phil. 4:13. Le Christ — cette identité véritable infiniment supérieure au moi humain de Jésus, et qui se révèle dans le fait de prendre conscience que Dieu crée et définit l'homme — développe immensément notre discernement actuel et limité de qui nous sommes.
Que l'on m'aime pour ma Science Chrétienne? Bien sur ! Qu'est-ce qui pourrait donner un sens plus vaste d'infinité ?
