J’en suis arrivée là par un matin brumeux. Assise en tailleur sur mon lit, j’avais rédigé un message d’adieu à ma famille. Je ne pouvais faire face à la vie plus longtemps.
Complètement en larmes, j’écrivais que ma sœur aurait mon petit chien, que mes plantes seraient pour la dame d’en face, et ainsi de suite. C’était une énumération pitoyable, symbole de ce que j’estimais être une vie pitoyable — et sans espoir.
Depuis bientôt un an, j’étais harcelée par la tentation violente d’en finir une fois pour toutes. J’étais absolument persuadée que je ne pourrais pas tenir un jour de plus !
J’ai posé la lettre, je me suis renversée sur mon lit et je suis restée là à regarder le plafond. Je me souviens de m’être dit: « Bon, tu veux avoir la paix ? Tu veux échapper à toutes tes difficultés ? » Un « oui » catégorique fut la réponse immédiate. Ma vie était un vrai gâchis. J’avais peu d’amis, j’étais pratiquement renvoyée de l’université, je n’avais plus un sou. Je n’avais vraiment aucune raison de continuer à vivre.
Puis une pensée me vint tout tranquillement: « Tel est l’homme en s’endormant, tel il s’éveillera » (Science et Santé, 291:23–24). Tout d’abord, je n’ai pas vu comment cela pouvait s’appliquer à ma situation, mais la phrase ne me quittait pas tandis que je restais étendue. En y réfléchissant, j’ai commencé à voir qu’en fait elle s’appliquait bien à moi. Lorsqu’on s’endort, on se réveille à l’endroit même où l’on s’est endormi. J’avais supposé que le suicide m’apporterait la paix et résoudrait mes problèmes. Mais je me rendis compte alors que lorsque je me réveillerais, je serais encore aux prises avec un sens mortel d’existence. La mort ne résoudrait jamais mes problèmes. Mary Baker Eddy, Fondatrice de la Science Chrétienne, exprime cela clairement dans Science et Santé, juste après ces mots dont je m’étais souvenue: « Tel est l’homme mortel lorsque la mort le surprend, tel il sera après la mort, jusqu’à ce que le temps d’épreuve et le progrès aient opéré le changement nécessaire. » (Et regardez aussi ce qu’elle dit concernant le suicide dans Écrits divers, p. 52, lignes 19–11.) Cela m’a donné la force de lutter pour me libérer, et de travailler à ma guérison.
Dans mon cas, la tentation de suicide semblait souvent avoir une sorte d’attraction magnétique dont il était difficile de se défaire d’un simple haussement d’épaules. Que pouvons-nous faire lorsque de telles suggestions se présentent ? Comment pouvons-nous leur dénier toute emprise mentale ? Voilà ce qui m’a probablement été le plus utile: me rendre compte que je ne pourrais jamais être amenée à faire quelque chose qui n’était pas bien. Mrs. Eddy nous donne un conseil très réconfortant quand nous craignons de ne pas pouvoir nous contrôler à un moment ou à un autre. Elle dit: « Sachez alors que vous possédez le pouvoir souverain de penser et d’agir comme il convient, et que rien ne peut vous ravir cet héritage ni empiéter sur les droits de l’Amour. » Pulpit and Press, p. 3. Quel réconfort de savoir que lorsque nous avons recours à Dieu, nous ne nous trouvons jamais en position de faire — ou d’être tentés de faire — quelque chose dont nous ne serions pas maître. Toute suggestion contraire n’est précisément rien d’autre qu’une suggestion, jamais un fait et certainement pas un pouvoir. Nous ne sommes jamais privés de l’aide de Dieu !
Grâce à une grande vigilance, nous pouvons refuser de nous laisser entraîner à imaginer ce que nous ressentirions si nous étions libérés de nos soucis actuels, comment réagiraient les autres en apprenant notre mort, comment nous pourrions nous y prendre pour réussir notre suicide, etc. Les suggestions selon lesquelles nous nous sentirions plus libérés, dégagés de nos difficultés présentes, ne sont en fait que des fables.
Christ Jésus a prouvé sans équivoque que la mort était incapable d’apporter une plus grande liberté à la vie. Il savait que c’est le Christ qui accomplit cela, en révélant la filialité de l’homme avec Dieu. Il a dit: « Je suis venu afin que les brebis aient la vie et qu’elles l’aient encore plus abondamment. » Jean 10:10 (d’après la version King James). Dans la Première Épître aux Corinthiens, nous lisons: « Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort. » I Cor. 15:26. Ces déclarations signifient que la mort doit être vaincue progressivement, non pas acceptée avec le sourire, et que nous pouvons nous acheminer vers la victoire grâce à un sens de vie plus abondant.
La situation s’est éclaircie une fois pour toutes ce matin-là. Je me levai et déchirai en mille morceaux le mot d’adieu. Durant plusieurs mois, je me suis efforcée d’atteindre à une meilleure compréhension de la Vie — Dieu. Je me suis servie d’une concordance des œuvres de Mrs. Eddy et j’ai lu diverses références sur la Vie. J’ai prié pour avoir le courage et la force de progresser pour résoudre mes problèmes. L’étude de la Bible et des œuvres de notre Leader me révéla que la vie a un but. Être membre d’une église fut un facteur d’équilibre et eut un effet salutaire sur moi. Je faisais de mon mieux afin de mettre en pratique ce que j’apprenais et peu à peu les suggestions de suicide ont disparu, tout simplement.
Découvrir que j’avais une raison d’être, voilà probablement ce qui a eu le plus d’importance pour moi durant cette période de progrès. J’ai découvert que ma raison d’être est d’exprimer Dieu. La nature de Dieu est reflétée par Sa création, l’homme. Plus nous prenons conscience de ce que Dieu est — la douceur, la bonté et l’impartialité de l’Amour, la beauté, la joie et la paix de l’Ame, la perception, la profondeur et l’éclat de l’Entendement — plus nous voyons ces qualités s’exprimer dans notre existence. Nous apprenons que ces qualités de Dieu constituent la vérité de l’existence de chacun. Le découragement, le désespoir et le désir de mourir s’estompent au fur et à mesure que nous voyons plus clairement cette réalité.
Il est beaucoup question de la mort à l’heure actuelle. On donne des cours de thanatologie à l’université. On fait énormément de publicité autour de la recherche qui est menée sur ce qui se passe après la mort. L’euthanasie et même l’avortement tendent à attirer notre attention sur la mort. Et comme il n’est pas rare de constater que les courants de pensée en vogue se répercutent dans notre existence, il est utile de se rendre compte que les suggestions de mort qui nous viennent ne sont pas de notre fait mais sont seulement des manifestations de la pensée mondiale qui tentent de s’imposer pour que nous les acceptions. Avec l’aide de Dieu, nous pouvons les rejeter !
Aucun de nous n’est une victime sans défense. Lorsque nous avons recours à Dieu, notre existence se stabilise et devient plus paisible. Nos problèmes se résolvent et les pensées morbides de suicide disparaissent. Nous acceptons avec empressement la liberté de vivre.
Vous êtes tous des enfants de la lumière
et des enfants du jour.
Nous ne sommes point de la nuit ni des ténèbres.
Ne dormons donc point comme les autres,
mais veillons et soyons sobres.
I Thessaloniciens 5:5, 6
