J’étais à l’église un mercredi soir. Nous chantions le cantique n° 55 de l’Hymnaire de la Science Chrétienne, qui commence ainsi:
Père, entends notre prière:
Ce n’est pas pour demander
Un sentier uni sur terre,
Mais la force d’y marcher.
Cette strophe me frappa tout particulièrement. Depuis quelque temps, je pensais qu’il serait bien agréable de voir résolu un problème d’affaires avec lequel je me débattais depuis des jours. Mais maintenant, je pouvais voir que cette pensée était erronée. Ce dont j’avais besoin, c’était de la force divine pour marcher avec plus de courage sur le sentier de la vie, pour faire face tout simplement à ce que j’avais à faire ce jour même.
Aussi, je me remis à prier au sujet de cette situation. Quel meilleur moyen de trouver la force véritable ! La lassitude, ce sentiment d’avoir un lourd fardeau s’évanouit. Je sus que la solution était proche. Je vis clairement ce que j’avais à faire et je le fis. Très rapidement, le problème fut complètement résolu d’une façon tout à fait harmonieuse.
Lorsque vous ne savez où donner de la tête, quand vous sentez que vous désirez abandonner la partie, (si vous vous êtes déjà élevé audessus de tels sentiments, vous n’avez pas besoin de continuer de lire !), alors arrêtez-vous un moment. Rappelez-vous que nous ne sommes pas ici-bas pour avoir « un sentier uni », mais « la force d’y marcher » avec courage. Personne, en toute connaissance de cause, n’a jamais dit que notre vie humaine serait toujours paisible et sereine. Considérez la vie de Christ Jésus. Il fit face, l’une après l’autre, à des phases périlleuses. Mais notre Modèle et Guide n’a-t-il pas prouvé la possibilité d'émerger, victorieux et triomphant, de situations même les plus angoissantes ? Parlant de la résurrection de notre Maître, Mrs. Eddy, dans son livre Science et Santé, nous dit: « Des murs de rocher lui faisaient obstacle, et il fallait rouler une énorme pierre de devant l'entrée du caveau; mais Jésus vainquit tout obstacle matériel, surmonta toute loi de la matière, et sortit de son lugubre lieu de repos, couronné de la gloire d’un succès sublime, d’une victoire éternelle. » Science et Santé, p. 44.
Peut-être pensez-vous que vous n'êtes pas actuellement prêt à aller si loin, et il est certain que nous devons tous croître pour atteindre la stature du Christ. Mais où que nous en soyons moralement et spirituellement, nous pouvons être encouragés par l’exemple et les enseignements de Jésus, et commencer aujourd’hui à sortir de l'obscurité de notre vie — obscurité qui voudrait essayer de nous enlever jusqu’au dernier vestige de notre joie et qui voudrait nous empêcher même de tenter de marcher avec courage sur le sentier de la vie. Rien ne perce mieux l'obscurité que la joie. C’est exactement ce que nous dit la deuxième strophe du cantique 55:
Toujours de verts pâturages,
Tel n’est pas notre seul vœu,
Mais trouver joie et courage
Le long du chemin rugueux.
Dans ce cheminement joyeux, il y a un travail à faire, comme le déclare la troisième strophe de ce cantique:
Vivre auprès des eaux tranquilles
N’est pas notre seul désir ;
Notre effort sera fertile:
Du rocher l’eau va jaillir.
Quand nous commencerons à marcher avec joie « le long du chemin rugueux », Dieu pourvoira à la compréhension spirituelle dont nous aurons besoin pour rendre « notre effort... fertile », et du rocher faire jaillir l’eau. Et finalement, nous sortirons victorieux et heureux de la situation terrible où nous nous débattions.
Peut-être les pierres et même les blocs rocheux qui font le plus obstacle à beaucoup d’entre nous sur le chemin qui mène hors de l’obscurité et du désespoir sont-ils ceux de la colère, de la haine et du ressentiment. Quelquefois nous trébuchons sur eux, à droite et à gauche. Comment pouvons-nous les franchir, sans parler de nous réjouir à leur sujet ? Certainement pas en les ignorant ni en prétendant qu’ils ne nous ennuient pas. Il nous faut apprendre à voir à travers la haine et la colère. Nous devons les pénétrer par la prière. Non pas cette prière qui plaide simplement: « Oh, Dieu, je T’en supplie, fais-moi sortir de là », mais la prière qui nous aide à mieux comprendre la véritable nature de Dieu et de l’homme.
La colère n’est pas bonne. Donc, elle n’est pas de Dieu, et par conséquent, ne fait pas partie de l’homme spirituel créé par Dieu — ce que nous sommes tous réellement. Réagir avec colère, que cela nous semble justifié ou non, c’est faire le jeu du mal et ouvrir toute grande la porte non seulement aux ténèbres, mais à la condamnation. Mais nous détourner du mensonge que la colère fait partie de l’homme de Dieu, et obéir seulement à la vérité que l’homme est la manifestation même de Dieu, cela détruit la colère et la haine dans la seule place où elles puissent jamais sembler exister: la conscience humaine.
L’homme, tel que la Science Chrétienne le révèle, n’est pas un mortel à l'humeur changeante. Il garde à jamais sa sérénité en tant qu'expression spirituelle de l'Amour divin. Nous lisons dans la Bible: « L'esprit de Dieu m'a créé, et le souffle du Tout-Puissant m'anime. » Job 33:4. Tout ce dont l'homme est conscient, c’est de Dieu, de la Vie éternelle, de l'Amour divin. Tout ce que l'homme peut connaître par expérience, c’est ce que l’Amour divin lui accorde, ce que la Vie éternelle lui transmet: l’amour et la tendresse sans fin, la perpétuité de l’être — de l'être qui est bon. La colère, la haine et le ressentiment ne sont rien de plus que des suggestions — des suggestions hypnotiques venant à nous, ou par nous, et essayant de nous en imposer et d’en imposer aux autres, pour nous faire croire que l'homme est un mortel, et ainsi sujet à n'importe quelle irritation ou sentiment mortels.
Mais l'homme de Dieu n’est pas mortel et ne l’a jamais été. Telle est la réalité de tout être véritable. Évidemment, vous pourriez répondre à cela: « Oui, c’est facile pour vous de dire ces belles paroles, mais vous ne savez pas par quoi je passe en ce moment. » C’est vrai; mais au lieu de laisser les émotions humaines nous perturber jusqu’à aboutir à de violentes réactions, nous pouvons apprendre à soutenir courageusement ce que l'homme est réellement: la parfaite expression de Dieu. L'homme — l'homme de l'Amour, l'homme de la Vie — n’est ni touché ni contaminé par aucun défaut humain, aucune réaction de colère, ou menace de désastre.
Notre conscience a en elle ce que nous lui permettons seulement d'avoir. Nous sommes assis à la place du conducteur. Pensez à cela. En un sens, et c’est très important, c’est nous qui sommes au volant dans notre conscience. Maintenons-nous notre plus haut concept de l'homme ? Commençons-nous à voir qu’il n’y a qu’une seule conscience, l'Entendement divin, et que l'homme demeure dans cet Entendement et qu’il le reflète entièrement ? L'homme existe seulement en tant qu’idée spirituelle de l'Entendement, et il n’est pas, et ne sera jamais un organisme matériel.
Or, nous sommes cet homme — vous et moi et chacun, dans notre être véritable. Et il n’y a rien dans cet homme qui puisse le perturber ou le mettre en colère, parce que cet homme, l’homme de Dieu, est parfait et le demeure. Voir cela plus clairement chaque jour nous aide à arrêter net toute suggestion rancunière ou non chrétienne qui vient à nous. Nous avons une base, une base divine et inépuisable où nous pouvons puiser, et refléter la patience infinie, la sagesse infaillible, la compassion véritable. Comprendre cela nous donnera un équilibre imperturbable, une sérénité inattaquable, même au milieu du feu. Nous veillerons à être moins absorbés en nous-mêmes et indifférents dans notre vie journalière. Nous calculerons moins pour accorder notre affection humaine. Nous aimerons simplement — plus impartialement, plus universellement — parce que c’est notre façon d’être. Alors nous ferons réellement jaillir l’eau du rocher le long du chemin rugueux et nous marcherons avec courage sur le sentier de la vie.
