La rivière Roaring Fork, dans le Colorado, roule ses flots tumultueux. Tantôt elle babille sur ses bas-fonds, tantôt la force du courant cerne de grands rochers et creuse ses eaux profondes. En contemplant ce spectacle, je songeai qu'il était à l'image de l'existence humaine avec ses hauts et ses bas. Mais comment faire pour remplacer les vanités de l'existence par l'éclat de vraies délices ? Comment purifier et enrichir les profondeurs de la vie ?
Se servant de la métaphore de la rivière, Mary Baker Eddy, Découvreur et Fondateur de la Science ChrétienneChristian Science ('kristienn 'saïennce), nous répond ainsi en termes métaphysiques: « Les courants calmes et forts de la vraie spiritualité, dont les manifestations sont la santé, la pureté et l'immolation du moi, doivent approfondir l'expérience humaine, jusqu'à ce que l'on voie que les croyances de l'existence matérielle ne sont qu'une simple tromperie, et que le péché, la maladie et la mort cèdent la place pour toujours à la démonstration scientifique de l'Esprit divin et à l'homme de Dieu, spirituel et parfait. » Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 99.
Pour approfondir l'existence, il faut que le sens de la « vraie spiritualité » se manifeste dans notre vie quotidienne avec la puissance d'un fleuve dévalant de sa source. Approfondir, voilà ce qui compte. L'entendement humain tolère un nettoyage superficiel; il peut même trouver cela agréable. Mais très souvent nous ne parvenons pas à comprendre la satisfaction et la paix véritables que procure une purification des profondeurs.
Tant d'éléments peuvent y demeurer cachés que nous sommes enclins à résister à l'action de la Vérité décapant les profondeurs de la conscience. Là gisent assoupies les croyances de l'existence matérielle. Là le péché, la maladie et la mort tendent leur embuscade. Et c'est là qu'il faut les déloger et les anéantir.
Ne voyez pas là une simple métaphore poétique. Chacun doit un jour se demander: « Est-ce que j'aimerais échanger ce qui est superficiel dans ma vie contre quelque chose d'authentique ? Soumettre ce qui en moi est profond — pensées les plus intimes, sentiments les plus vifs — à la puissante action de la spiritualité ? » Mais qu'est-ce que la spiritualité ? N'est-ce pas la compréhension de la présence et du pouvoir de Dieu, l'Esprit, de la seule origine de notre être individuel ?
Accepter cette compréhension avec ses exigences, c'est approfondir le plus efficacement l'expérience humaine et apprendre ce que nous sommes en réalité. Cette acceptation nous montre aussi ce que, en tant qu'enfant ou expression de Dieu, nous ne sommes pas, et nous amène ainsi à affronter ce que nous préférions auparavant ne pas affronter. Inutile d'avoir peur de cela. Puisque Dieu est Tout, Il demeure la seule présence dans les profondeurs comme dans les hauteurs. Comme le chantait le Psalmiste: « Si je monte aux cieux, tu y es; si je me couche au séjour des morts, t'y voilà. » Ps. 139:8.
Se coucher au séjour des morts, c'est refuser d'abandonner les sentiments de culpabilité que nous nous sommes imposés. C'est s'ensevelir dans les douloureux souvenirs du passé et refuser la consolation. Mais le Christ, la Vérité, est présent là même où paraît être l'enfer que nous nous imposons. Et c'est pourquoi il n'y a en réalité aucune présence capable d'entraver notre ascension « au ciel », notre montée vers l'innocence et l'harmonie spirituelles qui effacent même le souvenir du péché et de la désolation.
Parfois, il nous semble que bien des choses demeurent encore cachées dans les profondeurs obscures de la conscience, en dépit de telles vérités réconfortantes. Comment nous y prendre alors avec ces choses dont nous ne sommes pas fiers ? Eh bien tout d'abord, rien ne nous oblige à les faire connaître. « Les courants calmes et forts de la vraie spiritualité » n'en diront rien. Et nous pouvons nous en libérer grâce à l'action profonde et purifiante de ces courants sur notre cœur.
L'action de la Vérité spirituelle balaiera ces éléments terrestres qui semblent être logés dans la conscience, et le beau, le vrai, le bon occuperont leur juste place.
Comment pouvons-nous hâter le cours de cet approfondissement ? De toute évidence, il nous faut regarder notre vie en face et discerner les scories qui doivent être éliminées. Mais il nous faut faire davantage encore. Mrs. Eddy écrit: « Seule la Science divine peut saisir la hauteur et la profondeur de l'être et révéler l'infini. » Science et Santé, p. 292. Il nous faut comprendre la Science divine, saisir la vérité de l'être spirituel, la nature de Dieu en tant qu'Esprit, Ame, et la nature de l'homme en tant qu'expression parfaite de Dieu. L'action purifiante des courants accompagne une telle compréhension. Il nous faut nous abandonner à ces courants en en goûtant la douceur et le charme au lieu de leur résister.
Nous ne perdrons, ce faisant, aucune des valeurs qui caractérisent la vraie humanité. Nous trouverons une chaleur et un plaisir toujours aussi vifs et vibrants. Nous trouverons une intelligence plus pénétrante. Y a-t-il expérience plus merveilleuse que de fouiller les profondeurs cristallines de la conscience spirituelle en tant que seules profondeurs qui soient ? De voir qu'elles renferment la réalité de tout ce que nous savons et de tout ce que nous aimons ? Et de voir le sens humain des choses céder peu à peu au divin ?
