Le temps qui, tel un tyran, nous dit ce que nous pouvons ou ne pouvons pas faire, doit être vaincu. C'est notre détermination quotidienne à ne pas nous soumettre à cette tyrannie, ou à toute autre forme de tyrannie, qui nous sauve de la violence d'une lutte désespérée pour la vie. Mais, de toute façon, il est inéluctable que nous passions du temps à l'éternité, grâce à la spiritualisation de la pensée.
Ainsi que l'enseigne la Science Chrétienne, ce n'est pas par la mort que nous nous libérons de façons de penser qui tiennent compte du temps, mais par la croissance spirituelle. Dans presque toutes les situations où nous sommes harcelés par le temps, nous pouvons choisir d'échapper à ce tourment grâce au progrès spirituel. Ce qu'il nous faut, c'est moins — et non pas plus — de temps; en d'autres termes, une plus grande compréhension de ce qu'est l'être indépendant du temps.
Examinons l'interprétation métaphysique du mot « temps » donnée dans le Glossaire de Science et Santé de Mrs. Eddy. (Cette section est incluse dans le livre d'étude de la Science Chrétienne afin d'aider à mettre en lumière le message spirituel, la Parole inspirée de la Bible.)
« Temps. Mesures mortelles; limites à l'intérieur desquelles sont réduites toutes les actions, pensées, croyances, opinions, connaissances humaines; matière; erreur; ce qui commence avant et continue après ce qu'on appelle la mort, jusqu'à ce que le mortel disparaisse et que la perfection spirituelle apparaisse. » Science et Santé, p. 595.
Lorsqu'on a l'impression d'être terriblement pressé, cela peut demander beaucoup de courage de modifier ses désirs — ses prières — afin qu'ils passent de: « J'ai besoin de plus de temps » à: « J'ai besoin de moins de temps, et de moins de limites. » Et pourtant, cette façon d'agir bénit non seulement la situation présente, mais elle constitue une prise de position pratique pour secouer le joug de la matière elle-même. Et, à la lumière de l'interprétation métaphysique citée plus haut, cette attitude a une portée pratique immense. Car, qui désire davantage de limites, de matière ou d'erreur ?
Il ne s'agit pas là de l'exercice de la volonté humaine ou volonté personnelle. En réalité, cette prise de position va à l'encontre de la volonté personnelle de celui qui s'efforce de faire aboutir quelque chose. Accepter avec joie la volonté divine — abandonner ce qui n'est que décisions et plans personnels — nous permet d'obéir à la voix du Christ qui, au-dedans de nous, nous guide par l'intuition spirituelle.
Nulle part ailleurs, peut-être, que dans la dimension de l'existence que nous appelons le temps, une mentalité matérielle ne présente avec plus de subtilité sa contrefaçon de volonté. Observer de façon rigide les horaires d'un programme peut prendre l'apparence de la discipline et de l'ordre; une velléité capricieuse peut se donner le nom de spontanéité intuitive. Mais il existe des moyens de détecter la contrefaçon.
Ce n'est pas lorsque nous sommes plongés dans un raisonnement purement humain fondé sur le témoignage des sens physiques que se révèlent les directives découlant de l'intuition spirituelle, mais c'est lorsque nous reconnaissons la suprématie et l'omnipotence de Dieu. Cette connaissance qui se révèle à nous est le Christ, défini ainsi dans le Glossaire: « La manifestation divine de Dieu, qui vient à la chair pour détruire l'erreur incarnée. » Ibid., p. 583.
Le temps, qui, de façon évidente, est incarné dans tout homme mortel depuis le moment où ce dernier est conçu, est finalement totalement détruit par la perception Christ de l'être éternel. Nous sommes en admiration devant le déroulement des événements qui aboutirent à la conversion du haut fonctionnaire éthiopien par Philippe (voir Actes 8:26–39). Nous reconnaissons également avec vénération l'intuition spirituelle qui guidait notre Maître, Christ Jésus, car il était toujours là où il le devait, sans avoir apparemment de programme gouverné par le temps.
C'est à peine si nous commençons à comprendre la domination qu'avait Jésus sur la matière, et sa dimension qu'est le temps. Mais des millions de gens dans le monde entier vivent conformément aux préceptes moraux qu'il enseigna, ce qui les amène à découvrir qu'ils agissent d'une façon allant à l'encontre de la domination du temps. Qui n'a pas été poussé par la compassion à échapper à la rigueur d'un programme strictement planifié ? (Par exemple, une personne se rendant en toute hâte à une conférence s'arrête et descend de voiture pour enlever une tortue du milieu de la route.) Ou qui n'a pas ressenti un élan de foi l'incitant à abandonner une routine bien établie ?
C'est grâce aux sollicitations morales — non par d'habiles manipulations mentales — que nous passons du temps à l'éternité. Et cela s'accomplit lorsque nous laissons la compréhension métaphysique se substituer à la définition purement physique de ce que nous percevons jour après jour.
Christ Jésus nous a montré comment soustraire notre existence à la limitation du temps. Cela ne formait pas une partie accessoire de ses enseignements, mais en était l'essence même. Lorsqu'il nourrit les foules, il triompha de la croyance aux retards inhérents au temps, et lorsqu'il ressuscita Lazare, il triompha de la croyance à la décomposition inhérente au temps; et il nous a déclaré: « Ne dites-vous pas qu'il y a encore quatre mois jusqu'à la moisson ? Voici, je vous le dis, levez les yeux, et regardez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson. » Jean 4:35.
Se référant à cela, Mrs. Eddy fait le commentaire suivant: « Jésus n'avait besoin ni de cycles de temps ni de cycles de pensée pour amener à maturité l'aptitude à la perfection et à ses possibilités. » Unité du Bien, p. 11. A tout moment, nous pouvons dégager du cadre du temps nos aspirations légitimes — tout spécialement les espoirs que nous nourrissons pour le monde. Agir ainsi permet au Christ de détruire l'erreur incarnée et de révéler l'éternité de la perfection spirituelle.
