Pendant deux semaines et demi, nous avions été dans le haut désert, constamment en vol. Nous sentions tous que nous en avions assez, mais continuions à faire de notre mieux pour nous initier à la délicate manœuvre de précision et nous n’avions plus que trois jours pour nous exercer avant la dernière compétition de la Marine. La tension à laquelle étaient soumis les pilotes semblait augmenter; il en était de même pour les équipes d’entretien qui travaillaient jour et nuit afin de maintenir en vol les avions à réaction compliqués.
Les premiers jours, la plupart d’entre nous étions complètement en dehors de la cible. Puis, au fur et à mesure que passaient les jours, les autres pilotes amélioraient leur performance. Mais pas moi. Tout allait si mal pour moi que lorsque je voulais envoyer, de mon avion, un message par radio annonçant que j’allais rentrer, l’équipage de terre qui mesurait notre précision se cachait dans les abris anti-aériens. Ils disaient en général que ma manœuvre était si imprécise qu’ils ne pouvaient pas la mesurer.
Au début nous en avons tous ri. Mais au fur et à mesure que passaient les jours, sans amélioration, les plaisanteries firent place à une discrète inquiétude. L’officier des opérations donna et redonna des explications, mais ses paroles ne me pénétraient pas. Jusqu’alors, l’instruction de vol avait été facile, ce qui rendait mon présent échec d’autant plus frustrant. Je commençai à murmurer en moi-même: « Comment quelqu’un peut-il être aussi stupide ? Je dois être un imbécile sans aucune coordination. »
Une nuit, ne pouvant pas dormir, je grimpai hors de ma couchette et, par la fenêtre, je fixai mon regard sur le désert. Il paraissait si lumineux dans le froid clair de lune et je me sentais sombre et lugubre. Que pouvais-je faire ? Prier. J’avais prié, me semblait-il. Je devais prier encore.
Alors un secret désir de me sentir proche de Dieu réchauffa ma pensée. Pour la première fois au cours de ces trois misérables semaines, la crainte et l’orgueil qui m’avaient incité à me condamner et à demander à Dieu pourquoi j’étais si stupide, furent calmés. L’idée me vint de revoir les faits profonds et simples que j’avais appris à l’École du Dimanche de la Science Chrétienne. Dieu est bon. Dieu est Tout. L’homme est la ressemblance parfaite de Dieu.
Soudain, je m’arrêtai, la pensée en éveil. Ma respiration même sembla s’arrêter. Et voici qu’elle était là. L’idée-Christ. La plus glorieuse idée au monde. L’homme est à cet instant l’enfant parfait de Dieu. Il n’est pas stupide ou sans coordination et ne l’a jamais été. Il est intelligent et capable. Chacun de nous est, à cet instant même, homme spirituel. « Fils de votre Père qui est dans les cieux » Matth. 5:45; comme l’a dit Christ Jésus. Et Mrs. Eddy nous assure que « l’homme est spirituel et parfait » Science et Santé, p. 475..
Lentement, un chaud rayon de lumière remplit toute la pièce. Mes frissons cessèrent. La lassitude douloureuse me quitta. Je n’avais aucun désir de dormir, et je restai couché dans mon lit avec un sentiment d’amour pour toute la création et pour moi-même, comme étant les idées précieuses de Dieu. Tout était bien.
Le jour suivant, l’officier des opérations expliqua la manœuvre à nouveau. Il était si patient. Cette fois je compris, comme je m’y attendais. Je décollai et fis les exercices toute la journée et tout le jour suivant. Lors de la compétition ma note fut en deuxième rang de l’esquadron et on dit que j’avais fait mouche. Tous les autres furent stupéfaits, mais pas moi. Ce chaud rayon d’amour et d’assurance demeura en moi et me remplit de gratitude envers Dieu.
