Betty, la sœur de Robert, avait trois ans de moins que lui. Grand-papa, le père de maman, vint habiter avec la famille après la naissance de Betty. Maman disait de lui qu’il était un baby-sitter fait sur mesure.
Lorsque Betty commença à aller à l’école, il était évident qu’elle était la préférée de grand-papa. Souvent, quand elle faisait quelque chose qui n’était pas bien, Robert en recevait le blâme. Pour taquiner Robert, elle faisait parfois semblant qu’il lui avait fait mal pour que grand-papa le gronde.
Ce n’était pas drôle pour Robert. Il voulait bien que grand-papa aime Betty plus que lui, mais il ne trouvait pas juste qu’il s’en prenne à lui.
Il se sentit persécuté et cela continuait. Cela n’aidait pas beaucoup que maman et papa disent que grand-papa n’avait pas vraiment l’intention d’être injuste. Robert voulait que la persécution cesse.
Maman alors rappela à Robert comment Jésus et ses apôtres avaient été persécutés. Et ils n’avaient rien fait de mal non plus. Elle lut à Robert un passage du Sermon sur la Montagne de Christ Jésus, qui comprend cette béatitude: « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! » Matth. 5:10; Robert connaissait déjà cette béatitude par cœur; il l’avait apprise à l’École du Dimanche de la Science Chrétienne. Mais comment la persécution pouvait-elle amener une bénédiction ?
La béatitude dit que si vous ne permettez pas à la persécution de vous atteindre, c’est-à-dire, si vous ne vous apitoyez pas sur vous-même, et si vous ne vous détournez pas du bien, vous aurez le royaume des cieux.
« N’ai pas besoin du royaume des cieux », murmura Robert à sa mère.
« Bien sûr que tu en as besoin — nous en avons tous besoin. Regarde dans Science et Santé ce que Mrs. Eddy dit dans le Glossaire au sujet du “Royaume des Cieux” ».
Robert ouvrit le livre et lut les quelques premiers mots: « Royaume Des Cieux. Le règne de l’harmonie dans la Science divine. » Science et Santé, p. 590;
« N’avons-nous pas besoin d’harmonie dans cette famille ? Nous sommes séparés par ce sentiment de persécution. Sais-tu ce qu’est réellement la persécution ? C’est la croyance que n’importe quel enfant de Dieu peut être injuste ou la victime de l’injustice. C’est un mensonge comme l’est aussi la croyance que Dieu aime l’un plus que l’autre. C’est un mensonge, et un mensonge est arrêté par la Vérité. »
Mais Robert n’écouta qu’à moitié. Il n’avait pas envie de commencer à mettre sa propre pensée en ordre. C’était à grand-papa de changer la sienne, pensait Robert.
Mais Robert dut changer sa pensée après tout. Une plaie se développa sous son talon et lui faisait mal, de sorte qu’il boitait. Tout d’abord la famille pensa que c’était dû à ses nouvelles chaussures, mais la plaie lui faisait de plus en plus mal en dépit de ce qu’il portait. Papa reppela à Robert ce que maman avait dit au sujet du mensonge de la persécution. L’homme ne peut pas être une victime, physiquement ou mentalement.
Sur la croix, Jésus avait dit: « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Luc 23:34. Robert avait à pardonner lui-même. Puis grand-papa partit en voyage. Cela donna à Robert l’occasion de vraiment songer à lui-même et à Dieu et à grand-papa.
Il comprenait qu’il devait pardonner à grand-papa, lui pardonner vraiment. Il commença à prier un peu comme ceci: Dieu est Amour, et la colère ne fait pas partie de l’Amour. J’aime grand-papa et il m’aime. J’aime Betty et elle m’aime. Elle ne voudrait pas me faire du mal. Il n’y a rien qui puisse faire croire à grand-papa qu’il l’aime plus qu’il ne m’aime. Nous ne pouvons penser que les pensées d’amour que Dieu nous donne à penser.
C’était vraiment pardonner et Robert eut un sentiment complètement nouveau envers grand-papa.
Quelques semaines plus tard, quand la famille était en voyage et qu’elle se trouvait dans un motel, Robert s’assit sur le bord de sa couchette supérieure en balançant les pieds. « Hé, maman, appela-t-il, regarde mon pied ! »
Elle regarda. La plaie était guérie sans cicatrice. Mais, à sa grande joie, Robert avait quelque chose de plus à lui montrer. « Et regarde cela ! » dit-il en agitant la main devant ses yeux. Une verrue qui était sur sa main depuis près d’un an avait aussi disparu. Quel bonheur ! Quelle bénédiction !
Mais la vraie bénédiction, c’était la croissance par laquelle Robert avait dû passer. Elle les aida tous. Grand-papa aussi avait progressé. L’amour et le pardon avaient béni tout le monde.
