Chère Martine,
L'autre soir, chez tes parents, lors de cet agréable moment en famille, tu as contesté vigoureusement la condition de la femme dans la société humaine et l'inégalité établie dès l'enfance entre filles et garçons. Tu as aussi déploré la situation des jeunes et celle des malheureux de tout âge dans cette société.
Je t'ai d'abord, sans résultat, présenté des raisons d'espérer: le lent progrès de l'humanité, l'effort sincère des hommes et des femmes de bonne volonté. Puis j'ai cessé de te répondre, tâchant d'abord de mieux comprendre ta protestation.
Il m'est alors apparu que cette révolte grandissante, qui se manifeste sous des formes variées, est l'une des preuves du progrès continuel du sentiment humain de justice. La soumission, considérée il n'y a pas si longtemps comme le sort normal des femmes, est sentie de plus en plus de nos jours comme une injustice insoutenable. La Science Chrétienne, dont je suis un adepte et qui fut découverte et établie au siècle dernier par une femme de la Nouvelle-Angleterre, Mary Baker Eddy, va dans le même sens que ta protestation, mais fondamentalement beaucoup plus loin encore.
Mrs. Eddy contesta non seulement l'injustice dans la société de son époque et le sort qu'elle réservait tant aux hommes qu'aux femmes, mais aussi les croyances religieuses générales très strictes. Elle n'admettait comme réelle et inéluctable aucune des formes du mal. Pour elle, la justice la plus haute, ou le bien, était Dieu Lui-même; et ce Dieu, c'était le Principe divin, l'Amour. Elle discerna la nature infinie de l'Esprit, dans laquelle l'homme créé par Dieu est entièrement spirituel, complet, reflétant toutes les qualités masculines et féminines idéales, ce qui met un terme à l'antagonisme supposé entre l'homme et la femme et leur donne un but commun.
Tu me diras peut-être: « C'est là une belle théorie, mais en quoi pourrait-elle servir à résoudre nos problèmes et ceux de la société ? »
La Science Chrétienne ouvre un chemin vers l'harmonie. Elle nous demande d'être sélectif pour ce que nous acceptons comme vrai et bon, de reconnaître la fausseté de certaines informations et l'exactitude des autres. Elle place dans la première catégorie celles qui ne sont soutenues que par la croyance, la tradition ou le témoignage des cinq sens matériels; dans la seconde, celles qui résultent d'un discernement spirituel profond — un discernement inhérent à chacun de nous — de ce qui est entièrement juste, bon, intelligent. En Science Chrétienne, cette faculté se nomme «sens spirituel ». Dans son livre Science et Santé, Mrs. Eddy écrit: « Le sens spirituel est le discernement du bien spirituel. » Science et Santé, p. 505 ;
D'une part — par le sens spirituel — tu es consciente de la légitimité du bien, et d'autre part — par les sens matériels — tu vois le mal manifesté dans le monde. Ta révolte est le résultat de l'incompatibilité absolue entre ces deux façons de connaître; et tu trouveras la paix, le bonheur, la solution pratique des problèmes que tu rencontres dans la mesure où tu comprendras la vérité du sens spirituel et la fausseté des sens matériels, par lesquels nous sont présentés l'imperfection et toutes les formes du mal.
Parce que la plupart des gens, quand ils pensent « je », inconsciemment à la matière (leur corps physique), il leur semble difficile de contester la validité des sens matériels; mais l'effort constant pour être meilleur, plus honnête, plus désintéressé, plus aimant, développe le sens spirituel et amoindrit l'importance du témoignage des sens matériels jusqu'à ce que le bien remplace le mal dans notre existence. Dans cet effort, Mrs. Eddy nous engage à nous révolter, mais cette révolte doit être dirigée non contre les autres ni contre la vie, mais contre le mal, contre la prétention qu'ont les sens matériels de nous mettre en rapport avec la réalité.
Je sais bien que des générations passées ont chargé le mot « Dieu » d'un sens que tu ne peux accepter et c'est pour cela que tu te considères comme athée. Cependant sois certaine que la vraie signification de ce terme peut être expliquée logiquement. En Science Chrétienne, il signifie, entre autres, l'Esprit, la Vie, la Vérité et l'Amour. Jésus comprenait absolument la réalité et la totalité de l'Esprit, la puissance du Christ, et cela lui donna la domination sur toutes les calamités: la maladie, la pénurie, le mal et même la mort. Il est le modèle que nous devrions suivre, et nous pouvons le suivre dans la mesure de notre compréhension spirituelle. L'apôtre Paul déclara: « Ce sont des choses que l'œil n'a point vues, que l'oreille l'a point entendues, et qui ne sont point montées au cœur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment. Dieu nous les a révélées par l'Esprit. Car l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. » I Cor. 2:9, 10.
Elles te seront révélées, à toi aussi, tandis que tu continues à rechercher tout ce qui est vrai et bon.
Avec toute mon affection,
