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L'APORTRE MISSIONNAIRE, LA CONTINUITÉ DE LA BIBLE — PAUL

[Série d'articles destinés à montrer comment le Christ, la Vérité, fut progressivement révélé dans la Bible.]

Tarse, capitale de la Cilicie

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne d’août 1975


La ville de Tarse, où Paul a passé son enfance, occupait dans le monde méditerranéen une position stratégique.

A quelques kilomètres à l'intérieur du pays se trouvent les Portes de Cilicie, passage étroit qu'on doit obligatoirement emprunter pour franchir les chaînes du Taurus. A l'ouest de ce défilé se trouvent Éphèse, Corinthe, d'autres cités encore, importantes dans le monde gréco-romain. Au sud et à l'est s'étendait le monde sémitique, la Syrie avec Damas, la Palestine avec Jérusalem. C'est ainsi que Tarse verrouillait ce passage, à la frontière de deux puissantes civilisations, entre un monde dont le grec était la langue maternelle, et un monde où c'était l'hébreu ou l'araméen. Combien il était naturel qu'à Tarse se rencontrent et se fondent la langue de l'Ancien Testament et celle du Nouveau ! Ce n'est certainement pas par pure coïncidence que Tarse fut la ville de Paul, lui qui a fait plus que tout autre auteur chrétien pour présenter au monde des païens le vrai génie des Écritures juives.

Cité avant tout grecque avec une population s'élevant peut-être à une centaine de milliers d'habitants dont un grand nombre devaient être Juifs, Tarse était aussi la capitale d'une province romaine. Elle pouvait donc recevoir le triple bénéfice des civilisations grecque, juive et romaine. Il n'est pas étonnant que Paul ait déclaré avec fierté être « citoyen d'une ville qui n'est pas sans importance » (Actes 21:39).

On peut retrouver constamment les effets conjugués de ces trois influences à travers la vie et l'œuvre de l'apôtre. Il était à la fois un pharisien, strict et zélé, et un citoyen romain, mais élevé dans une ambiance grecque, alors qu'il allait devenir par-dessus tout un ardent partisan du christianisme et son plus grand apôtre missionnaire. Voilà une affirmation qui soulève bien des interrogations. Comment se fait-il qu'un pharisien ait été un citoyen romain ? Quelle influence eut sur sa carrière le fait d'être citoyen romain ? Dans quelle mesure Paul reçut-il une éducation grecque ? Un chrétien pouvait-il être en même temps pharisien ?

Paul affirmait être citoyen romain de naissance, mais il ne ressort pas clairement du texte biblique comment il a bien pu en être ainsi. Tarse était connue pour une ville libre, possédant ses propres lois et magistrats; donc le fait de naître à Tarse ne conférait pas à lui seul la citoyenneté romaine. Il se peut que le père ou le grand-père de Paul ait reçu cet honneur héréditaire en reconnaissance de quelque service rendu à un haut fonctionnaire romain. Ou bien il se peut que le père de Paul ait acquis ce droit moyennant paiement, comme le centurion mentionné dans les Actes des Apôtres (22:28). Ou bien encore les ancêtres de Paul auraient été compris parmi des captifs juifs pris au cours de plusieurs guerres; par la suite ils auraient été libérés et faits citoyens romains.

Cela représentait une haute distinction, et impliquait certains privilèges: l'exemption de châtiments tels que la crucifixion et le fouet, le droit d'en appeler à l'empereur. Toutefois Paul lui-même montre que ses droits de citoyen romain furent violés dans huit circonstances différentes avant qu'il n'exerce son privilège d'en appeler à César, car nous lisons: « Cinq fois j'ai reçu des Juifs quarante coups moins un, trois fois j'ai été battu de verges » (voir II Cor. 11:24, 25).

Cela peut s'expliquer par le fait que les autorités romaines auraient pu faire preuve, même vis-à-vis de leurs propres citoyens, soit de négligence soit de corruption, tandis que les autorités juives tendaient à ne pas tenir compte de l'immunité de droit du citoyen romain lorsque celui-ci était Juif et qu'il était un délinquant sous leur juridiction. Mais on pourrait aussi bien en conclure que Paul avait de la réticence à exciper en présence des Juifs de ses privilèges spéciaux de Romain, sauf en cas d'absolue nécessité comme ce fut le cas lorsque ses compatriotes exigèrent sa mise à mort (voir Actes 22:22, 25).

On ne doit pas en inférer qu'en qualité de Juif il avait honte d'être citoyen romain. Il semble bien qu'il n'ait pas été plus déloyal au premier siècle de la part d'un Juif, même pharisien, d'accepter un tel honneur que pour un Juif d'aujourd'hui d'être citoyen d'un pays quelconque. La citoyenneté romaine de Paul n'était aucunement contradictoire avec sa fière revendication de la plus pure ascendance juive (voir Phil. 3:5).

Puisque l'apôtre était citoyen de Tarse aussi bien que de l'Empire romain, on est tout naturellement conduit à étudier l'influence qu'ont pu exercer sur lui la pensée et les mœurs grecques; car en dépit de sa situation de capitale d'une province romaine, Tarse restait fondamentalement une cité grecque. Il fallait bien que Paul occupât une situation sociale assez en vue, car un écrivain de l'époque remarque que la majorité des Tarsiens ne jouissaient pas de la citoyenneté.

Tarse avait été un certain temps le centre d'une importante école de philosophie et le siège d'une université. Le géographe Strabon dit que ses habitants « avaient dans leur zèle à ce sujet [la philosophie] surpassé Athènes, Alexandrie, et toute autre cité dont on pourrait faire mention ». Que cette affirmation soit ou non exagérée, il est certain que Tarse était une cité aussi brillante sur le plan intellectuel qu'elle était riche, et que c'était un centre de dimension internationale.

Dans cette grande cité aux marchés actifs et aux écoles renommées, où Paul passa ses premières années, il eût été bien étrange que la culture grecque n'ait pas laissé une marque quelconque, même s'il s'agissait du fils d'un pharisien. Il avait dû apprendre très tôt le grec, aussi bien que l'araméen et l'hébreu parlés par son peuple (voir Actes 21:37–40). Ses épîtres seront plus tard rédigées en grec, et c'est dans la version grecque des Septante qu'il citera les Écritures. Mais on peut inférer du style de ses épîtres et des allusions qu'elles renferment, qu'il n'a selon toute vraisemblance pas pénétré à fond la littérature ni la philosophie grecques.

Quand nous lisons dans les Actes (17:28) que l'apôtre dit aux Athéniens: « C'est ce qu'ont dit aussi quelques-uns de vos poètes: Nous sommes de sa race », il cite un philosophe et poète grec bien plus ancien, Aratus, qui a pu faire ses études à Tarse, car il était né dans la ville voisine de Soli.

Dans l'épître à Tite se trouve une autre citation d'un poète de langue grecque, Épiménide, originaire de Crète (voir 1:12). Mais les cas où Paul cite des écrivains séculiers — ou bien ceux qu'on lui attribue — sont négligeables, comparés à ses nombreuses citations de l'Ancien Testament. Il semble que la culture classique ait eu sur lui une influence restreinte.

Les premiers chapitres de la Première Épître aux Corinthiens donnent même à penser qu'il supportait difficilement l'enseignement compliqué et pédant dispensé par les écoles, tel qu'il aura pu l'entendre commenter par ses voisins de Tarse. Il semblerait que plus il en entendait parler, moins il l'appréciait, car ainsi qu'il l'écrivit aux gens de Corinthe (2:4), il n'était pas venu avec « les discours persuasifs de la sagesse ». Ce sont les Grecs, dit-il, (voir 1:20–22) qui cherchent la sagesse, mais « Dieu n'a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? »

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