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Un entretien avec le pianiste de concert: Malcolm Frager (1re partie)

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne d’avril 1975


est reconnu comme l’un des premiers pianistes de concert du monde. C’est un remarquable technicien dont le jeu équilibré et dynamique est d’une extraordinaire netteté; il a été acclamé par la critique en Europe, en Union soviétique, au Japon, en Australie et à travers l’Amérique du Nord et du Sud pour son interprétation audacieuse, bien que profondément sensible, des compositeurs classiques. A l’époque où M. Frager faisait ses débuts avec le Boston Symphony Orchestra en 1963, un critique musical éminent a stupéfait ses lecteurs en disant que l’interprétation du pianiste était « tout simplement immorale ». Harold C. Schonberg, dans son article du New York Times, expliquait ensuite qu’il « était tout simplement immoral pour un pianiste de faire en sorte qu’une œuvre aussi difficile (le Concerto n° 2 pour piano de Prokofiev) paraisse si facile. »

En 1959, quand il gagna le prix Leventritt, le concours musical le plus important d’Amérique, et peu de temps après le célèbre concours international de piano de la reine Elisabeth de Belgique, les experts furent impressionnés autant par la pondération dont il fit preuve que par les qualités du virtuose qu’on pressentait en lui. « Alors que d’autres s’agitaient dans les coulisses, dit un journal, M. Frager se retirait seul dans une pièce où il éteignait la lumière et restait assis dans l’obscurité. Plus tard, il expliqua: “Je pensais à la musique.” »

M. Frager ne reste pas toujours assis dans l’obscurité avant d’entrer en scène, mais étudiant sincère de la Science Chrétienne ayant suivi le cours d’instruction, il se prépare avant chaque concert en priant sincèrement.

La question qui m’est venue à l’esprit dans cette pièce obscure et à laquelle je réfléchis maintenant avant chaque concert est la suivante: « Quelle est exactement la responsabilité qui m’incombe lorsque je joue ? » Et la réponse en est: « Ma responsabilité consiste à écouter et à savoir que l’Entendement divin, Dieu, est le pouvoir à la base de toute exécution. L’Entendement est en réalité le seul exécutant, qui exprime l’action harmonieuse à travers son idée, l’homme.

Je ne veux pas dire par là que la Science Chrétienne est une sorte de magie qui vous permet de faire une chose pour laquelle vous n’avez pas été préparé. L’étude de la Science Chrétienne ne transforme pas un individu en un célèbre concertiste, si ce n’est pas là son talent. Mais s’il possède un réel talent, la Science Chrétienne l’aidera à le développer, en le guidant à chaque instant, en lui donnant un sens plus grand de confiance et d’autorité, en l’aidant à surmonter la crainte, les inhibitions et les frustrations. Car la Science Chrétienne lui révèle la source véritable de son talent — Dieu. Mrs. Eddy nous dit: « Dieu répond de la mission de ceux qu’Il a oints. Ceux qui ne connaissent d’autre volonté que la Sienne prennent Sa main, et des ténèbres Il les conduit à la lumière. » Miscellaneous Writings, p. 347; Comprendre cela nous permet de progresser en toute confiance, de faire face sans crainte aux pressions du monde et de maintenir des normes auxquelles nous croyons véritablement.

Dites-nous comment vous avez réussi à le prouver.

Eh bien, il y eut une période dans ma carrière où les choses ne semblaient pas très faciles. Je participai à plusieurs concours de piano, non sans toutefois éprouver une certaine anxiété, et les résultats n’étaient pas toujours ce qu’ils auraient pu être. Je n’avais pas d’engagements et je ne gagnais rien; pourtant ce que je désirais le plus au monde, c’était jouer en public. C’est ce que je voulais toujours faire depuis l’âge de quatre ou cinq ans. Je me souviens qu’un jour je me suis rendu compte que j’avais un réel talent et que puisque Dieu est la source de tout ce qui est bon, je pouvais donc être sûr que la loi de Dieu assurerait le développement de ce talent, d’une façon ou d’une autre. J’étais convaincu que Dieu prenait soin de ma carrière, tout comme Il le fait pour chacun de nous. Peu de temps après, j’eus l’occasion de participer à différents concours aux États-Unis et en Europe, les résultats furent très favorables et me permirent de commencer à jouer très souvent en public.

Je découvris que, pour progresser, je devais faire face spécifiquement à la crainte de la concurrence. Il me fallait acquérir une compréhension plus claire du fait que l’univers de Dieu est infiniment individuel et que nul ne peut prendre la place d’un autre; que le travail que Dieu a confié à chacun de nous nous appartient individuellement. Même quand vous regardez l’univers matériel qui vous entoure, vous voyez que chaque chose est individuelle. Il n’existe pas deux feuilles d’arbre, deux brins d’herbe, ou deux flocons de neige qui soient exactement identiques. Ceci est d’autant plus vrai en ce qui concerne l’expression la plus élevée que Dieu a de Lui-même, l’homme spirituel.

Quelle était votre attitude mentale vis-à-vis des autres concurrents ?

Je savais que je n’étais pas en concurrence avec quelqu’un, mais seulement avec la façon dont j’avais joué précédemment. En d’autres termes, je ne m’efforçais pas d’obtenir quelque chose que quelqu’un d’autre s’efforçait d’obtenir. Vous savez, si Dieu est le bien infini, alors chacun a sa part. Il n’y a pas simplement un petit peu de bien pour lequel nous devons tous nous battre. C’est là le sens du mot infini: assez pour tous. Mrs. Eddy dit: « Il faut que les mortels gravitent vers Dieu, que leurs affections et leurs desseins se spiritualisent, — il faut qu’ils abordent les interprétations plus larges de l’être, et qu’ils gagnent un sens plus juste de l’infini, — afin de se dépouiller du péché et de la mortalité. » Science et Santé, p. 265; Ceci est particulièrement utile pour les musiciens, qui craignent souvent de ne pas avoir assez de concerts, assez d’engagements. Tout le monde vous dit toujours qu’il est très difficile de gagner sa vie en étant musicien.

Christ Jésus a dit : « Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père ? » Luc 2:49; Quelle que soit notre activité, que nous jouiions devant un public ou que nous exercions un métier quelconque, si ce que nous faisons se fonde sur des valeurs véritables et si la tâche est accomplie avec intégrité, nous pouvons savoir, chaque jour, que nous nous occupons des affaires de notre Père, et que Dieu, l’Entendement infini, en prend soin. Je crois que celui qui fait ce qu’il aime vraiment faire, qui est assez honnête pour écouter les directives divines et prêt à faire ce que Dieu lui dit de faire — et non pas ce qu’il a lui-même projeté humainement — peut être assuré qu’il ne travaille pas en vain.

Vous avez mentionné le problème de la crainte. Comment y avez-vous fait face?

Après avoir décidé de participer au concours de la reine Elisabeth de Belgique, j’éprouvai de grandes craintes. J’allai même jusqu’à écrire une lettre annonçant ma décision de me retirer du concours. Mais avant de l’expédier, je m’entretins avec un praticien de la Science Chrétienne qui me dit : « Vous savez, la chose la plus importante n’est pas d’aller en Belgique ou de rester ici. La chose importante, c’est que votre décision ne soit pas fondée sur la crainte. » J’acceptai ce raisonnement. Je savais que j’aurais la réponse, et elle me vint quelques jours plus tard, alors que je lisais The Christian Science Journal. Un des articles relatait l’histoire de Samuel, à qui Dieu disait d’aller choisir un nouveau roi en Israël. voir I Sam. 16:1–3; Samuel, craignant pour sa vie, ne voulait pas se charger de cette mission. Il reçut cet ordre: « Remplis ta corne d’huile, et va. » Je sentis que j’avais là ma réponse.

Je passai les trois mois suivants à préparer non seulement les œuvres que je devais jouer, mais à me préparer moi-même. Je me mis à étudier tout spécialement la définition du mot « huile » que nous donne le Glossaire de Science et Santé: « Consécration; charité; douceur; prière; inspiration céleste. » Science et Santé, p. 592; J’étudiai tout ce que je pouvais trouver dans la Bible et les écrits de Mrs. Eddy à propos de ces qualités particulières, parce que je savais que ce qui comptait, c’était non pas simplement le fait d’aller là-bas et de participer au concours, mais que c’était aussi l’attitude mentale que j’emportais avec moi.

Bruxelles ressemblait à une fosse aux lions, tout le monde était très énervé, tout le monde voulait remporter le premier prix. Mais je réussis à comprendre que le seul prix véritable, celui « de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ », Phil. 3:14; qui consiste à s’occuper des affaires de notre Père, peut être remporté par tous, sans distinction. Un cantique dans l’Hymnaire de la Science Chrétienne dit que notre prix est « la joie d’avoir accompli un travail parfait ».Hymnaire, n° 93;

Avant d’entrer en scène le jour des auditions finales, je lus le poème de Mrs. Eddy, « Christ, mon refuge », qui débute par ces mots:

Harpe muette, mon esprit
Attend le son,
Suave, pur, et d’où jaillit
La guérison.ibid., n° 253;

Il me vint à l’esprit que le son dont parle Mrs. Eddy est véritablement la mélodie du Christ qui vient à l’humanité et dit: « Silence ! tais-toi ! » Marc 4:39. En entrant en scène, je ressentis une grande paix. Je n’avais pas l’ombre d’une crainte.

Etre inquiet, c’est simplement éprouver une forme de crainte. En général nous avons peur quand nous sommes inquiets de ce que les autres vont penser de nous. Mais quand nous en arrivons au point où nous savons que nous avons quelque chose à partager avec le public, et où nous ne sommes pas obsédés par la question de savoir si le public appréciera ou non — quand nous sentons vraiment que nous donnons quelque chose, quand nous n’espérons pas simplement que le public sera satisfait — alors nous sommes sans crainte. Et quand nous sommes sans crainte, nous ne pouvons pas être inquiets.

Si nous voulons jouer sans contrainte, il est important de jouer sans crainte. L’étude de la Science Chrétienne m’a aidé à y parvenir, à acquérir un plus grand sentiment de liberté. Elle m’a appris à mieux comprendre Dieu et à voir que Dieu, l’Entendement infini, est véritablement le seul exécutant.

[Première de deux parties. Dans le Héraut du mois prochain, M. Frager parlera d’interprétation musicale, de mémorisation et de la façon dont on peut faire face à l’adulation personnelle.]

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