La porte de service se ferma avec bruit et Denise entra en courant dans la cuisine. « Maman, Maman ! sanglota-t-elle, regarde mon affiche. » Elle jeta sur la table de la cuisine un morceau de papier sale et déchiré.
« Robert, de nouveau ? » questionna Maman.
Denise aquiesça de la tête. « C'était l'une des meilleures affiches de toute la classe, et il l'a complètement abîmée. » Des larmes coulaient le long de ses joues. « C'est un sale garnement ! Il est méchant et je le déteste. »
Maman mit une tartine devant Denise. Elles se trouvaient vraiment devant un problème à résoudre. Ce grand garçon d'une autre école s'était mis à chercher querelle à Denise quand elle rentrait de l'école. Depuis plusieurs semaines, il avait complètement abîmé ses travaux d'école. Une fois, il l'avait fait tomber du trottoir dans la boue et avait déchiré sa jaquette.
« Chérie, dit Maman tranquillement, nous étions d'accord de résoudre ce problème en Science Chrétienne, n'est-ce pas ? »
« Mais, Maman, j'ai essayé, dit Denise. Chaque fois que je vois Robert venir vers moi, je me dis en moi- même qu'il est l'enfant parfait de Dieu. Mais il me déteste, tout simplement. Et je ne sais pas pourquoi. »
Maman répondit pensivement: « Tu sais, Christ Jésus n'a jamais demandé pourquoi quelqu'un avait une maladie, n'est-ce pas ? Et nous n'allons pas perdre notre temps à nous demander pourquoi Robert agit de cette façon. Nous nous attachons peut-être à quelque pensée que nous devrions changer complètement. »
« Par exemple ? »
« Eh bien, que dit la Bible sur la façon dont Dieu a créé l'homme ? »
Denise réfléchit un moment. « A l'École du Dimanche, nous avons lu que Dieu créa l'homme à Son image. » Voir Gen. 1:27;
« C'est juste, acquiesça Maman, et cet homme est-il un homme qui hait ou qui est haï ? »
« Non, je ne pense pas » dit Denise, puis elle ajouta rapidement: « Mais ce qui est certain, c'est que je déteste ce que Robert fait. »
« Personne ne s'attend à ce que tu aimes les mauvaises actions, chérie. Mais les mauvaises actions ne font pas l'homme, n'est-ce pas ? »
Denise secoua la tête. « Que puis-je faire, Maman ? » demanda-t-elle désespérément.
Maman demeura silencieuse. Denise savait qu'elle écoutait la réponse que Dieu, l'Entendement divin, allait lui donner. Tout à coup, la maman sourit: « Mais, nous n'avons qu'à obéir à l'ordre que Dieu nous donne. »
Denise sursauta. «L'ordre de Dieu ? »
« Oui. L'un des Dix Commandements nous dit: “Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.” Ex. 20:16; Sais-tu, chérie, ce que veut dire “porter faux témoignage” ? »
« Oh oui, répondit Denise immédiatement, j'ai vu un programme à la TV, dans lequel un homme était à la barre des témoins au tribunal et il décrivait quelqu'un et quelle sorte de personne c'était. Puis un autre témoin raconta ce que ladite personne avait fait. Un témoin doit jurer de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Mais quelquefois, un témoin dit un mensonge, et c'est contraire à la loi. » Denise s'arrêta. « Oh, mais je commence à comprendre. La personne qui ment porte un “faux témoignage” n'est-ce pas, Maman ? »
« Exactement, acquiesça Maman. Maintenant, quand nous savons que Robert est l'enfant parfait de Dieu et qu'ensuite nous disons qu'il est un vilain garnement, que faisons-nous ? »
Denise, étonnée, ouvrit de grands yeux. Elle dit presque dans un murmure: « Alors, je porte faux témoignage contre Robert. J'agis à l'encontre de la loi — tout au moins de la loi divine. »
Puis la maman lui posa une autre question qui la surprit encore davantage. « As-tu porté un faux témoignage contre toi-même également ? »
« Contre moi-même ? » répéta-t-elle.
« Certainement. Ne t'es-tu pas considérée comme une petite fille effrayée, en dehors de la protection et de la sollicitude de Dieu ? Il est tout aussi important que tu saches la vérité à ton sujet qu'au sujet de Robert, la vérité que tu es l'enfant de Dieu, aimante, aimée et en sécurité. »
« Je ne pensais pas à moi de cette façon. Tu sais, je viens justement de penser à ces lignes de Mrs. Eddy: “Revêtu de la panoplie de l'Amour, vous êtes à l'abri de la haine humaine.” Science et Santé, p. 571. Je vais m'envelopper dans la cuirasse de l'Amour ! »
« Bien ! Et souviens-toi, Denise, que tu es tout à fait hors de portée de la haine, qu'il s'agisse de la pensée des autres ou de la tienne. »
Quelques jours plus tard, Robert déchira à nouveau un des devoirs de Denise, mais cette fois Denise ne courut pas à la maison en pleurant. Et elle ne répéta pas simplement des paroles de Vérité. Elle essaya de toute sa force de vraiment savoir que Robert et elle-même étaient tous deux enveloppés dans l'amour de Dieu. Deux semaines plus tard, environ, lorsque Robert vit Denise, il ne lui chipa pas ses papiers et ne la bouscula pas. Il la regarda et dit simplement d'un ton bourru: « Salut, gamine. »
Un jour, Denise entra en courant dans la maison, brandissant une affiche en riant. « Heh, Maman, devine ! Tu sais, Willy, l'ami de Robert ? Eh bien, il voulait attraper mon affiche, et Robert l'en a empêché. Il lui a dit sur un ton qui n'admettait pas de réplique: “Laisse-la. C'est mon amie.” Willy l'a fixé dans les yeux et moi aussi. Qu'est-ce que tu dis de cela, Maman ? »
Maman rit. « Je pense que vous portez tous deux un témoignage véridique, maintenant. »