Betty a toujours beaucoup aimé aller à l'école et souvent le matin elle se précipitait hors de la maison pour pouvoir jouer avec ses petites camarades avant la classe. Mais depuis quelques semaines elle quittait la maison de plus en plus tard et dernièrement elle arrivait même après la sonnerie.
Et un soir, dans son lit, après que Maman eut dit avec elle la Prière du Seigneur, elle se mit à pleurer. Elle n'avait pas dit à Maman ce qui se passait; il lui semblait en effet qu'elle était assez grande pour résoudre elle-même le problème par la prière, en se servant des vérités qu'elle avait apprises à l'École du Dimanche. Elle avait essayé, mais sans résultat.
« Mais pourquoi mes prières ne sont-elles pas exaucées ? » dit-elle en sanglotant.
« Qu'est-ce qui ne va pas, ma chérie ? » demanda Maman.
« Tu sais, Diane, la nouvelle dans ma classe cette année ? Eh bien, je ne sais pas pourquoi, mais elle me déteste, elle tourne toutes les autres contre moi. Je sais que je ne cours pas très vite et que je ne suis pas très forte au ballon. Ce n'est pas comme Diane, elle est très forte et elle a commencé à raconter aux autres qu'elle ne voulait pas jouer dans leur équipe si on me permettait de jouer. Elle est vraiment rapide et résistante, tout le monde la veut dans l'équipe, si bien que petit à petit personne ne veut plus me laisser jouer.
« J'ai prié pour la voir comme l'enfant parfaite de Dieu. J'ai vraiment fait de mon mieux pour l'aimer. Mais les choses au contraire n'ont fait qu'empirer, et j'ai laissé tout le monde tranquille. »
« Il faudrait peut-être que Diane sache que tu fais très bien d'autres choses, dit Maman. Tu nages bien et tu patines bien. Et est-ce qu'elle sait que tu aimes bien écrire des histoires et des poèmes ? »
« Elle l'a bien découvert, grogna Betty. L'autre jour, la maîtresse m'a fait lire un poème en classe, et à la récréation, chaque fois qu'elle me voyait, Diane s'écriait: “Regardez-moi cette poule mouillée ! Elle écrit des poèmes ! Mais pourquoi ne retournes-tu pas chez ta mère ?” Et aujourd'hui, elle a dit à Lili que j'avais dit de vilaines choses à son sujet et maintenant Lili ne veut plus me parler non plus. Je ne retournerai plus jamais à l'école. »
Maman prit Betty dans ses bras. Calmement elle s'assit tendant l'oreille pour recevoir de Dieu l'idée juste à partager avec sa fille. « Betty, dit-elle finalement, Christ Jésus a enseigné à ses disciples comment prier. Chaque soir, nous disons sa prière et nous savons que la Prière du Seigneur guérit vraiment. Pensons pour un instant à la phrase qui dit: “Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien.” » Matth. 6:11;
« Ce n'est pas de pain dont j'ai besoin, dit Betty d'un air dégoûté; il me faut des amies. »
« Bien sûr, tu as besoin d'amies, approuva Maman, lisons donc l'explication que Mrs. Eddy a donnée de cette phrase: “ Donne-nous Ta grâce pour aujourd'hui; rassasie les affections affamées.” Science et Santé, p. 17. Quand nous exprimons de la “grâce”, nous faisons ce qui plaît à Dieu. »
« Pourtant, répondit Betty, j'ai vraiment prié et j'ai tout fait pour être gentille avec elle. »
« Tu as très bien fait, mais de toute évidence, il faut faire quelque chose de plus. Tu sais, le restant de la phrase dit ceci: “Rassasie les affections affamées.” »
Betty leva la tête. « Tu n'as pas besoin de m'expliquer ça, Maman. “Affamé” veut dire qui a extrêmement faim et je suis si affamée d'amitié que je n'en peux pour ainsi dire plus ! »
Maman sourit. « Voilà bien une faim qui sera bientôt rassasiée. “Notre pain quotidien” ça ne veut pas simplement dire quelque chose à manger. Cela peut signifier n'importe quoi qui semble nous manquer dans l'existence. Tu ne peux pas manquer d'amies. Personne ne peut être privé de l'amour de Dieu. Dieu rassasie toujours les “affections affamées” de chacun. »
Alors Betty a prié pour savoir que les affections de chacun étaient rassasiées.
Une semaine après, elle se précipitait toute radieuse dans la cuisine et demandait sans reprendre son souffle: « Tu sais ce qui est arrivé à la récréation ? » et avant que Maman ait eu le temps de répondre, elle reprit: « Eh bien, Diane s'est excusée d'avoir agi ainsi avec moi et elle m'a demandé de jouer ! »