Nous sommes enclins à personnaliser nos facultés, nos capacités et nos apparentes incapacités. Nous parlons de « ma vue », « mon ouïe », « ma capacité » de faire ceci ou cela. Beaucoup trop souvent, de telles expressions sont employées dans un sens négatif. Nous entendons dire: « Mon ouïe est défectueuse », « Ma mémoire n'est pas ce qu'elle était », ou peut-être: « Ma vue est en train de baisser ! »
Si nous acceptons la prémisse que la vue, l'ouïe, la mémoire ou toute autre faculté nous appartiennent personnellement, qu'elles sont fondées sur la matière et sujettes aux limitations de la matière, nous ouvrons mentalement la porte à la conclusion que ces facultés peuvent se détériorer ou se perdre. Si, d'autre part, nous nous considérons comme l'expression individualisée de Dieu, nous voyons chaque faculté comme l'expression individualisée d'un attribut de Dieu, lequel ne peut pas plus être perdu que Dieu ne peut être annihilé.
Mrs. Eddy écrit: « L'homme brille d'une lumière empruntée. » Rétrospection et Introspection, p. 57; En Science Chrétienne, on comprend que l'homme est le reflet de Dieu. Il n'est jamais l'origine. Il n'est jamais la source d'une pensée, d'une qualité ou d'une capacité quelconques. Tout ce qu'il a lui est accordé par Dieu, et cela est, par conséquent, parfait et permanent. De même que « l'homme brille d'une lumière empruntée », il voit, par exemple, d'une vue empruntée.
Nous acceptons volontiers le fait que le soleil continue de briller même lorsque le ciel est couvert et que nous ne pouvons voir distinctement les rayons de la lumière réfléchie. En Science Chrétienne, nous pouvons ressentir l'assurance que l'homme, le reflet de Dieu, demeure continuellement dans la perfection immuable de Dieu.
Dans Science et Santé de Mrs. Eddy, nous lisons: « L'univers reflète et exprime la substance divine ou Entendement; il s'ensuit que Dieu se voit seulement dans l'univers spirituel et dans l'homme spirituel, ainsi que le soleil se voit dans le rayon de lumière qui émane de lui. » Science et Santé, p. 300; Nous n'éprouvons aucune difficulté à accepter le fait que les rayons du soleil expriment nécessairement la nature du soleil. Pourquoi trouverions-nous difficile de saisir et de démontrer la complète identification de l'homme avec son Créateur ?
L'homme réel, spirituel, est la manifestation de Dieu. Il n'a pas d'existence en dehors de Dieu. Spécifiquement, il n'a pas d'intelligence, de vue, d'ouïe, de mémoire, ni aucune faculté que ce soit, en dehors de Dieu. Cette complète dépendance à l'égard de Dieu amoindrit-elle l'individualité de l'homme ou son importance dans le grand ordre des choses ? En aucune façon. En tant que reflet de Dieu, l'homme a une gloire et une stabilité qu'il ne pourrait jamais s'arroger de lui-même.
Mais l'entendement charnel, qui prétend être l'entendement des hommes et affirme son existence dans la croyance à la vie et à l'intelligence dans la matière, n'abandonne que lentement son sens d'une personnalité matérielle en dehors de Dieu. Paradoxalement, cela peut prendre la forme d'un sentiment exagéré de sa propre importance ou du sentiment désabusé que l'on ne vaut pas grand-chose.
La volonté personnelle, l'amour de soi, la propre justification, la glorification du moi demandent tous à grands cris à être reconnus, et plaident en faveur d'une existence dans laquelle l'homme mortel est un créateur et agit de son propre chef, comptant sur ses facultés et capacités personnelles, et indépendant à l'égard de la Divinité. La Science Chrétienne éveille notre attention sur ces arrogantes prétentions de l'entendement mortel et sur la nécessité de les nier.
D'autre part, la théologie surannée caractérise l'homme en tant que misérable pécheur. « Voici, je suis né dans l'iniquité, et ma mère m'a conçu dans le péché », Ps. 51:7; tel est le concept de l'homme mortel qu'entretient le Psalmiste. La Science Chrétienne fait une distinction bien nette entre cette croyance à un homme mortel pécheur et la vérité de l'homme spirituel réel, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu et décrit dans le récit spirituel de la création au premier chapitre de la Genèse.
Le livre des Psaumes reconnaît également ce concept plus élevé de l'homme: « Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ?... Tu l'as fait de peu inférieur à Dieu, et tu l'as couronné de gloire et de magnificence. » Ps. 8:5, 6; C'est là l'homme que reconnaît la Science Chrétienne, lequel possède des sens et des capacités spirituels et infinis. Toutefois, il se peut que des vestiges des anciennes croyances, se cachant sous le manteau de l'humilité, nous empêchent de revendiquer avec assurance notre propre perfection en tant qu'image de Dieu. Peut-être un sentiment d'indignité fondé sur un concept fini, erroné, de la nature de l'homme, nous retientil de nous identifier sans réserve à notre Père-Mère Dieu.
Lorsque Christ Jésus, répondant aux questions insistantes du souverain sacrificateur qui le harcelait, déclara qu'il était en vérité « le Fils du Dieu béni », le sacrificateur déchira ses vêtements et dit: « Vous avez entendu le blasphème. » Marc 14:61, 64; Ce genre de pensée que nous impose l'entendement charnel, empêcherait aujourd'hui nombre de personnes de revendiquer leur véritable filialité avec Dieu et de reconnaître pleinement leur unité avec Dieu. Bien des gens ont besoin d'écarter la croyance que l'homme est sous la dépendance du péché, que ses facultés sont défectueuses et dégénérescentes et qu'il est assujetti à la maladie et à la mort. Il leur faut voir que leur véritable individualité spirituelle est l'expression infaillible et complète de Dieu, le bien infini.
Hésitons-nous à déclarer que l'homme est essentiel à Dieu, de même que Dieu est essentiel à l'homme ? Mrs. Eddy l'énonce sans équivoque: « Séparé de l'homme, qui exprime l'Ame, l'Esprit serait une non-entité; l'homme, divorcé de l'Esprit, perdrait son entité. Mais il n'y a pas, il ne saurait y avoir, une telle séparation, car l'homme coexiste avec Dieu. » Science et Santé, p. 477.
Reconnaissant et acceptant la coexistence de l'homme avec Dieu, nous sommes en mesure de démontrer les implications pratiques de cette relation. Nous pouvons regarder audelà des limitations et des discordances de l'existence humaine jusqu'aux faits véritables de l'existence spirituelle de l'homme. Nous pouvons regarder au-delà des sens physiques, au-delà des organes matériels de la vue et de l'ouïe jusqu'aux sens de l'Ame, la perception et le discernement spirituels qui reflètent Dieu. Peut-on perdre ces derniers ? Peuventils être détruits ou diminués par l'âge, les accidents ou la maladie ? Non, pas tant que Dieu subsiste.
Cela ne veut pas dire qu'on doive ignorer les facultés humaines ou les rejeter, mais les améliorer en les plaçant dans la perspective spirituelle qui convient. La Science Chrétienne enseigne que la matière n'est pas autre chose que l'état objectif de l'entendement mortel. A mesure que notre penser s'approche davantage de la conscience divine, la manifestation physique devient plus harmonieuse. Par exemple, la vue parfaite est l'effet de la véritable perception spirituelle. Nos sens et nos capacités réels sont l'expression de l'Esprit, l'Entendement qui voit tout, qui entend tout et qui est tout action. Ils ne sont pas « à moi », « à vous » ou « à nous », sauf par réflexion. Ils appartiennent à Dieu.