L'individu moyen est enclin à penser que le terme « moral » se rapporte simplement à la capacité de distinguer entre ce qui est bien et ce qui est mal, particulièrement en ce qui touche à la conduite sexuelle. Mais l'un des sujets les plus passionnants auxquels on puisse se consacrer dans l'étude de la Science Chrétienne, c'est le développement de la force morale. Ses possibilités sont infinies. De plus, si l'on fait des recherches dans la Bible et les écrits de Mary Baker Eddy au moyen des Concordances, le fait que la force morale est fondamentale devient rapidement évident. Elle est un préalable à l'accomplissement de tout bien que nous désirons, qu'il s'agisse de la santé, des ressources, de meilleures relations humaines, du bonheur véritable ou même de l'amélioration des conditions mondiales.
Cependant, étant donné toute l'attention que l'on concentre aujourd'hui sur les relations conjugales, pré-conjugales, et extraconjugales, l'aspect sexuel de ce sujet de la moralité mérite une recherche réfléchie de la part des Scientistes Chrétiens, bien que ce ne soit pas là tout le problème.
A toutes les époques où se produisent des changements dans le mode de vie, les individus subissent toujours une pression, souvent une grande pression, afin qu'ils définissent à nouveau leurs valeurs, qu'ils ajustent leurs normes aux concepts populaires de façon qu'ils puissent faire ce que font leurs pareils sans éprouver de scrupules de conscience et sans encourir les critiques de ceux que peut-être ils aiment et respectent. Et puis si l'on n'accepte pas promptement cette modification dans l'échelle des valeurs, la seconde pression s'exerce pour que l'on mette en doute ces valeurs. Nos normes sont-elles passées de mode ? Qui dira ce qui est bien et ce qui est mal ? Une feuille de papier appelée acte de mariage a-t-elle une quelconque valeur intrinsèque ?
Il n'y a rien de mal à remettre des choses en question. La Science Chrétienne n'existerait peut-être pas aujourd'hui si, au cours des siècles, des choses n'avaient pas été remises en question. L'erreur est d'opter pour le rationnel plutôt que de persister dans le doute jusqu'à ce que, par la recherche et la prière, on obtienne des réponses solides et satisfaisantes.
C'est là qu'intervient le déroulement des idées. Et rien n'est plus stimulant que de suivre la marche de l'idée morale telle qu'elle se déroule d'un bout à l'autre de la Bible et dans les écrits de Mrs. Eddy.
Il est intéressant de noter que le terme « moral » n'apparaît pas plus dans les Écritures que le terme « immoral ». Mais on peut suivre le conflit qui oppose les deux concepts si l'on étudie des mots tels que « adultère » « dissolution » et « impudicité ».
Dans la Bible, ces termes sont associés à la satisfaction extrême des sens, des appétits, des habitudes coupables, de l'idolâtrie, de la sorcellerie et du culte de Baal, comme ils sont associés à toute soif excessive de matérialité sous quelque forme que ce soit. Lorsque de pareils penchants prédominaient, le peuple souffrait. Il perdait des batailles, était emmené en captivité, connaissait la famine et d'autres malheurs. Il semblait complètement séparé de Dieu. Mais s'il renonçait à ces erreurs, il retrouvait la prospérité. Moïse avait essayé de l'aider en instituant des lois contraignantes. Et tous les prophètes dénoncèrent ces mauvaises pratiques.
Mais c'est Jésus qui éleva radicalement la moralité au-dessus du simple comportement physique et révéla ses aspects spirituels. Ses enseignements font ressortir que ce qui est exigé, c'est la pureté de la pensée, et grâce aux Béatitudes et à leurs bénédictions, nous gagnons quelque idée de ce qu'implique le pouvoir engendré par l'expression des qualités spirituelles et non des qualités matérielles. Toutefois, Jésus donna clairement à entendre qu'il n'était pas venu pour détruire la loi que Moïse avait instituée.
Paul nous donne un plus ample aperçu de la force morale dans son épître aux Romains. Au septième chapitre, on trouve une remarquable analyse de la loi et du combat qui se livre dans l'être humain pour vaincre les suggestions de matérialité, d'animalité. Il déplore la tentative que fait la volonté humaine, la volonté de la chair, pour maintenir les gens dans la captivité mortelle, et il voit que la loi mosaïque, bien qu'elle mette en lumière le péché qui, autrement, ne serait pas défini, est incapable en elle-même de mettre un terme au combat. C'est de Dieu Luimême, par le Christ, que doit venir la délivrance. Dans le huitième chapitre, Paul poursuit en s'étendant sur cette délivrance qui est venue pour affranchir complètement du péché, sans même prononcer une condamnation quelconque. « Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. En effet, la loi de l'esprit de vie en Jésus-Christ m'a affranchi de la loi du péché et de la mort. » Rom. 8:1, 2; L'acceptation et l'expression sincères de la nature du Christ annulent toutes les fautes passées.
Si nous avons choisi la Science Chrétienne comme notre style de vie, si nous lui faisons confiance pour répondre à nos besoins et si, au moyen de ses enseignements, nous nous efforçons, tout en progressant, de nous détacher des limites matérielles pour atteindre à une plus claire compréhension de notre moi spirituel, il nous faut tenir compte de ses directives.
A la page 115 de Science et Santé, Mrs. Eddy nous donne la « Traduction Scientifique de l'Entendement Mortel », et le deuxième degré de cette traduction est décrit comme étant « moral ». Il inclut les qualités suivantes: « humanité, honnêteté, affection, compassion, espérance, foi, humilité, tempérance. »
De même que Jésus, Mrs. Eddy a révélé que la moralité est la norme de la conduite; c'est une condition requise pour atteindre à la spiritualité. Elle l'a portée à un point beaucoup plus élevé qu'un simple choix à faire entre le bien et le mal. C'est notre style de vie. De plus, Mrs. Eddy insiste continuellement sur le fait que, sans les qualités morales, nous ne pouvons espérer que nos prières seront exaucées ou que nos besoins recevront satisfaction. « Pour guérir une infirmité physique, il faudrait tenir compte de chaque loi morale qui aura été violée, et l'erreur devrait être réprouvée. » Science et Santé, p. 392;
Grâce à notre étude de ce sujet, nous commençons à voir que tout le pouvoir que nous exprimons est à la mesure de notre bonté. Ce pouvoir opère par la loi, la loi morale. Il devient évident que tout ce que nous avons, tout ce que nous espérons accomplir dépend de notre adhésion à cette loi.
Mais le déroulement ne s'arrête pas là. Par une étude plus approfondie de la Bible et des écrits de Mrs. Eddy, nous comprenons ce que Paul vit — savoir que la véritable impulsion morale est une force qui a son origine dans l'Esprit. « La loi de Dieu est la loi de l'Esprit, une force morale et spirituelle de l'Entendement immortel et divin »,Miscellaneous Writings, p. 257. ainsi que l'exprime Mrs. Eddy.
Le pouvoir moral apparaît dans cette compréhension. Il est dépouillé de toute connotation physique. Il est de consistance spirituelle, c'est une force de l'Entendement divin. Ce n'est pas quelque chose que les humains s'efforcent d'atteindre en luttant. Ce n'est pas une vertu personnelle que l'on acquiert par choix. C'est une force spirituelle qui opère en nous et dans le monde. C'est le moyen par lequel le mal pourra finalement être vaincu et éliminé. Et parce que la force morale appartient à l'Entendement, elle est réfléchie par notre identité spirituelle. Elle fait partie de ce dont nous sommes réellement constitués. Et il nous faut entretenir et chérir toute évidence de cette force dans notre nature humaine.
Et maintenant, quelle application peut-on faire de tout cela à notre situation présente ? Comment cela répond-il aux questions posées précédemment ? Nos normes ne sont-elles pas passées de mode ? Qui dira ce qui est bien et ce qui est mal ? Une feuille de papier appelée acte de mariage a-t-elle une quelconque valeur intrinsèque ?
Nous savons qu'une compréhension de notre identité spirituelle gouverne et modèle notre existence humaine et tout ce qui nous arrive. Si nous avons pour but d'exprimer une mesure de plus en plus grande de ce moi réel, alors nos efforts doivent tendre à voir cette existence humaine de moins en moins dominée par la matérialité avec tous ses instincts et toutes ses suggestions.
Ce but élevé est clairement énoncé dans Science et Santé. Tout comme ce livre nous dit qu'il n'y a pas de maladie ni de mort, même si nous ne l'avons pas encore prouvé, de même il nous dit aussi que le mariage symbolise l'unité spirituelle et que l'unique but de l'acte sexuel est la génération. Mais le caractère de son enseignement n'est pas absolu au point d'exclure le besoin humain, la reconnaissance du fait que nous n'avons pas tous atteint ces buts ultimes. Il nous exhorte à travailler pour les atteindre en dominant les impulsions matérielles et en niant les prétentions de la matière, à continuer de nous élever spirituellement grâce à la force morale.
Quant à ce que nous devrions faire ou ne pas faire, les réponses se trouvent dans la Bible et dans les écrits de Mrs. Eddy. N'en ressort-il pas clairement que jusqu'à la réalisation de la prophétie biblique selon laquelle on ne se mariera pas et l'on ne sera pas donné en mariage, la Science Chrétienne restera en faveur de l'état conjugal ? Elle soutient la loi qui interdit les rapports sexuels avant le mariage ou en dehors du mariage de même que l'homosexualité. Elle reconnaît que le mariage est le moyen légal de protéger et de sauvegarder les droits des deux conjoints qui ont choisi d'unir leur existence ici-bas. Elle insiste pour que les vœux échangés au cours de la cérémonie du mariage soient revêtus du sens le plus élevé de l'amour et de l'honneur. Alors l'obéissance sera libération; la contrainte, la liberté; et l'amour du bien — de la moralité — pouvoir et domination.
