Si la véritable humilité est présente dans le cœur de l'homme d'affaires, de la secrétaire, de l'artisan, de la mère de famille — dans le cœur de chacun de nous, partout, en toutes circonstances — elle apportera le bonheur.
Tout bien provient de Dieu, l'Amour, le seul créateur. C'est Lui qui a mis en mouvement éternel et parfait toutes les manifestations individualisées du bien. Pourtant le sens personnel — un sens matériel, erroné, d'existence — voudrait attribuer le bien qui est en nous à notre mérite propre, indépendamment de Dieu. C'est ce qui explique que nous pouvons nous sentir blessés lorsque nos pensées les meilleures ne semblent pas bien accueillies, ou qu'elles demeurent apparemment ignorées.
Si nous réalisons que c'est Dieu qui crée toute perfection et qui est l'origine de toute manifestation de perfection, y compris les sentiments bons, purs et justes qui s'élèvent en notre cœur, alors cette véritable humilité fait taire tout orgueil de mérite personnel auquel il se peut que nous nous accorchions, refuse au sens matériel d'existence la moindre prétention à la réalité, et nous fait nous tourner tout naturellement vers Dieu, la source des pensées belles et justes.
Le raisonnement mortel, basé sur un sens fini, personnel, des choses, et sur le témoignage superficiel momentané des sens physiques, est incapable de nous aider à comprendre les véritables faits spirituels de l'être. Le plus haut degré d'humilité, qui reconnaît la perfection infinie de la création divine, y compris notre véritable identité, l'image et la ressemblance spirituelles de Dieu, est la qualité première qui réduit au silence le sens personnel et qui, doucement, ouvre notre porte du côté du ciel. Mrs. Eddy nous donne cette définition du « ciel » dans le livre d'étude de la Science Chrétienne, Science et Santé: « Harmonie; le règne de l'Esprit; gouvernement du Principe divin; spiritualité; félicité; l'atmosphère de l'Ame. »Science et Santé, p. 587;
Lorsque nous sommes blessés dans nos sentiments par le manque d'accueil rèservè par autrui à nos bonnes pensées, nous pouvons être sûrs que le sens personnel des choses nous a dupés. C'est ce sens erroné, trop souvent pris pour notre propre pensée, qui aura pu ainsi nous faire réagir, parce qu'il ne peut supporter les critiques adverses.
Si l'humilité sincère n'est pas encore intervenue dans notre conscience pour démasquer, à ce stade, puis détruire le sens personnel qu'impose l'erreur, le mal, c'est alors la propre justification qui entre en scène: seconde réaction à la première. La propre justification est l'argumentation du sens matériel pour chercher à se légitimer et à perpétuer ses sentiments blessés. La volonté personnelle vient encore par-dessus, aggravant la situation.
Mais la vraie humilité peut venir à notre secours pour nous faire voir que le sens matériel illusoire de la vie ne saurait véritablement résister à l'établissement du bien durable. Cette humilité fait baisser la pression, diminuer la tension, taire le sens personnel, fait revenir en nous le calme pour nous faire nous souvenir que Dieu, de qui nous sommes, en qui nous sommes, et pour qui nous sommes, a déjà tout raisonné pour chacune de Ses idées. « Dieu vit tout ce qu'il avait fait, dit le livre de la Genèse, et voici, cela était très bon. » Gen. 1:31;
Lorsque la résistance du sens mortel de la vie (ce sens qui s'imagine seul possible et concevable, bien que tournant délibérément le dos à Dieu) nous a bien fatigués et bein abusés, l'humilité peut nous rappeler que Dieu est Tout-en-tout et qu'Il est le bien. L'homme réel est l'image, le reflet de Dieu. L'homme spirituel est créé par Dieu pour manifester Sa nature éternellement parfaite. L'humilité nous montre que notre vie manifeste Dieu qui est Vie, que l'amour que nous exprimons et dont nous nous sentons capables émane de l'Amour divin, que la vérité dont nous prenons conscience et que nous voulons servir provient de la Vérité divine.
La vraie humilité peut chasser le doute et la crainte — ces deux larrons qui rôdent toujours ensemble — lorsqu'ils sont temporairement logés dans notre pensée. Il y a quelque temps, j'avais laissé un doute germer et prendre place dans ma pensée quant à la capacité et à la bonne volonté d'une amie de pouvoir remplir toutes les conditions d'un contrat passé avec elle. La conclusion de cet accord avait été reconnue entièrement bonne et juste. Ayant exprimé ce doute par une remarque négative, je provoquai une profonde déception et une réaction: la rupture du contrat.
Profondément troublé, je me tournai vers Dieu en appelant à mon secours toutes les vérités que la Science Chrétienne nous enseigne relativement à Dieu et à notre relation à Lui, qui est inchangée. Grâce à l'humilité, je pus faire un examen de conscience très approfondi et déceler l'erreur à sa racine. J'avais admis qu'il pouvait exister un cas particulier dans lequel le pouvoir divin ne suffirait pas et qu'il faudrait que je m'en mêle. J'avais laissé le raisonnement matériel l'emporter sur le spirituel.
Heureusement, tout cela n'avait guère plus de réalité qu'un mauvais rêve. La vérité, une fois bien rétablie dans ma conscience, fit disparaître complètement la raison que j'avais pourtant estimée suffisante pour justifier le doute exprimé à cette amie. Je vis qu'une telle raison avait été imaginée de toutes pièces par le raisonnement matériel. « L'entendement mortel voit ce qu'il croit aussi certainement qu'il croit ce qu'il voit » Science et Santé, p. 86; comme nous le lisons dans Science et Santé.
Le contrat — et l'harmonie — furent aussitôt rétablis !
L'entendement mortel, par le sens personnel, voudrait nous faire admettre que nous sommes limités dans nos moyens d'expression, nos facultés de compréhension, notre capacité de travail, nos ressources, notre santé, notre disponibilité pour le bien, notre bonne disposition à nous tourner avec intérêt et affection vers notre prochain, notre aptitude à nous adresser à Dieu, notre capacité de prier et de guérir. Ou encore — ce qui est tout aussi faux et nuisible — c'est notre prochain que le sens personnel voudrait ainsi limiter dans notre propre pensée, si nous ne nous protégeons pas par un travail mental soutenu pour chasser l'erreur matérielle et faire place à Dieu dans notre conscience.
L'humilité n'a rien à voir avec un complexe d'infériorité. Le sens d'infériorité voudrait nous limiter à l'extrême en toutes choses. L'humilité véritable reconnaît que tout nous vient de Dieu et que tout est bon. Elle nous amène à comprendre que nous sommes réellement enfants de Dieu, ici-même et maintenant, et qu'à ce titre nous pouvons revendiquer notre perfection divine légitime et y participer. Le sens spirituel d'humilité nous permet de purifier notre propre pensée, plutôt que de nous occuper de « la paille qui est dans l'œil de [notre] frère ». Luc 6:41; Lorsque ce travail est bien fait, notre pensée s'harmonise avec le Christ, la Vérité, et Dieu Se manifeste en nous.
C'est l'humilité qui ouvre notre cœur à Dieu et qui nous permet de comprendre cette déclaration des Psaumes: « Cherchez ma face. » Ps. 27:8. L'humilité, nous permettant de reconnaître que tout bien nous vient de Dieu, nous amène à désirer ce bien que Dieu nous donne. Nous nous tournons naturellement vers Lui, sans question ni doute.
L'humilité véritable, discernant ce qui existe au-delà des limites matérielles, nous amène à réaliser que nous sommes les enfants de Dieu spirituels et complets. Et cette vision juste, centrée sur l'Amour divin toujours présent, nous apporte l'accomplissement et le bonheur.
