Il y a quelques années le Times de Londres publiait un article très stimulant de John Sparrow, Recteur de l'Université de All Souls, Oxford; il s'élève là contre la tendance actuelle à l'uniformité, à l'inertie, à l'apathie ainsi qu'à l'inclination courante à tout « lâcher » et il souligne le besoin qu'a le monde d'avoir des hommes de caractère et de génie, s'efforçant de parvenir au succès et au progrès.The Times (London), 23 janvier 1971; Deux photos accompagnaient le document en question, l'une représentant une multitude de jeunes se chauffant au soleil, immobiles; l'autre, la même scène, mais avec des iguanes (lézards). Il ne semblait pas y avoir une grande différence entre les deux photos.
Photos et article me mirent face à face avec l'impérieuse nécessité, en ce monde d'aujourd'hui avec ses pressions mesmériques, d'élever la pensée au-dessus du mesmérisme massif du raisonnement matériel, de l'apathie morale et de l'indifférence mentale, d'élever cette pensée jusqu'à Dieu, l'Entendement divin, l'intelligence active omniprésente. Je vis la nécessité de revendiquer avec confiance, pour soi-même et pour les autres, la sagesse, l'amour et la capacité qu'a l'Entendement infini de nous montrer avec une clarté toujours croissante l'identité dont l'homme est divinement doué, son individualité essentielle. En fait, de révéler le génie, la capacité et la valeur intrinsèque de l'homme.
La Science Chrétienne fait ressortir l'importance de comprendre l'unité de l'homme avec Dieu, ainsi que le caractère particulier de la nature spirituelle de l'homme. Il faut récuser toute croyance en l'absorption ou en la perte de cette identité, puisqu'elle contredit la compréhension que l'on a de Dieu et de l'homme et qu'elle priverait ce dernier de sa dignité et de sa confiance.
Mrs. Eddy déclare nettement dans Science et Santé: « L'homme n'est pas absorbé en Dieu, et l'homme ne peut perdre son individualité, car il reflète la Vie éternelle. » Science et Santé, p. 259; L'homme ne peut donc être absorbé en aucune suggestion de médiocrité que ce soit; il est spirituel, essentiellement distinct, individuel et fait partie intégrante de la totalité de Dieu. Reflétant la Vie et l'Amour, nous voyons ces qualités de Vie et d'Amour chez ceux que nous rencontrons et ceux-ci voient en nous les qualités de Vie et d'Amour, car comme le dit Mrs. Eddy: « Dieu n'est révélé que dans ce qui reflète la Vie, la Vérité, l'Amour, — dans ce qui manifeste les attributs et la puissance de Dieu, de même que la ressemblance humaine projetée sur le miroir, reproduit la couleur, la forme et l'action de la personne devant le miroir. » ibid., p. 300;
Ceux qui obéissent à Christ Jésus et suivent ses enseignements ne se laisseront pas leurrer par des suggestions de masse. Sachant vers quoi se tourner pour recevoir aide, direction ou réconfort, ils ne sont pas perplexes. Pour eux, Dieu est réel. Grâce au sens spirituel, ils perçoivent les réalités divines et reconnaissent des possibilités qui échappent au sens matériel. Ils ne se laissent pas mesmériser à l'inaction et à l'inertie par les croyances limitatives et restrictives du matérialisme.
La question est celle-ci: Comment Dieu peut-il devenir pour nous une force tout aussi réelle, tout aussi stimulante ? Il se peut qu'avec notre recherche de Dieu, de quelque pouvoir divin qui nous soutienne, nous ne tenions pas compte de l'homme. Pourtant nous lisons dans le livre d'étude, Science et Santé: « Les capacités humaines s'étendent et se perfectionnent dans la mesure où l'humanité gagne la vraie conception de l'homme et de Dieu.» ibid., p. 258; Dieu se révèle à travers le concept spirituel de l'homme. Lorsque nous reconnaissons les qualités de Dieu qui nous entourent dans la vie journalière, Dieu nous devient réel et accessible.
Un jeune étudiant désirait sincèrement consacrer sa vie au travail de guérison en Science Chrétienne et prendre sa place dans la pratique publique. Chaque matin il s'éveillait tôt pour étudier la Bible et le livre d'étude de la Science Chrétienne et ensuite allait suivre ses cours dans une grande université. A la fin de chaque journée il se hâtait de rentrer pour continuer son étude de la Science Chrétienne. Il s'entretint avec un praticien expérimenté de l'ambition qui l'animait, donnant l'impression qu'il lui fallait en quelque sorte subir les heures écoulées entre son étude du matin et du soir jusqu'à ce qu'il pût à nouveau s'y adonner.
Le praticien lui demanda à quel moment il mettait effectivement en pratique toutes les connaissances qu'il avait accumulées, à quel moment dans ses contacts journaliers il mettait sa connaissance de Dieu à l'épreuve. Il était en train d'apprendre à connaître Dieu et l'homme, mais quand donc voyait-il Dieu en action et pouvait-il être conscient de Sa présence ?
Dieu peut être compris et reconnu en tant que pouvoir divin et présence curative grâce aux qualités divines que les hommes expriment entre eux dans la vie quotidienne, aussi bien dans la bousculade que dans les moments plus calmes. Jacob dit à Ésaü: « J'ai regardé ta face comme on regarde la face de Dieu, et tu m'as accueilli favorablement.» Gen. 33:10; Il est bon de voir Dieu se réfléchir clairement en chacun et ainsi de s'entraider et d'être satisfaits les uns des autres. Connaître Dieu selon la lettre n'est pas suffisant; pour que cette connaissance soit sûre et satisfaisante, nous devons également L'exprimer et Le voir exprimé partout.
Pour le chrétien, les commandements les plus importants sont d'aimer Dieu suprêmement et son prochain comme soi-même, comme le demandait Christ Jésus. Ceci exige de notre part que nous adoptions vis-à-vis de chacun de nos semblables une attitude pleine d'égards et bien particulière suivant le cas devant lequel nous sommes placés. Les problèmes et les difficultés qui demandent de notre part que nous manifestions amour et compréhension envers nos prochains sont trop personnels et divers pour être résolus au moyen de réponses stéréotypées. Chacun est différent, et la plupart des problèmes, bien qu'apparemment universels, sont distincts et différents aux yeux de ceux qui s'y attaquent. Une pensée consacrée et un réel sentiment de sollicitude sont nécessaires en vue d'arriver, pour d'autres, aux mêmes résultats positifs que nous souhaiterions avoir pour nous-mêmes.
Jésus aimait son prochain; pour lui, le monde entier se composait de prochains. Descendant de la montagne après la transfiguration, il ne se retrancha pas dans un isolement superbe mental et physique; il mettait toujours en pratique et démontrait la vérité divine qu'il connaissait.
Il se mêlait au peuple et coudoyait les foules. Partout où il passait, il effectuait des guérisons. Il montrait par là qu'au milieu de ces humains malades, pauvres, en détresse, il existait un pouvoir divin que l'on pouvait ressentir et comprendre sous forme d'une présence curative. Lorsque la femme atteinte d'une perte de sang s'avança vers lui en quête du Christ guérisseur et que, sur son passage, elle toucha le bord de son vêtement, elle fut guérie sur-le-champ. De toute évidence il avait perçu son besoin et il répondit à son appel silencieux en ces mots: « Qui m'a touché?... Quelqu'un m'a touché, car j'ai connu qu'une force était sortie de moi.» Luc 8:45, 46.
Combien il est nécessaire d'être conscient que la vérité que nous acceptons et l'amour qui nous est révélé dans la Bible, grâce à la Science Chrétienne, peuvent être rendus pratiques, peuvent être démontrés dans la vie quotidienne ! C'est dans la pratique et la démonstration que notre individualité spirituelle devient plus évidente, que notre nature est enrichie et que nous sommes à même de rendre de plus grands services aux autres.
Tout en cheminant, en nous mêlant aux foules, soyons prompts à reconnaître la manifestation de Dieu en ceux qui nous entourent et dans les différentes circonstances auxquelles nous faisons face. Soyons sensibles à l'appel silencieux de ceux qui soupirent après une foi démontrable, ressentons-le et soyons prêts à répondre à leurs besoins. Prier pour suivre l'exemple de Jésus et guérir par la Vérité tandis que nous cheminons, ce n'est pas être présomptueux.
Le monde demande à grands cris la guérison. Dans notre ferme désir de connaître, ressentir et voir toujours davantage Dieu et l'homme réel, nous pouvons en vérité exprimer la Vie qui est Dieu — refléter l'Entendement qui est Dieu et vivre l'Amour qui est Dieu.
